tag:blogger.com,1999:blog-69617065370407073992024-03-05T21:45:40.475+01:00Les feuilles volantesLe blog de Lou Darsan. Critiques, lectures, photographies, correspondances, feuilles volantes.
Littérature, essais & poésie.Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.comBlogger72125tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-23446649953358290032019-09-09T19:42:00.001+02:002019-09-09T19:42:47.139+02:00Le Bruit des tuiles, Thomas Giraud.<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: firebrick;">« C’est le bruit qui l’a réveillé, léger irrégulier, celui de l’espace qui se rétractait dans le sable, le bruit du froid qui tassait et comprimait. »</span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: firebrick;">« Ici, au Texas, rien de tout ça. Les animaux, en dehors des oiseaux et des sauterelles, on ne les voit pas, il y a peu d’arbres, et leurs gestes raides, presque invisibles, ici, on ne les devine même pas. Les saisons arrivent sans prévenir. Sans arbres, rien dans le paysage ne les distingue. »</span></blockquote>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-k0YLsuJbux8/XXaIrN06ssI/AAAAAAAACOE/aLv32Qcwp5gLuNlqsmE5hGveeNXixhlcwCLcBGAs/s1600/A%2BTexas%2BEden%252C%2BLanda%2527s%2BPark%252C%2BNew%2BBraunfels%252C%2BTexas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="A Texas Eden, Landa's Park, New Braunfels, Texas." border="0" data-original-height="393" data-original-width="760" height="330" src="https://1.bp.blogspot.com/-k0YLsuJbux8/XXaIrN06ssI/AAAAAAAACOE/aLv32Qcwp5gLuNlqsmE5hGveeNXixhlcwCLcBGAs/s640/A%2BTexas%2BEden%252C%2BLanda%2527s%2BPark%252C%2BNew%2BBraunfels%252C%2BTexas.jpg" title="A Texas Eden, Landa's Park, New Braunfels, Texas." width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">"A Texas Eden, Landa's Park, New Braunfels, Texas." 1900. </td></tr>
</tbody></table>
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Quelque chose, dans l’écriture de Thomas Giraud, tient décidément du rythme de la marche : un pas vif et l’œil qui prend le temps de se poser sur ce qui l’entoure, une forme de patience empreinte d’une sensibilité aux nuances des êtres et des paysages, aux intonations et aux inclinaisons, aux variations, aux détails qui composent un tableau ou un caractère. <br />
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<i>Le Bruit des tuiles</i> s’ouvre sur de très belles premières pages, un entr’aperçu des ruines d’une communauté dans une nature hostile : le printemps y survient comme une anomalie parmi les restes des maisons, le sable, l’aridité de la terre. Le peu qu’il reste, et le vide. L’on y rencontre une retenue, une douceur, une précision qui laissent apercevoir les profondeurs des êtres — leurs émotions comme la construction de leur pensée — en les effleurant, par des gestes et des tournures délicates qui suffisent pour faire comprendre, pour faire entrevoir, pour révéler. Un flux dans lequel on s’immerge, on se laisse emporter, avec plaisir, et dont on ressort serein et enrichi par l’expérience de ce que l’écriture a opéré : ici, une rencontre avec des hommes désireux de modifier l’existence (la leur, ou celle des autres), de bâtir. <br />
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Le roman retrace et réinvente en partie l’histoire de Réunion, un projet de vie communautaire inspiré des théories de Fourier, établi en 1855 près de Dallas, Texas par des colons et sociétaires français et suisses selon les plans détaillés de Victor Considerant. Des premières réunions publiques — où ce dernier, pour recruter, expose avec une ardeur maîtrisée, avec surtout clarté et minutie, l’idée communautaire, ses règlements, ses perspectives d’avenir qui incluent la taille des carottes et poireaux à venir — jusqu’à la traversée de l’Atlantique et des États-Unis, à l’établissement des premiers bâtiments, aux récoltes trop maigres sur des terres pauvres et poussiéreuses, aux catastrophes naturelles, puis enfin à la désagrégation de Réunion, Thomas Giraud ausculte les mouvements d’âme des hommes. Victor Considerant, le visionnaire idéaliste, et Leroux l’agriculteur qui quitte la ferme familiale, mais aussi les Loubot qui contesteront ou Frick le Suisse, la terre natale dans sa bourse, qui demande « où on mettra nos morts ? ».<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-FHC3-yUgrgA/XXaAyVZr7QI/AAAAAAAACNk/Yd9HEkk7IAAVUswxieKC3N3MO2ZSLeHKwCLcBGAs/s1600/grasshopper-devastation.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Sauterelles, USA" border="0" data-original-height="287" data-original-width="824" height="222" src="https://1.bp.blogspot.com/-FHC3-yUgrgA/XXaAyVZr7QI/AAAAAAAACNk/Yd9HEkk7IAAVUswxieKC3N3MO2ZSLeHKwCLcBGAs/s640/grasshopper-devastation.jpg" title="Sauterelles, USA" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Invasion de sauterelles dans le Dust Bowl.</td></tr>
</tbody></table>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: firebrick;">« Il faudrait pouvoir modifier un peu les sols et les paysages pour les rendre plus conformes à ce qu’il a écrit dessiné récité, car sur le dessin tout est à sa place, équilibré et rationnel : Réunion est une belle architecture de papier qui fonctionne déjà à plein régime. Alors que là, avec la terre, le sable, un peu d’herbe, vraiment pas beaucoup […], des écarts se glissent […]. Ses dessins, il faudrait que, même si ça lui déplaît, il les ajuste pour tenir compte de la réalité. Pas l’inverse. »</span></blockquote>
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Il y a ce qui échappe, déjà, dès la traversée. Le corps de Considerant qui résiste, qui refuse la mer, le roulis. Les hommes qui parlent et projettent sans lui. Cela sort du papier, de la précision, des calculs. Les mensonges de Leroux, les histoires inventées pour expliquer le départ, et ce qu’il laisse derrière, c’est-à-dire tout sauf quelques semences. Que ce soit Considerant ou Leroux, il y a un refus de l’inéluctable : refus d’envisager l’échec pour Considerant, refus de la vie de labeur des parents, de la menace de l’année à venir, de la répétition du présent, pour Leroux. Quand le premier glisse vers une forme de folie, qui prend la forme d’une volonté absolue de ne pas voir, de ne pas accepter la discordance entre ses plans et le réel, une obsession presque maladive pour le « bruit des tuiles », c’est-à-dire l’effondrement de ce dont les fondations sont branlantes, le second « décide qu’il continuera à boire aux mensonges d’ici, plus reposants, il n’aura que lui à penser s’occuper faire avec. À peine le présent et presque rien sur le futur. » De la dévastation des plantations par les sauterelles, l’on retiendra la poésie et l’attente de la catastrophe, quand on sait que tout est fichu mais qu’on attend quelque chose d’irrémédiable pour le constater. Un quelque chose qui n’est pas le même pour tout le monde : les départs s’échelonnent. Il y a Celui-là, qui reste parce qu’il est mort, et Leroux qui reste car il ne sait pas pourquoi partir.<br />
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<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: firebrick;">« Il y a les bruits des tasses en fer blanc, l’odeur du café. Tout n’est pas si mal. »</span></blockquote>
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L’histoire est déjà écrite : l’idéal, les rêves, l’arrivée des sociétaires, les espoirs, puis l’abandon de Réunion au bout de quelques années. On sait ce qu’on va lire (on croit), une communauté qui n’a pas réussi, les plans, l’échec. Quand on referme le livre, sur une poignée de pages lumineuses et belles comme les premières, on sait déjà que ce n’est pas exactement de ça qu’il s’est agi. Ce qui nous a traversés, qui nous a modifiés, c’est l’intériorité d’hommes. Un fragment, quelque chose de décisif à un moment donné, dont le sens sera d’ailleurs peut-être compris plus tard, ou interprêté, détourné — Considerant, de retour en France, qui explique, qui justifie a posteriori, qui impute. Il y a quelque chose qui a infléchi la vie et la pensée, une empreinte qui reste. Ce que les hommes ont vu et ce qu’il n’ont pas su ou voulu voir. <br />
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Thomas Giraud ne se livre pas à une leçon sur ce qui fait l’échec ou la réussite d’un projet communautaire, qui sont souvent dus aux particularités de chacun de ces projets et aux particularités des relations qui s’y établissent. — L’on songe quand même à la place de la vie, à l’idée qui émerge de la rencontre plus que de calcul ou de la prévision, à la nécessité de partir de la terre, des végétaux, des animaux, des hommes et de leurs relations présentes et possibles pour bâtir la communauté. — <i>Le Bruit des tuiles</i> nous parle de ce en quoi cette tentative, cette expérience de la communauté peut transformer l’homme : avant, pendant, sûrement après. La trace que cela laisse.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-yCsUVBXYc1o/XXaCwWFAZ5I/AAAAAAAACN4/dhgH999mLLE8ECiYn2t4IZkgkXSyNTXXQCLcBGAs/s1600/Le%2Bbruit%2Bdes%2Btuiles%252C%2Bthomas%2Bgiraud%252C%2Bla%2Bcontre%2Ballee.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le bruit des tuiles, Thomas Giraud, La Contre Allee" border="0" data-original-height="1126" data-original-width="800" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-yCsUVBXYc1o/XXaCwWFAZ5I/AAAAAAAACN4/dhgH999mLLE8ECiYn2t4IZkgkXSyNTXXQCLcBGAs/s640/Le%2Bbruit%2Bdes%2Btuiles%252C%2Bthomas%2Bgiraud%252C%2Bla%2Bcontre%2Ballee.jpg" title="Le bruit des tuiles, Thomas Giraud, La Contre Allee" width="452" /></a></div>
<h4>
<i>Le Bruit des tuiles</i>, Thomas Giraud, La Contre Allée, août 2019.</h4>
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Crédit photo : </div>
<div style="text-align: left;">
A Texas Eden : The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art, Prints and Photographs: Photography Collection, The New York Public Library. (1900). <i>A Texas Eden, Landa's Park, New Braunfels, Texas.</i> Retrieved from<a href="http://digitalcollections.nypl.org/items/510d47e1-b1ba-a3d9-e040-e00a18064a99" target="_blank"> http://digitalcollections.nypl.org/items/510d47e1-b1ba-a3d9-e040-e00a18064a99</a></div>
<div style="text-align: left;">
Les sauterelles : <a href="http://scalar.usc.edu/works/dust-bowl/credits" target="_blank">http://scalar.usc.edu/works/dust-bowl/credits </a></div>
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Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-8927383946239408462019-06-24T18:30:00.000+02:002019-06-25T14:42:40.599+02:00Nomadisme & écriture<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VoKlK0de-XU/XRC535fuR9I/AAAAAAAACJw/VoK_C_eH3hQ-6s2E1EdiVEZvm2--kyy1wCPcBGAYYCw/s1600/Nomadisme%2B-%2BLou%2B%2526%2BEric%2BDarsan%2B-%2B2000.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Nomadime. Grèce. Bosnie-Herzégovine." border="0" data-original-height="1067" data-original-width="1600" height="426" src="https://1.bp.blogspot.com/-VoKlK0de-XU/XRC535fuR9I/AAAAAAAACJw/VoK_C_eH3hQ-6s2E1EdiVEZvm2--kyy1wCPcBGAYYCw/s640/Nomadisme%2B-%2BLou%2B%2526%2BEric%2BDarsan%2B-%2B2000.jpg" title="Nomadime. Grèce. Bosnie-Herzégovine." width="640" /></a></div><br />
<div style="text-align: justify;">Ce mois-ci, cela fait deux ans qu’<span style="background-color: #e8f6f3;"><a href="http://ericdarsan.blogspot.com/">Éric</a></span> et moi sommes nomades. Nomades, c’est-à-dire en mouvements ; nomades : de lieu en lieu — d’espaces en espaces. Les paysages défilent, l’asphalte, les parkings, les plages, les retraites, les visages, toutes les mailles d’un réseau sur lequel danser, un ensemble de joies immenses et de galères moindres, un grand jeu de piste où : suivre les signes, laisser filer le doigt sur la carte (les doigts qui dérapent et traversent les océans, les continents, mais les corps ne suivent pas, pas encore), chercher les réponses aux questions que le mouvement soulève. Dans ce nomadisme qui est nôtre (je l’écris dans presque toutes les lettres que j’envoie) le temps se dilate et se contracte, prend une substance nouvelle, tout en accélérations et suspensions. Nous nous installons dans ce temps du voyage qui est fluide — apprendre à quitter, à fixer sur la rétine, à imprimer en soi les goûts, les odeurs, les détails qui construisent un lieu (matières, sons, substances), à dire au revoir, à sentir le moment du départ après un jour, deux semaines, trois mois parfois.<br />
<br />
L’écriture, sa pratique, se sont modifiées : quelque chose de plus lent, de parfois fulgurant, fractionné par les déplacements, les contingences, les quêtes, la farniente, l’amour. Une écriture modelée par le mouvement autant que par la vie dans la Nature, le contact du sable sous les pieds, les nuits étoilées, les traversées d’interzones ou d’hétérotopies. Moins de critiques littéraires, pour moi (beaucoup de très belles lectures), mais : un roman dont l’écriture s’est à la fois étirée et condensée et qui s’achève presque, quelques textes courts accompagnés de photographies publiés sur les réseaux sociaux que je regroupe dans <span style="background-color: #e8f6f3;"><a href="https://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.com/p/journal.html" target="_blank">Instantanés</a></span> (et quelques articles photographiques publiés dans <span style="background-color: #e8f6f3;"><a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.com/search/label/Regard" target="_blank">Regard</a></span>), quelques enregistrements audio et vidéo pas encore édités ni publiés…<br />
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J’ai longtemps hésité avant de parler ici de nomadisme (je ne le fais que brièvement, maladroitement, car il faudrait beaucoup de mots pour circonscrire ou appréhender), il me semble que c’est le moment et que, peut être, aborder ce grand pan de la vie, ce qui aujourd’hui est devenu indissociable de la vie, permettra de mieux partager, de donner un contexte aux mots, aux écrits.<br />
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<h4>Photographies : Lou & Eric Darsan. Laconie, Grèce & plateau de Blindinje, Bosnie-Herzégovine.</h4></div>Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-10037708606239081582018-10-08T10:45:00.000+02:002019-06-25T15:28:11.386+02:00Variations.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-xK9t760r9nw/W7oP28bB1XI/AAAAAAAACDM/euzGcBZLxG8AXEhRNpxt-qRdtXmWder5gCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_-30.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1066" data-original-width="1600" height="426" src="https://2.bp.blogspot.com/-xK9t760r9nw/W7oP28bB1XI/AAAAAAAACDM/euzGcBZLxG8AXEhRNpxt-qRdtXmWder5gCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_-30.jpg" width="640" /></a></div><br />
<div style="text-align: justify;"><h3>Equinoxe : </h3>Hier, ce n’était qu’un groupe flou dans la pénombre, longs cous & têtes noires sur la vasière découverte près du rocher-frontière entre l’estran et le chenal. Et ce matin, les oies bernaches étaient là, pagayant des cercles désordonnés en avance sur novembre. Depuis l’équinoxe, la mer devient froide et les baignades se sont espacées. Une dernière nage pour la pleine lune et la fusion magique de l’étal de marée haute avec le coucher du soleil, dans le silence rose de la nuit qui tombe presque, puis l’eau n’a plus dépassé la moitié des cuisses, à peine les mains, surtout pas le ventre ou les épaules. Avec l’automne, les oiseaux se regroupent : sur la première poche de vase découverte par la marée, ce matin, huit aigrettes et une dizaine d’huîtriers-pies, les râles rauques et les cris aigus, un plongeon de cormoran, et maintenant les aboiements des oies. On a voulu enregistrer, mais un bateau est passé et au loin il y avait les cloches du village, un tracteur, des poules, le coucou au-dessus de nos têtes, tous les passereaux, puis encore un vrombissement de hors-bord. J’ai pensé que la musique de l’embouchure a plusieurs couches, les sons des hommes et ceux des oiseaux mélangés comme la mer et la rivière. L’eau salée l’emporte, et le bruit des pêcheurs. <br />
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Après les oies, la première pluie d’automne est tombée, en rafales du nord-ouest, les îles ont disparu de l’horizon, noyées dans la brume, en voyant la rive opposée l’on pense à un théâtre d’ombres : à peine une silhouette de côte gris foncé sur un ciel gris pâle et en dessous, la mer blanchie, même plus bleue, qui force le passage dans la rivière. Vagues, courant, vent, pluie, dans le même sens, les goélands font face une seconde et virent, en appui sur l’aile droite. La terre était si sèche que la première heure l’eau a roulé sur elle sans la mouiller, cela faisait comme des petits ruisseaux qui coulaient vers la grève, la chatte est rentrée de sa promenade matinale au petit trot vers les couvertures froissées sur le fauteuil qui ont accueilli sa fourrure humide, la tourbe sèche est redevenue spongieuse et dans le champ voisin l’herbe ploie sous les gouttes. Il faudrait écouter les <i>Gymnopédies</i>, puisque octobre s’installe. </div><br />
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<div style="text-align: justify;"><h3>Variations :</h3></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-YMN6Du_J3HU/W7n5tvIaSzI/AAAAAAAACBU/CIN_60PRnmIaDf4RADA-vwzygR-M0t6HgCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_A.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://3.bp.blogspot.com/-YMN6Du_J3HU/W7n5tvIaSzI/AAAAAAAACBU/CIN_60PRnmIaDf4RADA-vwzygR-M0t6HgCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_A.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-8r6RWxsTbhU/W7n5wf0n5jI/AAAAAAAACBY/GEeIfSY3l1YZz-KdciZP2sdhk9iDPU50ACLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_B.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://3.bp.blogspot.com/-8r6RWxsTbhU/W7n5wf0n5jI/AAAAAAAACBY/GEeIfSY3l1YZz-KdciZP2sdhk9iDPU50ACLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_B.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-dGYJbSsO610/W7n5r7wF2QI/AAAAAAAACBQ/JUyBTmxuPE0Z0wZgR5fV60k72-PY25JHACLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_C.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://2.bp.blogspot.com/-dGYJbSsO610/W7n5r7wF2QI/AAAAAAAACBQ/JUyBTmxuPE0Z0wZgR5fV60k72-PY25JHACLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_C.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-MxmnCjIbtUw/W7n5zgFoC6I/AAAAAAAACBc/F1eZfvS2BIwPv69BCNuCFLAheAqQlWTEACLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_D.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="479" data-original-width="1280" height="239" src="https://4.bp.blogspot.com/-MxmnCjIbtUw/W7n5zgFoC6I/AAAAAAAACBc/F1eZfvS2BIwPv69BCNuCFLAheAqQlWTEACLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_D.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-TjyjcI5EAP4/W7n50oMDxbI/AAAAAAAACBg/lESENmThirgom4aW2SEG-T1gmtMy0W0bwCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_E.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="1280" height="213" src="https://2.bp.blogspot.com/-TjyjcI5EAP4/W7n50oMDxbI/AAAAAAAACBg/lESENmThirgom4aW2SEG-T1gmtMy0W0bwCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_E.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-WsQs41SGHr0/W7n6CWv6tzI/AAAAAAAACBw/_FNL6cmZB4EEkgOCmufWTdLaYkd9Fz1UACLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_F.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="1280" height="213" src="https://3.bp.blogspot.com/-WsQs41SGHr0/W7n6CWv6tzI/AAAAAAAACBw/_FNL6cmZB4EEkgOCmufWTdLaYkd9Fz1UACLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_F.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-LG6xlg9ZyNo/W7n6VwrQO8I/AAAAAAAACCA/k_B581QnAj8_N0_wa5VUJruNmzfik3wCACLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_G.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="1280" height="237" src="https://1.bp.blogspot.com/-LG6xlg9ZyNo/W7n6VwrQO8I/AAAAAAAACCA/k_B581QnAj8_N0_wa5VUJruNmzfik3wCACLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_G.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-6X0UvI4F-hc/W7n6eXyFPQI/AAAAAAAACCE/lGoCw1xnCDUoRt5eUBfEC80TepTypj6vgCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_H.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="1280" height="213" src="https://1.bp.blogspot.com/-6X0UvI4F-hc/W7n6eXyFPQI/AAAAAAAACCE/lGoCw1xnCDUoRt5eUBfEC80TepTypj6vgCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_H.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-zeq0cWheWaw/W7n6mwiJUNI/AAAAAAAACCQ/2uHR13I_Q2UDnEhMzA1c7DmKPHSXSiLFQCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_I.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="1280" height="213" src="https://4.bp.blogspot.com/-zeq0cWheWaw/W7n6mwiJUNI/AAAAAAAACCQ/2uHR13I_Q2UDnEhMzA1c7DmKPHSXSiLFQCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_I.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSk-Kqk3h8W8u_vs2cLXmVeBLYjEdsYbrk0NAKIefS9qb6MHlxd_UoLBYJ0vTf3LF1nWsPumApbthdkMOT-nGW4q0nTNwMxKIZmrtipo4Sg9JQpE31l9MAqFUxLEcXbxIReEQLUMrC_ao/s1600/Variations+K+-+Lou+Darsan_J.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSk-Kqk3h8W8u_vs2cLXmVeBLYjEdsYbrk0NAKIefS9qb6MHlxd_UoLBYJ0vTf3LF1nWsPumApbthdkMOT-nGW4q0nTNwMxKIZmrtipo4Sg9JQpE31l9MAqFUxLEcXbxIReEQLUMrC_ao/s640/Variations+K+-+Lou+Darsan_J.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-MaF9aDSXKU4/W7n6t_MicyI/AAAAAAAACCU/fz9Co18iiJARPEdHRRGpVLuUhDvOKhcOgCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_K.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://3.bp.blogspot.com/-MaF9aDSXKU4/W7n6t_MicyI/AAAAAAAACCU/fz9Co18iiJARPEdHRRGpVLuUhDvOKhcOgCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_K.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-keLK6oyFDe4/W7n603jNd-I/AAAAAAAACCc/fZbcIZEsxqkHdAOmTedcHIxmc2R7x5lygCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_L.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://4.bp.blogspot.com/-keLK6oyFDe4/W7n603jNd-I/AAAAAAAACCc/fZbcIZEsxqkHdAOmTedcHIxmc2R7x5lygCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_L.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ptx7bxMUfrc/W7n8vk9OW0I/AAAAAAAACDA/4uH0gpwsB8o2wK4wzX7W2mJar_Osy6OagCEwYBhgL/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_M.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://1.bp.blogspot.com/-ptx7bxMUfrc/W7n8vk9OW0I/AAAAAAAACDA/4uH0gpwsB8o2wK4wzX7W2mJar_Osy6OagCEwYBhgL/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_M.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-ociCO8a5CzI/W7n66_WZ3RI/AAAAAAAACCk/6WSifwWqc-UZtuVWS7iWeL27mENHr08PwCLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_N.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://2.bp.blogspot.com/-ociCO8a5CzI/W7n66_WZ3RI/AAAAAAAACCk/6WSifwWqc-UZtuVWS7iWeL27mENHr08PwCLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_N.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-WxU3-tSSgXc/W7n7A5zf1lI/AAAAAAAACCs/D90F5jMA-6AiWRy0k4Fk3wgJBUGq1PslACLcBGAs/s1600/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_O.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1280" height="240" src="https://1.bp.blogspot.com/-WxU3-tSSgXc/W7n7A5zf1lI/AAAAAAAACCs/D90F5jMA-6AiWRy0k4Fk3wgJBUGq1PslACLcBGAs/s640/Variations%2BK%2B-%2BLou%2BDarsan_O.jpg" width="640" /></a></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><h3 style="text-align: center;">**** </h3><br />
<h4>Photographies : Lou Darsan.</h4></div>Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-4245350290279656722018-06-25T17:16:00.000+02:002019-06-25T17:19:35.317+02:00Herbier du causse<blockquote class="tr_bq">
<b><span style="background-color: #f6ddcc;">Causse</span>, n.m.</b> — 1791 ; mot du Rouergue ¤ bas latin °<i>calcina</i>, de <i>calx</i> « chaux » • <span style="background-color: #f6ddcc;">Plateau calcaire</span>, dans le centre et le sud de la France. <i>Causse du Quercy. Les avens des causses.</i> (Le Petit Robert, 2014.) • Plateau calcaire des régions tempérées, <span style="background-color: #f6ddcc;">entaillé de vallées profondes, les cañons, et portant des formes de relief karstique superficielles</span> (dolines, lapiés). (Larousse, 2018.) • <span style="background-color: #f6ddcc;">Vaste</span> et haut plateau calcaire du centre et du sud-ouest de la France, <span style="background-color: #f6ddcc;">aride</span> et creusé de profondes vallées, offrant de <span style="background-color: #f6ddcc;">maigres pâturages à moutons</span>. (CNRTL) • Selon les régions du monde, la composition du sous-sol ou d'autres critères locaux, les plateaux portent des noms particuliers : <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><b>causse</b>, en France, signifie terrain calcaire en occitan languedocien, et par extension, le français l'utilise au sens de plateau calcaire situé dans le sud Massif central ; <span style="background-color: #f6ddcc;"><b>mesa</b></span> dans les pays de langue espagnole et portugaise. (Wikipedia)</blockquote>
<br />
<br />
<center>
<table><tbody>
<tr> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-WgKypiWonmo/XRIqBFSdYRI/AAAAAAAACK0/3x7y4ctOmaYPJNSEnxlVURcGSWsR10aPgCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252810%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://1.bp.blogspot.com/-WgKypiWonmo/XRIqBFSdYRI/AAAAAAAACK0/3x7y4ctOmaYPJNSEnxlVURcGSWsR10aPgCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252810%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> <td><a href="https://1.bp.blogspot.com/-0dlAWUXa8hQ/XRIqOCJMzII/AAAAAAAACLI/7ianJvTZ_0oHQmKQpaPGmJsBSCmSilWqwCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252816%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://1.bp.blogspot.com/-0dlAWUXa8hQ/XRIqOCJMzII/AAAAAAAACLI/7ianJvTZ_0oHQmKQpaPGmJsBSCmSilWqwCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252816%2529.jpg" width="400" /></a></td> </tr>
<tr align="center"><td colspan="2">Ophrys abeille. <span>Limodore à feuilles avortées</span>.</td></tr>
</tbody></table>
</center>
<br />
<br />
<center>
<table><tbody>
<tr> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-MM8Q8Q5c4b8/XRIqbgg_T6I/AAAAAAAACLk/qVsnPn9egkYoHjn_SVwL18kgHGv7Cbm1wCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25285%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-MM8Q8Q5c4b8/XRIqbgg_T6I/AAAAAAAACLk/qVsnPn9egkYoHjn_SVwL18kgHGv7Cbm1wCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25285%2529.jpg" width="266" /></a></div>
</td> <td><a href="https://1.bp.blogspot.com/-sP1x2-WlD8c/XRIqX8qv_8I/AAAAAAAACLg/g32oZ3DVL807maldEAxjDFJO-QyVu1vXgCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25283%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-sP1x2-WlD8c/XRIqX8qv_8I/AAAAAAAACLg/g32oZ3DVL807maldEAxjDFJO-QyVu1vXgCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25283%2529.jpg" width="266" /></a></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-L6l7xNGJGfY/XRIqVAyXvBI/AAAAAAAACLc/TQVg7XGuz9cJnbRrHvQSwbGfgk77NMctwCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252820%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-L6l7xNGJGfY/XRIqVAyXvBI/AAAAAAAACLc/TQVg7XGuz9cJnbRrHvQSwbGfgk77NMctwCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252820%2529.jpg" width="266" /></a></div>
</td> </tr>
<tr align="center"><td colspan="3"><span>Orchis pyramidal</span>. Fleur non identifiée. Orchis bouc.</td></tr>
</tbody></table>
</center>
<br />
<br />
<center>
<table><tbody>
<tr> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-qoDI-2h_oPU/XRIqFxgTIlI/AAAAAAAACK8/wlMDFiwJ7LUG7d7NOFhvZZ4Qpxo1OF63wCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252811%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://1.bp.blogspot.com/-qoDI-2h_oPU/XRIqFxgTIlI/AAAAAAAACK8/wlMDFiwJ7LUG7d7NOFhvZZ4Qpxo1OF63wCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252811%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-X1YoZPHWm7U/XRIqklNIgSI/AAAAAAAACMA/liEQhc2aJcAUb3I9q1hxwHDBfc64_qOxgCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25289%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://1.bp.blogspot.com/-X1YoZPHWm7U/XRIqklNIgSI/AAAAAAAACMA/liEQhc2aJcAUb3I9q1hxwHDBfc64_qOxgCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25289%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> </tr>
<tr align="center"><td colspan="2">Sauge des prés. Fleur non identifiée.</td></tr>
</tbody></table>
</center>
<br />
<br />
<center>
<table><tbody>
<tr> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-jDTwdRMhhJQ/XRIqfpOf1pI/AAAAAAAACL0/_g-EiiDht08VQ-DqZTtXDLUGHzcDNEOKQCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25287%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-jDTwdRMhhJQ/XRIqfpOf1pI/AAAAAAAACL0/_g-EiiDht08VQ-DqZTtXDLUGHzcDNEOKQCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25287%2529.jpg" width="266" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-psOTSwMeIYc/XRIqdqhwqQI/AAAAAAAACLs/UU9La6nmDnQ4d-Lo7qIJp7U-46HUp_sFACLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25286%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-psOTSwMeIYc/XRIqdqhwqQI/AAAAAAAACLs/UU9La6nmDnQ4d-Lo7qIJp7U-46HUp_sFACLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%25286%2529.jpg" width="266" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-_GqxuSC5CJQ/XRIqRX3557I/AAAAAAAACLQ/V3v3AlNe3xUeKGno7fq7VimMEA56mHyBgCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252817%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-_GqxuSC5CJQ/XRIqRX3557I/AAAAAAAACLQ/V3v3AlNe3xUeKGno7fq7VimMEA56mHyBgCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252817%2529.jpg" width="266" /></a></div>
</td> </tr>
<tr align="center"><td colspan="3">Caille-lait jaune. Vipérine. Orobranche.</td></tr>
</tbody></table>
</center>
<br />
<br />
<center>
<table><tbody>
<tr> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-PZ3lbveNKpk/XRIqMrFGK_I/AAAAAAAACLE/sTuLauyFmkM4ZKDU7PaEIIA8AoiRvc19wCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252815%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://1.bp.blogspot.com/-PZ3lbveNKpk/XRIqMrFGK_I/AAAAAAAACLE/sTuLauyFmkM4ZKDU7PaEIIA8AoiRvc19wCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252815%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-Z5SEdgRIbNI/XRIqSrtElUI/AAAAAAAACLU/0-q4l71g5aUU8pNWBPDpDy7gUKY5zhiEgCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252818%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://1.bp.blogspot.com/-Z5SEdgRIbNI/XRIqSrtElUI/AAAAAAAACLU/0-q4l71g5aUU8pNWBPDpDy7gUKY5zhiEgCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252818%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> </tr>
<tr> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-pGyljBHnD-g/XRIqFGJ6tKI/AAAAAAAACK4/Yc2lU3MDrhsKBmf4Uh18oM9NlqifEnkBACLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252813%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="265" src="https://1.bp.blogspot.com/-pGyljBHnD-g/XRIqFGJ6tKI/AAAAAAAACK4/Yc2lU3MDrhsKBmf4Uh18oM9NlqifEnkBACLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252813%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-nFM4sf4ZYWU/XRIqKjqERBI/AAAAAAAACLA/ik1b5j_6iocSTqPpayvmLHUgtMNYvUWcgCLcBGAs/s1600/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252814%2529.jpg" imageanchor="1"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="265" src="https://1.bp.blogspot.com/-nFM4sf4ZYWU/XRIqKjqERBI/AAAAAAAACLA/ik1b5j_6iocSTqPpayvmLHUgtMNYvUWcgCLcBGAs/s400/Herbier%2B-%2BCausse%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLou%2Bet%2Bles%2Bfeuilles%2Bvolantes%2B%252814%2529.jpg" width="400" /></a></div>
</td> </tr>
<tr align="center"><td colspan="2">Primevère coucou. Fleur non identifiée. Potentille. Serpolet.</td></tr>
</tbody></table>
</center>
<br />
<br />
<h4>
Photographies : Lou Darsan.</h4>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-56974387991889839332018-05-24T19:54:00.000+02:002019-06-25T15:28:49.137+02:00Murs et fenêtres. (Ailleurs.)<table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-16JEH9j-GZ4/WudUR1Fo_0I/AAAAAAAAB9E/d09dkLyvrfINXWAPS0V0mptx8wT8jgE9QCLcBGAs/s1600/IMG_8066-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="276" src="https://4.bp.blogspot.com/-16JEH9j-GZ4/WudUR1Fo_0I/AAAAAAAAB9E/d09dkLyvrfINXWAPS0V0mptx8wT8jgE9QCLcBGAs/s400/IMG_8066-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 5" width="414" /></a></div></td><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-YTMCNTogUCo/WudTo5q6P-I/AAAAAAAAB78/8yh9zQqjEzMbN1zBJlTJ29aCExSK3pG2wCLcBGAs/s1600/IMG_7943-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="276" src="https://2.bp.blogspot.com/-YTMCNTogUCo/WudTo5q6P-I/AAAAAAAAB78/8yh9zQqjEzMbN1zBJlTJ29aCExSK3pG2wCLcBGAs/s400/IMG_7943-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 6" width="414" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
<div style="text-align: justify;">« Ils n’aiment pas les fenêtres et préfèrent à y voir clair, se sentir chez eux, mais, comme ils sont très courtois et qu’ils ne veulent pas agir autrement que dans les pays où l’on en use, et puis, que ça ferait nu, morne et hostile, attirerait l’attention et les mauvais sentiments, alors qu’ils ne sont que paix et placidité, ils ont des maisons avec des fenêtres, même avec beaucoup de fenêtres, mais toutes fausses, et pas une ne pourrait s’ouvrir, même s’il s’agissait de fuir un incendie ; cependant imitées à s’y méprendre, avec des ombres et des reflets, de sorte que c’est un plaisir de les regarder, sachant qu’elles sont fausses, surtout si l’heure et la force du soleil réunit à peu près les conditions du trompe-l’œil. </div><br />
<table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-CfDNjNoPbsg/WudTWkjqmBI/AAAAAAAAB7c/nLrcGDhR1mQAAfA-5jtffNcnn9r52uBCgCLcBGAs/s1600/IMG_7850-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="381" src="https://2.bp.blogspot.com/-CfDNjNoPbsg/WudTWkjqmBI/AAAAAAAAB7c/nLrcGDhR1mQAAfA-5jtffNcnn9r52uBCgCLcBGAs/s640/IMG_7850-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 1" width="573" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Eh-CouIime0/WudTYJco7FI/AAAAAAAAB7g/WqaJwP6FQvoiznV_UPxMEycH2g6NRVbJQCLcBGAs/s1600/IMG_7851-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="381" src="https://3.bp.blogspot.com/-Eh-CouIime0/WudTYJco7FI/AAAAAAAAB7g/WqaJwP6FQvoiznV_UPxMEycH2g6NRVbJQCLcBGAs/s640/IMG_7851-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 2" width="254" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
<div style="text-align: justify;">Il y en a même d’entr’ouvertes, perpétuellement, nuit et jour, et les jours les plus froids, par temps de brouillard, de pluie, de rafales de neige, mais ne laissant quand même rien entrer ni sortir, douloureusement semblables à la charité de surface des riches.</div><div style="text-align: justify;">Une vraie fenêtre, susceptible, un jour, d’être ouverte, les rend malades ; c’est pour eux comme si déjà on en enjambait l’appui, qu’on entrât, et la file des intrus qu’on ne peut repousser s’allonge à leurs yeux.</div><br />
<table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-rQvedCr_olE/WudUEnVh3PI/AAAAAAAAB8s/cxXPvj0neSgYH3BEIDl3WojB4Qb1ZwWkQCLcBGAs/s1600/IMG_8011-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="381" src="https://3.bp.blogspot.com/-rQvedCr_olE/WudUEnVh3PI/AAAAAAAAB8s/cxXPvj0neSgYH3BEIDl3WojB4Qb1ZwWkQCLcBGAs/s640/IMG_8011-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 3" width="573" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-rkBrlBwyzE4/WudUI4JlNdI/AAAAAAAAB9c/g5TBpmjz8sE4jLiXPnGQxgrOt3sQlt1NgCPcBGAYYCw/s1600/IMG_8012-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="381" src="https://3.bp.blogspot.com/-rkBrlBwyzE4/WudUI4JlNdI/AAAAAAAAB9c/g5TBpmjz8sE4jLiXPnGQxgrOt3sQlt1NgCPcBGAYYCw/s640/IMG_8012-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 4" width="254" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
<div style="text-align: justify;">Comme beaucoup de gens placides, quand on les atteint, deviennent haineux et mauvais, il faut éviter de leur parler de fenêtres et ne jamais en inviter un chez vous, si vous en avez une de percée, quand bien même elle serait fermée, barricadée, hors d’usage, ou dans une pièce de débarras. Jamais il ne vous le pardonnerait. »</div><br />
<table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-wcnBJa9VAzY/WudXXzDP2xI/AAAAAAAAB9s/b8Ty7c9uFC0ryJJhkF7PxwEoAvQuuUOjQCLcBGAs/s1600/IMG_7886-retouche-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="1200" height="276" src="https://2.bp.blogspot.com/-wcnBJa9VAzY/WudXXzDP2xI/AAAAAAAAB9s/b8Ty7c9uFC0ryJJhkF7PxwEoAvQuuUOjQCLcBGAs/s640/IMG_7886-retouche-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 8" width="414" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-vn-jTVittoE/WudUNoAJduI/AAAAAAAAB88/d2cjaLVDry0KTV1KAzRAOxx6UBZLQJuAwCLcBGAs/s1600/IMG_8062-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="276" src="https://2.bp.blogspot.com/-vn-jTVittoE/WudUNoAJduI/AAAAAAAAB88/d2cjaLVDry0KTV1KAzRAOxx6UBZLQJuAwCLcBGAs/s640/IMG_8062-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Fenêtre 9" width="414" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><div style="text-align: justify;"><br />
<br />
<h3 style="text-align: center;">***** </h3> « Des portes battent sous l’eau.</div><div style="text-align: justify;">Il faut savoir les entendre. Ainsi l’on peut connaître son avenir, le proche, celui de la journée. Ce que savent remarquablement faire les voyantes qu’on rencontre au bord de la mer, en espoir de clientèle.<br />
Par avance, elles entendent battre toutes les portes par lesquelles vous passerez ce jour-là, quelque nombreuses démarches que vous fassiez, et voient les gens rencontrés de l’un de l’autre côté des portes et ce qu’ils vont dire et décider.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-4vGoopGeOT4/WudTwN9NAsI/AAAAAAAAB8M/s39VJ6zunWc2O8tcuAa5cIV2VfiT9AGqwCLcBGAs/s1600/IMG_7955-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="381" src="https://1.bp.blogspot.com/-4vGoopGeOT4/WudTwN9NAsI/AAAAAAAAB8M/s39VJ6zunWc2O8tcuAa5cIV2VfiT9AGqwCLcBGAs/s640/IMG_7955-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="POrte 2" width="573" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmHEJEmk7S9Hd_dRhN09v7ysgJ2F32af1qw0YjHD09XWCxxZmKHLNFf6mlFqPvU0QtPixaxb1GYfVrSmykRWPe6ON9H2Qe8UGPn2PxhOAbTcjGIDh_OTxF-R9MTurGCcwCHZdiqwh6mfo/s1600/IMG_7877-+Lou+Darsan+-+Lisboa+2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="381" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmHEJEmk7S9Hd_dRhN09v7ysgJ2F32af1qw0YjHD09XWCxxZmKHLNFf6mlFqPvU0QtPixaxb1GYfVrSmykRWPe6ON9H2Qe8UGPn2PxhOAbTcjGIDh_OTxF-R9MTurGCcwCHZdiqwh6mfo/s640/IMG_7877-+Lou+Darsan+-+Lisboa+2018.jpg" title="Porte 1" width="254" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">C’en est stupéfiant.</div><div style="text-align: justify;">L’on croit jusqu’à la nuit vivre une journée déjà vécue. »<br />
<br />
<br />
<h3 style="text-align: center;">*****</h3><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-xEOBcY3lKvw/WudT3n-NloI/AAAAAAAAB8Y/sm7elIL0MX0tKzC-dnTACNqZCUsF6JKhwCLcBGAs/s1600/IMG_7991-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="551" src="https://4.bp.blogspot.com/-xEOBcY3lKvw/WudT3n-NloI/AAAAAAAAB8Y/sm7elIL0MX0tKzC-dnTACNqZCUsF6JKhwCLcBGAs/s1600/IMG_7991-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Lumières adoucies" width="828" /></a></div><br />
<table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-LUTQMAYJiIo/WudTPvpbo1I/AAAAAAAAB7U/BndmbeCpbQwJNyKNEuRZOrYmS-fpGxBBQCLcBGAs/s1600/IMG_7752-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="381" src="https://3.bp.blogspot.com/-LUTQMAYJiIo/WudTPvpbo1I/AAAAAAAAB7U/BndmbeCpbQwJNyKNEuRZOrYmS-fpGxBBQCLcBGAs/s640/IMG_7752-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Lumières adoucies" width="254" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-tNt_xVNt1Cc/WudTkLpF5RI/AAAAAAAAB70/b3zpF_2DdXUG6N2DQTJk4gW0kJzDSqhngCLcBGAs/s1600/IMG_7904-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="381" src="https://1.bp.blogspot.com/-tNt_xVNt1Cc/WudTkLpF5RI/AAAAAAAAB70/b3zpF_2DdXUG6N2DQTJk4gW0kJzDSqhngCLcBGAs/s640/IMG_7904-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Lumières adoucies" width="573" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
« Les Émanglons quoiqu’ils aiment beaucoup les lumières adoucies ne sont pas à l’aise le soir, même dans les villes.<br />
Ces plaques blafardes qui apparaissent à la fin du jour sur un arbre, une maison, un nuage les fascinent.<br />
De façon générale, dans les campagnes, la pénombre est redoutée. Le gris, l’entre-chien-et-loup les remplit d’inquiétude. Ils battent du tambour et font parler la poudre, et ne se tranquillisent qu’avec la nuit qui tombe.<br />
Le jour aussi ils restent confiants, mais le soir, chaque soir, les inquiète et les serre à la gorge. »<br />
<br />
<h3 style="text-align: center;">*****</h3><div style="text-align: justify;"></div><table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-vg4e3kgXURg/WudTSICdz2I/AAAAAAAAB7Y/u6uBG4pv0FQSG4Y2OuE2WVozFe4Pi8ENACLcBGAs/s1600/20180303_123108-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="900" height="381" src="https://3.bp.blogspot.com/-vg4e3kgXURg/WudTSICdz2I/AAAAAAAAB7Y/u6uBG4pv0FQSG4Y2OuE2WVozFe4Pi8ENACLcBGAs/s640/20180303_123108-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Méduse 2" width="254" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-07uyFupLM7g/WudUWdYHNEI/AAAAAAAAB9M/7gsYWhLkgt8IfhlQhOesVjnEiacmyFlzACLcBGAs/s1600/IMG_8074-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="381" src="https://3.bp.blogspot.com/-07uyFupLM7g/WudUWdYHNEI/AAAAAAAAB9M/7gsYWhLkgt8IfhlQhOesVjnEiacmyFlzACLcBGAs/s640/IMG_8074-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Méduse 1" width="573" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
<div style="text-align: justify;">« Tout à coup on se sent touché. Cependant rien de bien visible contre soi, surtout si le jour n’est plus parfaitement clair, en fin d’après-midi (heure où <i>elles</i> sortent).</div><div style="text-align: justify;">On est mal à l’aise. On va pour refermer portes et fenêtres. Il semble alors qu’un être véritablement dans l’air, comme la Méduse est dans l’eau et faite d’eau à la fois, transparent, massif, élastique, tente de repasser par la fenêtre qui résiste à votre poussée. Une Méduse d’air est entrée !<br />
On tente de s’expliquer naturellement la chose. Mais l’insupportable impression augmente affreusement, l’on sort en criant « Mja ! » et l’on se jette en courant dans la rue. »<br />
<br />
</div><br />
<div style="text-align: justify;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-P2HWKSo0LJc/WudT_ygGKeI/AAAAAAAAB8k/In3HbWVMNU4ItEiMRgt5m4ASews0W1PowCLcBGAs/s1600/IMG_8008-retouche-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="551" src="https://3.bp.blogspot.com/-P2HWKSo0LJc/WudT_ygGKeI/AAAAAAAAB8k/In3HbWVMNU4ItEiMRgt5m4ASews0W1PowCLcBGAs/s1600/IMG_8008-retouche-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Méduse 3" width="828" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">« Une Méduse d’air est entrée ! »</td></tr>
</tbody></table></div><h3 style="text-align: center;">***** </h3><div style="text-align: justify;">« Saignant sur le mur, vivante, rouge ou à demi infectée, c’est la plaie d’un homme ; d’un Mage qui l’a mise là. Pourquoi ? Par ascèse, pour en mieux souffrir ; car, sur soi, il ne pourrait s’empêcher de la guérir grâce à son pouvoir thaumaturgique, naturel en lui, au point d’être totalement inconscient.</div><div style="text-align: justify;"></div><br />
<div style="text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;"></div><table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-0HkWjLb7SJY/WudTM6mNZ5I/AAAAAAAAB7Q/VQCRb_DoTFMM9xqKq8U8oKkaDNn5PEZygCLcBGAs/s1600/IMG_7775-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="622" src="https://1.bp.blogspot.com/-0HkWjLb7SJY/WudTM6mNZ5I/AAAAAAAAB7Q/VQCRb_DoTFMM9xqKq8U8oKkaDNn5PEZygCLcBGAs/s1600/IMG_7775-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="La plaie" width="414" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-1iN146nFluc/WudT7F8LU3I/AAAAAAAAB8g/PmeTY2Zs1VQZmTU9Kle8yRsOC-WuSHWAACLcBGAs/s1600/IMG_7999-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="622" src="https://1.bp.blogspot.com/-1iN146nFluc/WudT7F8LU3I/AAAAAAAAB8g/PmeTY2Zs1VQZmTU9Kle8yRsOC-WuSHWAACLcBGAs/s1600/IMG_7999-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="La plaie" width="414" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
<div style="text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;">Mais, de la sorte, il la garde longtemps sans qu’elle se ferme. Ce procédé est courant.</div><div style="text-align: justify;">Étranges plaies qu’on rencontre avec gêne et nausée, souffrant sur des murs déserts… »</div><div style="text-align: justify;"><h3 style="text-align: center;">***** </h3></div><div style="text-align: justify;">« Il lui crache son visage au mur.</div><div style="text-align: justify;">Le fait énoncé ici est en relation avec ce que je dis ailleurs de la capsule. Cet acte de mépris signifie qu’on ne veut avoir aucune relation avec l’individu, qu’on ne veut pas une trace de lui sur soi. On la rejette donc publiquement.</div><div style="text-align: justify;">Le Mage recrache sur le plus proche mur, le visage détesté, rendu hideux, quoique parfaitement reconnaissable et vrai, et le Mage s’en va sans mot dire. Le visage reste un temps sur le mur, puis il s’empoussière. »</div><br />
<table><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-ADwNYwLizO0/WudUa6_83uI/AAAAAAAAB9Q/m5XstVThJbgzN04kwWeFcmcu0jyKBTJSwCLcBGAs/s1600/IMG_8076-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="381" src="https://4.bp.blogspot.com/-ADwNYwLizO0/WudUa6_83uI/AAAAAAAAB9Q/m5XstVThJbgzN04kwWeFcmcu0jyKBTJSwCLcBGAs/s640/IMG_8076-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Visage au mur" width="254" /></a></div></td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8vLcDDyB8OL8PlU14TUDTtgB7qRNRbyFVaiPneRQqC01IvC5tqrboChDS7VJq5iRdfbJPc6Syy8ak3AcuSDmpAcuSdFlhBWoNtHgdUEjvizLic7MbQ8WXYfEId_sQR02thuuG5DuX4Fg/s1600/IMG_7987-+Lou+Darsan+-+Lisboa+2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="381" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8vLcDDyB8OL8PlU14TUDTtgB7qRNRbyFVaiPneRQqC01IvC5tqrboChDS7VJq5iRdfbJPc6Syy8ak3AcuSDmpAcuSdFlhBWoNtHgdUEjvizLic7MbQ8WXYfEId_sQR02thuuG5DuX4Fg/s640/IMG_7987-+Lou+Darsan+-+Lisboa+2018.jpg" title="Visage au mur" width="573" /></a></div></td></tr>
</tbody></table><br />
<br />
<h3 style="text-align: center;">*****</h3><div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><br />
« Ils aiment les demeures parlantes, les maisons à façade couverte de seins roses et bien formés, et des meubles dedans, graves, sombres mais constellés d’yeux.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3Wtf8kXZukg/WudTsd6eaMI/AAAAAAAAB8A/Piej6pyLl2g9p5H9YXv4Iys3NY-bxlEXgCLcBGAs/s1600/IMG_7948-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="551" src="https://1.bp.blogspot.com/-3Wtf8kXZukg/WudTsd6eaMI/AAAAAAAAB8A/Piej6pyLl2g9p5H9YXv4Iys3NY-bxlEXgCLcBGAs/s1600/IMG_7948-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Demeure 1" width="828" /></a></div><br />
<br />
A l’entrée de la ville, un étrange bâtiment, sans queue ni tête, sans pièces logeables, mais non sans grandeur, exprime l’âme de la ville, l’âme changeante. Aussi est-il plein de démoli autant que de construit.<br />
La façade du grand Méhu architectural de Méhé est tellement impressionnante que des femmes sont mortes en la voyant, terrassées par l’admiration. »<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-QJz9hpdBcTs/WudTdIXQIoI/AAAAAAAAB7o/zTc3k2bHROs8EYEiP2k1UmGuXJ6ZbDEaACLcBGAs/s1600/IMG_7853-retouche-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="551" src="https://1.bp.blogspot.com/-QJz9hpdBcTs/WudTdIXQIoI/AAAAAAAAB7o/zTc3k2bHROs8EYEiP2k1UmGuXJ6ZbDEaACLcBGAs/s1600/IMG_7853-retouche-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Demeure" width="828" /></a></div><br />
<h3 style="text-align: center;">*****</h3></div><div style="text-align: justify;">« Ils disposent pour la construction des routes d’un pinceau à paver.<br />
<div style="text-align: justify;">Ils ont encore un pinceau à bâtir. Pour les endroits éloignés, ils ont même un fusil à bâtir. Mais il faut savoir viser bien juste, bien juste. En dire la raison est superflu. Qui aimerait attraper un toit sur la tête ? »<br />
<br />
<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-w2ToTkmW_nM/WudTfy6eocI/AAAAAAAAB7s/8XALc0u1boQLdxNtMxu5IfU2hsmlxrvygCLcBGAs/s1600/IMG_7860-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" imageanchor="1"><img alt="" border="0" data-original-height="799" data-original-width="1200" height="426" src="https://3.bp.blogspot.com/-w2ToTkmW_nM/WudTfy6eocI/AAAAAAAAB7s/8XALc0u1boQLdxNtMxu5IfU2hsmlxrvygCLcBGAs/s640/IMG_7860-%2BLou%2BDarsan%2B-%2BLisboa%2B2018.jpg" title="Ocupar as ruas" width="640" /></a></div><br />
</div></div><h4 style="text-align: justify;"></h4><h4 style="text-align: justify;">Citations extraites de « Voyage en Grande Garagbagne » et « Au pays de la Magie », <i>Ailleurs</i>, Henri Michaux, Gallimard, édition de 1986.</h4><h4>Photographies : Lou Darsan.</h4><br />
</div>Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-31286108979016259482018-02-12T16:47:00.001+01:002018-05-26T12:06:21.766+02:00Visions.<div style="text-align: justify;">
« En ce qui me concerne, plus importantes encore que pour l'esprit la rencontre de certaines dispositions de choses m'apparaissent les dispositions d'un esprit à l'égard de certaines choses, ces deux sortes de dispositions régissant à elles seules toutes les formes de la sensibilité. »</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<h3>
Forêts.</h3>
<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody>
<tr> <td align="center"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-6-qR91NA1y0/WnydVIPwuNI/AAAAAAAAB5Q/jRtjL2xuosgCYtJ_cQTNsj-PW5OLZrvTgCLcBGAs/s1600/For%25C3%25AAt-IMG_4582%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="534" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-6-qR91NA1y0/WnydVIPwuNI/AAAAAAAAB5Q/jRtjL2xuosgCYtJ_cQTNsj-PW5OLZrvTgCLcBGAs/s640/For%25C3%25AAt-IMG_4582%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="427" /></a></div>
</td> <td align="center"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-7AW4YTdbWdk/Wnydk6G9_FI/AAAAAAAAB5Y/bZ2drSWJNuglwY2BVKCzVMichoV3RyrdgCLcBGAs/s1600/For%25C3%25AAt-IMG_5247-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="533" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-7AW4YTdbWdk/Wnydk6G9_FI/AAAAAAAAB5Y/bZ2drSWJNuglwY2BVKCzVMichoV3RyrdgCLcBGAs/s640/For%25C3%25AAt-IMG_5247-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="425" /></a></div>
</td> </tr>
</tbody> </table>
<br />
<h3>
Façades.</h3>
<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody>
<tr><td align="center"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-7_tpUul284c/WnybtrqL0BI/AAAAAAAAB4s/ZRhCRWIuhGQNCBF6QSyeedVEgaBW9D9pwCLcBGAs/s1600/Fa%25C3%25A7ade-IMG_4918%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="533" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-7_tpUul284c/WnybtrqL0BI/AAAAAAAAB4s/ZRhCRWIuhGQNCBF6QSyeedVEgaBW9D9pwCLcBGAs/s640/Fa%25C3%25A7ade-IMG_4918%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="425" /></a></div>
</td><td align="center"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-3z7imXvrdOE/Wnyb2TlX8XI/AAAAAAAAB4w/yEHXg2T96sAYe9z0zM3tnn0yOxGTDFpYACLcBGAs/s1600/Fa%25C3%25A7ade-IMG_5059%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="533" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-3z7imXvrdOE/Wnyb2TlX8XI/AAAAAAAAB4w/yEHXg2T96sAYe9z0zM3tnn0yOxGTDFpYACLcBGAs/s640/Fa%25C3%25A7ade-IMG_5059%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="425" /></a></div>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<h3>
Rivières.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-E3Wq3vB0r0U/Wnyc-E6_h7I/AAAAAAAAB5I/lGcbg5zXw_ATIBngrKQJX7bw4V_SG1oPgCLcBGAs/s1600/Rivi%25C3%25A8re-IMG_4554-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://2.bp.blogspot.com/-E3Wq3vB0r0U/Wnyc-E6_h7I/AAAAAAAAB5I/lGcbg5zXw_ATIBngrKQJX7bw4V_SG1oPgCLcBGAs/s1600/Rivi%25C3%25A8re-IMG_4554-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-1jxizBMekZc/WnydG0pYGyI/AAAAAAAAB5M/3LCcqf1Av1YDiuMeg3Kgc3Be82gLTl_cACLcBGAs/s1600/Rivi%25C3%25A8re-IMG_4561-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://3.bp.blogspot.com/-1jxizBMekZc/WnydG0pYGyI/AAAAAAAAB5M/3LCcqf1Av1YDiuMeg3Kgc3Be82gLTl_cACLcBGAs/s1600/Rivi%25C3%25A8re-IMG_4561-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<br />
<h3>
Où meurent les vagues.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-cFl5Fr4lqEY/WnyeDBlkRJI/AAAAAAAAB5o/kdoh-jikn1UZsOIT1D4MWZYiDItTZfn1gCLcBGAs/s1600/Mer-IMG_4155-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="450" data-original-width="800" src="https://4.bp.blogspot.com/-cFl5Fr4lqEY/WnyeDBlkRJI/AAAAAAAAB5o/kdoh-jikn1UZsOIT1D4MWZYiDItTZfn1gCLcBGAs/s1600/Mer-IMG_4155-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-LwJN7qH7neI/WnyeVq1ovvI/AAAAAAAAB5s/1O-772pmdV8iKwQbAvpQlk7nTLv2FG7pQCLcBGAs/s1600/Mer-IMG_4264-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="450" data-original-width="800" src="https://1.bp.blogspot.com/-LwJN7qH7neI/WnyeVq1ovvI/AAAAAAAAB5s/1O-772pmdV8iKwQbAvpQlk7nTLv2FG7pQCLcBGAs/s1600/Mer-IMG_4264-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<br />
<h3>
Accroche.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-CqyFRS5Vh9c/WnyfNBs4tzI/AAAAAAAAB58/47bs2ltAtjIA0Yo2igsqFtIC6LAe-M-6wCLcBGAs/s1600/Prairie-IMG_4639%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="450" data-original-width="800" src="https://4.bp.blogspot.com/-CqyFRS5Vh9c/WnyfNBs4tzI/AAAAAAAAB58/47bs2ltAtjIA0Yo2igsqFtIC6LAe-M-6wCLcBGAs/s1600/Prairie-IMG_4639%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<br />
<h3>
Portraits.</h3>
<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody>
<tr> <td style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-vBlk_drkZnM/WnycZXO3RvI/AAAAAAAAB5A/R3m4ikyyH8keOjSjuGuF8uqPg1WQbRxbACLcBGAs/s1600/Portrait-IMG_5104%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="533" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-vBlk_drkZnM/WnycZXO3RvI/AAAAAAAAB5A/R3m4ikyyH8keOjSjuGuF8uqPg1WQbRxbACLcBGAs/s640/Portrait-IMG_5104%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="426" /></a></div>
</td> <td align="center"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-sGVvddnzVb8/WnycZCz0OpI/AAAAAAAAB48/YayJ-CSo9FQrSrmVrqtTV-9a7iiZBlntwCPcBGAYYCw/s1600/Portrait-IMG_4422%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img alt="" border="0" data-original-height="800" data-original-width="533" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-sGVvddnzVb8/WnycZCz0OpI/AAAAAAAAB48/YayJ-CSo9FQrSrmVrqtTV-9a7iiZBlntwCPcBGAYYCw/s640/Portrait-IMG_4422%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="426" /></a></div>
</td> </tr>
</tbody> </table>
<br />
<h3>
Abandons.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-hfqvnirTcsY/WnygSdPu0mI/AAAAAAAAB6o/kwR_L99XeDEme2VJB_Go2KNuPGvC16sjwCLcBGAs/s1600/Route-IMG_4709%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://2.bp.blogspot.com/-hfqvnirTcsY/WnygSdPu0mI/AAAAAAAAB6o/kwR_L99XeDEme2VJB_Go2KNuPGvC16sjwCLcBGAs/s1600/Route-IMG_4709%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-4p4OlDxP4jQ/WnygSDA_1eI/AAAAAAAAB6k/6DIMif4-YCgtNDRjL-dk8y4hJbhE2YdegCLcBGAs/s1600/Route-20171006_174106-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://3.bp.blogspot.com/-4p4OlDxP4jQ/WnygSDA_1eI/AAAAAAAAB6k/6DIMif4-YCgtNDRjL-dk8y4hJbhE2YdegCLcBGAs/s1600/Route-20171006_174106-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-QDYXz3zTAB0/WnyfiKeIqwI/AAAAAAAAB6A/a5Nn8k2-OEEimHgzs4aBfIh7JibhLYzdgCLcBGAs/s1600/Prairie-IMG_5787%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://3.bp.blogspot.com/-QDYXz3zTAB0/WnyfiKeIqwI/AAAAAAAAB6A/a5Nn8k2-OEEimHgzs4aBfIh7JibhLYzdgCLcBGAs/s1600/Prairie-IMG_5787%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
« Je n'ai dessein de relater, en marge du récit que je vais entreprendre, que les épisodes les plus marquants de ma vie <i>telle que je peux la concevoir hors de son plan organique</i>, soit dans la mesure même où elle est livrée aux hasards, au plus petit comme au plus grand, où regimbant contre l'idée commune que je m'en fais, elle m'introduit dans un monde comme défendu qui est celui des rapprochements soudains, des pétrifiantes coïncidences, des réflexes primant tout autre essor du mental, des accords plaqués comme au piano, des éclairs qui feraient voir, mais alors <i>voir</i>, s'ils n'étaient encore plus rapides que les autres. Il s'agit de faits de valeur intrinsèque sans doute peu contrôlable mais qui, par leur caractère absolument inattendu, violemment incident, et le genre d'associations d'idées suspectes qu'ils éveillent, une façon de vous faire passer du fil de la Vierge à la toile d'araignée, c'est-à-dire à la chose qui serait au monde la plus scintillante et la plus gracieuse, n'était au coin, ou dans les parages, l'araignée ; il s'agit de faits qui, fussent-ils de l'ordre de la constatation pure, présentent chaque fois toutes les apparences d'un signal, sans qu'on puisse dire au juste de quel signal, qui font qu'en pleine solitude, je me découvre d'invraisemblables complicités, qui me convainquent de mon illusion toutes les fois que je me crois seul à la barre du navire. Il y aurait à hiérarchiser ces faits, du plus simple au plus complexe, depuis le mouvement spécial, indéfinissable, que provoque de notre part la vue de très rares objets ou notre arrivée dans tel et tels lieux, accompagnées de la sensation très nette que pour nous quelque chose de grave, d'essentiel, en dépend, jusqu'à l'absence complète de paix avec nous-mêmes que nous valent certains enchaînements, certains concours de circonstances qui passent de loin notre entendement, et n'admette notre retour à une activité raisonnée que si, dans la plupart des cas, nous en appelons à l'instinct de conservation. On pourrait établir quantité d'intermédiaires entre ces faits-glissades et ces faits-précipices. »</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<h3>
Lisières.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-fapybXSBqT0/WnygPfMl9MI/AAAAAAAAB6M/NZNvDSZwu7YFDpNvvbAs1JEcuPiqgQ3hwCLcBGAs/s1600/Nuit-IMG_5093%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="800" src="https://3.bp.blogspot.com/-fapybXSBqT0/WnygPfMl9MI/AAAAAAAAB6M/NZNvDSZwu7YFDpNvvbAs1JEcuPiqgQ3hwCLcBGAs/s1600/Nuit-IMG_5093%2B-%2BRETOUCHE-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-4qwmaQ2qlBw/WnygQfboStI/AAAAAAAAB6U/LFZdyGWq-JwtsTXfW-hpB8V0KdVjkz1kACLcBGAs/s1600/Nuit-IMG_5966-RETOUCHE%2B-%2Bv%25C3%25A9lo-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://2.bp.blogspot.com/-4qwmaQ2qlBw/WnygQfboStI/AAAAAAAAB6U/LFZdyGWq-JwtsTXfW-hpB8V0KdVjkz1kACLcBGAs/s1600/Nuit-IMG_5966-RETOUCHE%2B-%2Bv%25C3%25A9lo-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-R8duUBXVb9E/WnygQgjAcrI/AAAAAAAAB6Y/oHMb9Txrkz0lD4mWFKZUx8HpU5FaRL9XgCLcBGAs/s1600/Nuit-IMG_6214-%2Bneon%2Brelax%2Bhotel-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://4.bp.blogspot.com/-R8duUBXVb9E/WnygQgjAcrI/AAAAAAAAB6Y/oHMb9Txrkz0lD4mWFKZUx8HpU5FaRL9XgCLcBGAs/s1600/Nuit-IMG_6214-%2Bneon%2Brelax%2Bhotel-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<br />
<h3>
Coucher de soleil.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-OrYaCI6PWRU/WnygRfELvvI/AAAAAAAAB6c/32uQPopZyHAe1KoCnWc8NLRXQsB2YtpNACLcBGAs/s1600/Punk-IMG_5153%2B-%2BRETOUCHE%2BNB-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="533" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-OrYaCI6PWRU/WnygRfELvvI/AAAAAAAAB6c/32uQPopZyHAe1KoCnWc8NLRXQsB2YtpNACLcBGAs/s640/Punk-IMG_5153%2B-%2BRETOUCHE%2BNB-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" width="426" /> </a></div>
<br />
<h3>
Absences.</h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-g0pVqTmVVEE/WnygSK-oA8I/AAAAAAAAB6g/KnaywzH2XcAdJ0xt5Aq4PnZr68JgQXrBACLcBGAs/s1600/Punk-IMG_5899-retouche-3-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://1.bp.blogspot.com/-g0pVqTmVVEE/WnygSK-oA8I/AAAAAAAAB6g/KnaywzH2XcAdJ0xt5Aq4PnZr68JgQXrBACLcBGAs/s1600/Punk-IMG_5899-retouche-3-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-m25R5xUMX60/WnygQOCTZJI/AAAAAAAAB6Q/H8FEuAp90vY2VR0Wj6Uaiv2FcjfPhU1CACLcBGAs/s1600/Fatigue-IMG_5904-retouche-Lou%2BDarsan-800px.jpg" imageanchor="1" style="margin: 0; paddin: 0;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" src="https://3.bp.blogspot.com/-m25R5xUMX60/WnygQOCTZJI/AAAAAAAAB6Q/H8FEuAp90vY2VR0Wj6Uaiv2FcjfPhU1CACLcBGAs/s1600/Fatigue-IMG_5904-retouche-Lou%2BDarsan-800px.jpg" title="Lou Darsan" /></a></div>
<br />
<br />
<h4>
Citations extraites de <i>Nadja</i>, André Breton, éditions Gallimard, 1964.</h4>
<h4>
Photographies de Lou Darsan, 2017. Merci de ne pas les utiliser sans mon autorisation.</h4>
<br />Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-42811956213051243452017-12-02T18:40:00.000+01:002018-06-07T17:55:13.007+02:00Churchill, Manitoba, d'Anthony Poiraudeau<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: chocolate;">« <i>C'est en le retrouvant à loisir là, indiqué sur la planche d'atlas au bord de son rivage perdu, que le petit port de Churchill est progressivement devenu le point de fuite qui a longtemps polarisé ma vie intérieure vers sa plus étrange échappée. </i>» </span><br />
<span style="color: chocolate;"><br />
</span> <span style="color: chocolate;">« <i>J'éprouvais un sentiment que, fort étrangement, je n'avais pas anticipé : je ne voyais plus du tout ce que j'étais venu foutre ici […]. </i>» </span></blockquote>
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-ScuJjrVkMrY/WiAT2teDjyI/AAAAAAAAB38/AEHSkKMzxr8Wlxvra8dQ9Vs7GI_fLHu4wCLcBGAs/s1600/churchill_manitoba_anthony_poiraudau_inculte_bandeau.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Churchill, Manitoba, Anthony Poiraudeau, éditions inculte, Lou DARSAN" border="1" height="456" src="https://3.bp.blogspot.com/-ScuJjrVkMrY/WiAT2teDjyI/AAAAAAAAB38/AEHSkKMzxr8Wlxvra8dQ9Vs7GI_fLHu4wCLcBGAs/s640/churchill_manitoba_anthony_poiraudau_inculte_bandeau.jpg" style="border-color: orangered;" title="Churchill, Manitoba, Anthony Poiraudeau, éditions inculte, Lou DARSAN" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Fasciné depuis l'enfance par les atlas et les globes terrestres, le narrateur hérite à l'occasion du déménagement d'un ami d'une carte Vidal-Lablache de l'Amérique du Nord, et décide de l'afficher au mur lors de ses périodes d'immersion dans la littérature américaine. Objet familier et quotidien, la carte devient peu à peu le réceptacle de « <i>divagations imaginaires et répétées </i>» qui convergent vers un point minuscule situé tout au bord de la baie d'Hudson, loin au-dessus de la Saskatchewan river, du lac Winnipeg et de la plaine céréalière du Manitoba : Fort Churchill.<br />
Nous serons nombreux à nous retrouver dans ces rêveries devant les cartes de géographie, cette fécondation de l'imaginaire par la mappemonde, ce sentiment d'appropriation mentale des lieux repérés sur la carte, cette nécessité de situer — jusqu'à suivre du doigt le parcours des personnages de nos livres. J'ai tracé sur des plans les déplacements d'Arturo Bandini dans Los Angeles et de Mrs Dalloway dans Londres, je connais La Nouvelle-Orléans pour avoir exploré longuement le tracé bleu et vert de ses bayous à la poursuite de Dave Robicheaux. Quant à l'attrait d'un toponyme, combien d'heures ai-je passées les yeux levés vers les îles Nightingale et Inaccessible de l'archipel Tristan da Cunha, dont l'unique ville porte le nom fascinant d'Edimburgh of the Seven Seas ? Ici, cependant, « <i>la superposition de Churchill, en tant que site matériel et réel dont il était possible [au narrateur] d'avoir une connaissance, et de Churchill, en tant que lieu intérieur doté pour [lui] d'une fonction mentale intime </i>» donnent naissance à un voyage réel et à son récit : soudain, l'arrivée à Churchill, Manitoba et le projet d'écrire un livre sur la ville. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i>Churchill, Manitoba</i> n'appartient pas tout à fait à ces livres précieux sur l'imaginaire des lieux : il s'agirait plus exactement du récit de la réalisation d'un lieu, la coloration d'une zone blanche de la carte — soudain emplie de la sensation du vent dans les roseaux, du cri des oiseaux limicoles, du bruit du ressac, des ondulations d'un rivage gris et vert. Quel écart avec la topographie rêvée lors des songeries passées, quelles étaient les lignes imaginées ? Et maintenant que le point est atteint, qu'y allons-nous faire ? — Il y a bien sûr dans l'idée de Churchill quelque chose de « <i>l'Amirauté sur la mer des Syrtes </i>» auquel il est fait allusion, le narrateur devant d'ailleurs entamer son séjour par la rédaction d'un article sur Julien Gracq, et l'on connaît l'importance de l'auteur dans le rapport d'Anthony Poiraudeau à la littérature. (Lire, à ce sujet, l'article de son blog : <a href="http://futilesetgraves.blogspot.com/2009/12/voir-julien-gracq-saint-florent-le.html" target="_blank">voir Julien Gracq à Saint-Florent-le-Vieil</a>.) </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Pour atteindre aujourd'hui ce petit port d'à peine 900 âmes et de 500 mètres de long autodésigné capitale mondiale de l'Ours polaire, aucune route, mais une voie ferrée qui traverse champs puis forêt pour s'achever au pied d'un silo à grains. Improbable successeur de Glenn Gould qui y séjourna quelques jours, le narrateur s'aperçoit bien vite qu'il peut effectuer en à peine plus d'une heure le tour de la ville. Ses velléités de promenades au milieu de l'immensité déserte de la toundra envahie de midges se heurtent comme un running gag à « <i>l'invariable panneau “STOP DON'T WALK IN THIS AREA” et la silhouette d'ours polaire qu'il affiche </i>». Ignoré de la population locale qui ne s'intéresse pas à l'écrivain voyageur dont il craint de prendre la pose et à défaut de trouver une autre occupation aux longues journées subarctiques, il se réfugie dans la bibliothèque municipale, refuge rassurant de l'universitaire qui se pense déjà condamné à ne pas en sortir. </div>
<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-QXP-p2rvUzA/WiAnE-bRdJI/AAAAAAAAB4Q/JvCk80D6JfM-XyMemuCXOz5miZS0R69rwCPcBGAYYCw/s1600/vidal-lablache_amerique_du_nord_churchill_manitoba_anthony_poiraudeau_640px.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Churchill, Manitoba, Anthony Poiraudeau, éditions inculte, Vidal-Lablache" border="0" data-original-height="427" data-original-width="640" height="427" src="https://4.bp.blogspot.com/-QXP-p2rvUzA/WiAnE-bRdJI/AAAAAAAAB4Q/JvCk80D6JfM-XyMemuCXOz5miZS0R69rwCPcBGAYYCw/s640/vidal-lablache_amerique_du_nord_churchill_manitoba_anthony_poiraudeau_640px.jpg" title="Churchill, Manitoba, Anthony Poiraudeau, éditions inculte, Vidal-Lablache" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Détail d'une carte Vidal-Lablache de l'Amérique du Nord.</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: chocolate;">« <i>Alors, les grands espaces en majesté, une fois rejoints, avaient rappelé que d'avoir été arpentés par des cartographes, traversés par des explorateurs et possédés par des aventuriers, ils s'étaient trouvés couverts de peuples détruits. </i>»</span> </blockquote>
<div style="text-align: justify;">
De longues digressions documentées sur l'histoire du lieu et des différents postes de traite construits à son emplacement approximatif par la Compagnie d'aventuriers d'Angleterre destinée à commercer dans la baie d'Hudson ouvrent alors une réflexion sur le paradoxe contenu par la fascination pour ces lieux lointains auréolés d'un esprit d'aventure et d'exotisme par les récits et romans de l'enfance — ou les cartes Vidal-Lablache — et la prise de conscience du théâtre d'horreurs, de pillages, de massacres en lequel l'époque coloniale les a transformés.<br />
Les découvertes successives, dans le cimetière de Churchill, d'une croix de bois commémorant manifestement une « <i>catastrophe collective </i>» sans l'expliciter ni la nommer puis, dans les rayonnages de la bibliothèque, d'un ouvrage universitaire publié à Winnipeg, donnent au récit une portée politique et sociologique avec la description de la déportation subie par les Dénés Sayisi. Ce peuple des Premières Nations, évacué de son territoire en 1956 par le gouvernement canadien dans le but d'être « <i>sédentarisé et assimilé à la civilisation moderne </i>», fut massé dans un bidonville à proximité du cimetière de Churchill (un lieu à la violente charge symbolique) et livré à lui-même sans aucune ressource. Misère, alcoolisme, mort violente, viols déciment la population en quelques décennies ; dans les années 70, les Déné Sayisi survivants retournent sur leur territoire traditionnel ; la tragédie est effacée de la ville. L'horreur de cette déportation, rappelle Anthony Poiraudeau, entre en résonnance avec la violence sociale dont sont toujours victimes les Premières Nations au Canada. (Lire, à ce sujet, <a href="http://www.undernierlivre.net/etoiles-seteignent-a-laube-richard-wagamese/" target="_blank">Les étoiles s'éteignent à l'aube</a> et surtout <a href="http://www.editionszoe.ch/livre/jeu-blanc/" target="_blank">Jeu Blanc</a> de Richard Wagamese, aux éditions ZOE.)</div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: chocolate;">« <i>Longtemps, l'atonie probable de ces lieux s'était même très bien accordée avec le puissant attrait qu'ils avaient exercé sur moi. </i>» </span></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Le journal de bord de son mois canadien est ainsi retardé, reporté, par un narrateur qui interroge sans cesse les raisons de sa présence à Churchill dans une forme de mise à nu de son intimité. Au point qu'il en liste les lieux par négation (« <i>Je repérais les bâtiments remarquables des passés que je n'avais pas vécus à Churchill, […] l'espace vide devant le bâtiment postal où je n'avais pas rêvé à d'autres vies possibles loin de Churchill. </i>»), comme pour se dédouaner de la ville maintenant qu'il y séjourne. Au cœur du livre, une réflexion sur « <i>la suggestion des départs sans idée de retour </i>» à l'« <i>incomparable charge imaginaire, symbolique et poétique </i>», que l'on pourrait opposer à l'errance telle que définie par Raymond Depardon comme « <i>quête du lieu acceptable </i>». Ces deux pans presque contraires du voyage se rejoignent dans le « <i>fantasme </i>» de « <i>s'y trouver entièrement différent </i>» et « <i>acceptable à soi-même </i>». </div>
<div style="text-align: justify;">
Modifié jusqu'à devenir récit de ce qu'il aurait pu être, le récit finalement est celui d'un point de fuite qui s'échappe et où tout se recoupe — l'échec à le définir le constitue. Churchill, inexorablement intérieure, demeure « <i>le nom possible de ce que fut cette singulière excroissance mentale </i>». </div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: chocolate;">« <i>Moi aussi, le voyage que j'aurais voulu faire à Churchill, celui dont je rêvais véritablement, était un voyage sans idée de retour, et c'était celui d'une rupture radicale avec tout le cours précédent de mon existence. C'est-à-dire que c'était un voyage impossible par nature, complètement fantasmatique et fictionnel, qui pouvait donc ne perdurer que comme fantasme et comme fiction personnelle. </i></span><br />
<span style="color: chocolate;"><i>[…] À la place de ce voyage impossible, parce que ce que j'ai voulu écrire était l'histoire de l'impossibilité de ce voyage, et parce que c'était l'occasion d'y aller tout de même, j'ai fait un voyage possible, et je me suis vraiment retrouvé à Churchill.</i> »</span></blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Anthony Poiraudeau montre beaucoup d'humour, d'autodérision, mais surtout de finesse dans ce livre aux dimensions multiples qui sous les atours d'un récit de voyage — ce qu'il est au demeurant — est aussi l'analyse d'une double impossibilité : celle du voyage comme celle de son récit, qui échappent tous deux aux définitions où serait grande la tentation de les circonscrire. Alors qu'il aurait pu s'en tenir aux drolatiques mésaventures d'un personnage casanier et peu aventurier égaré dans l'immensité déserte de la toundra, ou bien rédiger une somme documentaire sur ce minuscule point de la carte et ses violentes réalités sociales et historiques, il nous offre avec <i>Churchill, Manitoba</i> une touchante et agréable surprise, écrite dans une langue détaillée, précise et intelligemment articulée.</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-uXG4ipR0Vrw/WiAPvwR-VtI/AAAAAAAAB30/VMLBCBrY2C4SBw3lDVIbU-6qAXIfNYuGgCPcBGAYYCw/s1600/churchill_manitoba_anthony_poiraudau_inculte_640px.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Churchill, Manitoba, Anthony Poiraudeau, éditions inculte" border="0" data-original-height="640" data-original-width="468" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-uXG4ipR0Vrw/WiAPvwR-VtI/AAAAAAAAB30/VMLBCBrY2C4SBw3lDVIbU-6qAXIfNYuGgCPcBGAYYCw/s400/churchill_manitoba_anthony_poiraudau_inculte_640px.jpg" title="Churchill, Manitoba, Anthony Poiraudeau, éditions inculte" width="292" /></a></div>
<h4>
<i>Churchill, Manitoba</i>, Anthony Poiraudeau, éditions inculte, octobre 2017. </h4>
<h4>
</h4>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-44116180232903241092017-11-06T11:32:00.000+01:002017-11-30T14:41:24.571+01:00Sous les serpents du ciel, Emmanuel Ruben.<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: navy;"><i>« […] il existait sur la surface de la Terre des archipels assiégés, des archipels en captivités, des archipels arides et déchiquetés [...] »</i></span><br />
<span style="color: blue;"><i><br />
</i></span> <span style="color: navy;"><i>« Sur ces pierres tombales qui veulent nous enterrer vivants, nous dessinerons les cartes de notre archipel écorché vif, nous dessinerons le bleu du ciel, nous dessinerons les vagues de la mer, nous percerons notre horizon, et puis nous le traverserons, le grand barrage. »</i></span></blockquote>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-RtTn7ac5pEw/Wf4aB2fh7_I/AAAAAAAAB3Q/RP7lV7lgjeU838TxjZtVBvCJiTESdvHOQCLcBGAs/s1600/Israeli_West_Bank_Barrier.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Sous les serpents du ciel, Emmanuel Ruben" border="0" data-original-height="447" data-original-width="795" height="358" src="https://1.bp.blogspot.com/-RtTn7ac5pEw/Wf4aB2fh7_I/AAAAAAAAB3Q/RP7lV7lgjeU838TxjZtVBvCJiTESdvHOQCLcBGAs/s640/Israeli_West_Bank_Barrier.jpg" title="Sous les serpents du ciel, Emmanuel Ruben" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Des femmes, par milliers, prennent d'assaut un mur le jour des vingt ans de la mort non élucidée de Walid, un adolescent qui le survolait avec son cerf-volant. Les dalles de béton cèdent sous l'afflux et les coups de bélier maniés par des enfants. Le « très long serpent convulsif », la « ligne de feu », le « grand barrage de sécurité antiterroriste » qui traverse l'archipel des Îles du Levant tressaille et se fissure. La suspension du temps, dans l'attente de ce qui advenir, ouvre une béance où quatre voix déploient un récit choral qui relie passé et avenir, alors que le présent semble sur le point de basculer. </div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Chacun des quatre narrateurs livre ses souvenirs et sa version de la vie — et de la mort — de Walid : Daniel, le moine rentré en France qui l'a abrité dans son couvent ; Mike, l'officier de réserve du checkpoint de cette portion de frontière qui commande abrité derrière ses écrans ; Djibril, le cousin de Walid, leader des <i>borders angels</i>, les adolescents qui virevoltent sur les toits et les murs en bravant les drones ; et enfin Samuel, l'ancien observateur de l'ONU qui fournissait à Walid les cartes d'état-major avec lesquelles il fabriquait ses cerfs-volants.</div>
<br />
<br />
<table><tbody>
<tr><td><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-9WoKmOuKp9o/Wf4bFF62cSI/AAAAAAAAB3g/KARKefL7lgEC6Q5KPemlGg4e3V6zC00aQCLcBGAs/s1600/Sous%2Bles%2Bserpents%2Bdu%2Bciel%2B-%2BEmmanuel%2BRuben%2B-%2BRivages%2B-%2Bserpent.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="405" data-original-width="271" src="https://4.bp.blogspot.com/-9WoKmOuKp9o/Wf4bFF62cSI/AAAAAAAAB3g/KARKefL7lgEC6Q5KPemlGg4e3V6zC00aQCLcBGAs/s1600/Sous%2Bles%2Bserpents%2Bdu%2Bciel%2B-%2BEmmanuel%2BRuben%2B-%2BRivages%2B-%2Bserpent.jpg" /></a></div>
</td> <td><blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: left;">
<span style="color: navy;">« Nous sommes aussi des femmes biceps et des femmes abdominaux</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="color: navy;">des femmes triceps et des femmes pectoraux</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="color: navy;">des femmes quadriceps et des femmes mâchoires</span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="color: navy;"> et nous trancherons l'air de la guerre à coups de hanches.</span><br />
<span style="color: navy;">Nos ongles dagues attaqueront les barbelés,</span><br />
<span style="color: navy;">Nos os marteaux cogneront les dalles de béton,</span><br />
<span style="color: navy;">Nos voix méduses envoûteront les dards des canons,</span><br />
<span style="color: navy;">Nos yeux fusils cracheront les braises de la colère,</span><br />
<span style="color: navy;">Suivez celles qui font trembler les murs en hurlant</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="color: navy;">du pain, du pain pour ceux qui ont faim ! »</span></div>
</blockquote>
</td></tr>
</tbody></table>
<table><tbody>
<tr></tr>
</tbody></table>
<div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Entrecoupé à intervalles réguliers par la magnifique litanie guerrière du chœur des femmes de l'archipel (la révolution sera féministe ou ne sera pas), leur récit est bientôt piraté par les dessins et la voix gouailleuse de Walid, le génie des cerfs-volants, l'adolescent dont on ne sait pas encore s'il fut un révolté ou une victime innocente. Walid, fantasmé dans le discours des autres et qui fait mentir chacun, qui seul connaît le secret de sa mort, qui se joue de l'auteur, qui baratine et aiguillonne. Walid le révolté, qui rêve de sa cousine Nida et de ses lèvres « au goût de noisette des graines de sésame » pour qui il a inventé le « langage des cerfs-volants » et fait s'envoler au-dessus de la frontière <i>Asswad</i>, le cerf-volant noir en sac-poubelle, <i>Ankabut</i>, le cerf-volant araignée taillé dans un journal, <i>Farashatan</i>, le papillon léopard et <i>Iristan </i>qui porte la carte du Pays des iris sauvages.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: navy;">« Tu es né avec ce siècle, Walid, mais tu n'auras connu que l'ère des serpents d'airain, des voûtes de verre et des vols de bourdon. Tu n'auras pas vu les murs tomber, s'ériger de nouveau, retomber ; tu n'auras pas vu revenir dans nos chaumières la peur des barbares, à l'heure où les vieilles frontières se secouent telles des chaînes de volcans mal éteints, à l'heure où s'effrite la fragile tectonique de la paix, à l'heure où nous assiègent des armées de robots et d'illuminés. »</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bordée d'un côté par le mur et menacée de l'autre par la Grande Barburie, la ville qui protège son ciel par une voûte de verre et une nuée de drones contrôlée par « la meilleure armée du monde », qui interdit aux objets volants subversifs que sont les cerfs-volants de la survoler, n'est jamais explicitement nommée autrement que par une anagramme qui renforce sa dimension symbolique. L'on devine aisément de quel lieu réel s'inspire ce territoire uni, mais morcelé, fragmenté, ces « îles mutilées » par un grand barrage qui force à s'allonger dans « tube de détection antiterroriste » pour le franchir, ce Pays du Cerf en forme de poignard dont les cartes peignent en rose les zones colonisées et en bleu celles contrôlées par « l'armée saronienne ». </div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans un futur situé à seulement quelques décennies de la nôtre, Emmanuel Ruben réinvente une géographie levantine, étrange et familière, où l'on retrouve sa fascination pour les cartes (ce qu'elles disent, ce qu'elles mentent, ce qu'elles rêvent...) et pour l'Orient, ainsi que l'influence de Julien Gracq. L'archipel, concept précieux à l'auteur (voir <a href="http://www.undernierlivre.net/dans-les-ruines-de-la-carte-emmanuel-ruben/" target="_blank">ma chronique de <i>Dans les ruines de la carte</i></a> sur <i>Un Dernier Livre</i>), comme hétérotopie qui contient à la fois les îles et la mer qui les séparent, est ici un « archipel en otage » qui a basculé dans une dystopie où l'équilibre entre l'eau et la terre est rompu, ainsi que lors d'une montée des eaux où les îlots s'amenuiseraient, bien éloignée de la « fédération pélagique » rêvée.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: navy;">« Une ligne continue d'un rouge vif aimantait leurs regards d'enfants ; ils la suivaient de leurs petits index agiles aux ongles sales ; je la voyais se dérouler sur leurs prunelles extraordinairement mobiles telle une <i>ligne de feu</i> qui leur brûlait la rétine. Khalil leur disait qu'il s'agissait du <i>grand barrage de sécurité antiterroriste </i>; ils l'écoutaient, ils regardaient la carte d'un air dubitatif : ils s'étonnaient que ce barrage — ou plutôt ce mur, puisqu'il traversait de nombreuses terres émergées —, qui était pour eux une réalité verticale, grise, épaisse, un alignement de dalles de béton de neuf mètres de haut redoublées de fossés et de barbelés, pût se traduire par ce fin tracé rouge vif, horizontal, sinueux — comme un très long serpent convulsif. »</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Sous les serpents du ciel</i> est un roman ambitieux, à l'écriture impeccable, maîtrisée et fluide qui se métamorphose à chaque voix qu'elle incarne et qu'elle sublime par sa poésie. Emmanuel Ruben, dont l'intelligence et la sensibilité étaient déjà prégnantes dans ses précédents livres (<i>Halte à Yalta</i>, <i>Kaddish pour un orphelin célèbre et un matelot inconnu</i>, <i>La Ligne des glaces</i>, <i>Icecolor</i>, <i>Dans les ruines de la carte</i>, <i>Jérusalem terrestre</i>), s'y affirme comme un écrivain et romancier talentueux, capable de vous faire interrompre votre lecture pour construire, de vos mains malhabiles et empressées, votre propre cerf-volant.</div>
<div>
<br /></div>
<table><tbody>
<tr><td><blockquote class="tr_bq">
<span style="color: navy;">« Vous vous croyez bien à l'abri </span><br />
<div style="text-align: right;">
<span style="color: navy;"> derrière vos murailles,</span></div>
<span style="color: navy;"> Vous croyez pouvoir confiner tout un peuple</span><br />
<div style="text-align: right;">
<span style="color: navy;"> comme on parque du bétail,</span></div>
<span style="color: navy;"> Mais toutes les murailles se fissurent</span><br />
<div style="text-align: right;">
<span style="color: navy;"> lorsque la glaise humaine se met à remuer.</span></div>
<span style="color: navy;"> Il importe peu de savoir de quel pays nous vous parlons.</span><br />
<span style="color: navy;"> Nous vous parlons de tous les nœuds triturés de la planète.</span><br />
<span style="color: navy;"> Nous vous parlons de l'hiver futur, de la colère présente et de l'espoir insensé d'un printemps. »</span></blockquote>
</td> <td width="300"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-lkXJwh91fs4/WfnZCz93JEI/AAAAAAAAB20/0v6vK_pwQp08zQ5jj3tCVTnc092yIku3wCPcBGAYYCw/s1600/Sous%2Bles%2Bserpents%2Bdu%2Bciel%2B-%2BEmmanuel%2BRuben%2B-%2BRivages.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Sous les serpents du ciel, Emmanuel Ruben, éditions Rivages" border="0" data-original-height="800" data-original-width="545" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-lkXJwh91fs4/WfnZCz93JEI/AAAAAAAAB20/0v6vK_pwQp08zQ5jj3tCVTnc092yIku3wCPcBGAYYCw/s400/Sous%2Bles%2Bserpents%2Bdu%2Bciel%2B-%2BEmmanuel%2BRuben%2B-%2BRivages.jpg" title="Sous les serpents du ciel, Emmanuel Ruben, éditions Rivages" width="272" /></a></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
<di></di><di> </di><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h4>
<i>Sous les serpents du ciel</i>, Emmanuel Ruben, éditions Rivages, août 2017.</h4>
<h4>
</h4>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-68787334212631616342017-09-21T20:00:00.000+02:002017-09-22T11:32:14.452+02:00Un dimanche de révolution, Wendy Guerra.<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: right;">
<span style="color: mediumvioletred;">« Il n'y a certainement que moi pour me sentir seule à La Havane aujourd'hui. Je vis dans cette ville peu respectueuse de la vie privée, intense, insouciante et dissipée, où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette. Ici, se sentir seul signifie peut-être que l'on a vraiment été abandonné. »</span></div>
<br />
<div style="text-align: right;">
<span style="color: mediumvioletred;">« Juillet arriva et, avec lui, la transparence de l'été. La lumière de Cuba reproduit nettement toutes les images de ce que je suis en réalité, ce que j'ai gardé pour moi. Quand je veux dissimuler un sentiment, une expression ou un geste aigre-doux qui vient avec les souvenirs, la lumière naturelle rend le paysage intérieur explicite et te déshabille en pleine rue, en plein soleil. L'irradiation soulève ta jupe et te possède. Ici, on ne peut rien cacher, ni de soi ni de l'autre ; la transparente illumination de cette île batifole avec les secrets et règne avec eux. » </span></div>
</blockquote>
<br />
<div align="justify">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0xthY2urHk9P-cj8aNWBqSSj8UAcKW3kWsUhJO-rL5TCvNNjduqBp6sqRxhPFvkGpeEnpesOoKM4m5LOJM0ibKjqPWp4jtiAX569RYKu0WospCOyeXJkHIYKPZ7Y9ujp9XbcAMCAkkQs/s1600/Un+dimanche+de+r%25C3%25A9volution%252C+Wendy+Guerra%252C+Marianne+Millon%252C+Buchet-Chastel%252C+copyright+Lou+Darsan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Un dimanche de révolution, Wendy Guerra, Marianne Millon, Buchet-Chastel, copyright Lou Darsan" border="0" data-original-height="1066" data-original-width="1600" height="426" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0xthY2urHk9P-cj8aNWBqSSj8UAcKW3kWsUhJO-rL5TCvNNjduqBp6sqRxhPFvkGpeEnpesOoKM4m5LOJM0ibKjqPWp4jtiAX569RYKu0WospCOyeXJkHIYKPZ7Y9ujp9XbcAMCAkkQs/s640/Un+dimanche+de+r%25C3%25A9volution%252C+Wendy+Guerra%252C+Marianne+Millon%252C+Buchet-Chastel%252C+copyright+Lou+Darsan.jpg" title="Un dimanche de révolution, Wendy Guerra, Marianne Millon, Buchet-Chastel, copyright Lou Darsan" width="640" /></a></div>
<br />
<br />
Une île dont on ne sort pas, qui délimite les contours de la pensée, une maison où l'on se retranche, mais qui est surveillée, truffée de caméras et de micros. Un intérieur spatial et mental qui devient public. Ne plus penser, se taire jusqu'en soi — pour contrer : écrire. Ne pas être lue par les siens, peur de rejoindre ceux qui ont fini par se taire, crainte d'être envahie par la paranoïa. Ne pas savoir si les écrits te définissent. Ne plus savoir qui est ton père (et on te dit que).</div>
<br />
<div align="justify">
Censure, fouilles, surveillance, confiscation, méfiance, mensonges et double discours. Cacher les papiers dans le frigo. Se taire. Être suspecte (deux fois). Suspecte de voyager hors de l'île, suspecte de rester vivre sur l'île. Dissidente aux yeux d'un régime omniscient, espionne du régime pour ceux qui sont partis. Ouvrir son ordinateur, constater que les dossiers disparaissent. Des cartons en moins. Des fichiers en moins. Jusqu'au vide. Rentrer chez soi, ne pas savoir si quelqu'un est venu, a emprunté le disque dur, l'a copié ou vidé. Qui lit ton courrier ? Suspecte, suspecter. La femme de ménage, le « seguroso » de la famille : mieux vaut eux que les policiers. Préférer la délation et la surveillance par les proches qui te sont attribués à l'exposition publique de ta dissidence supposée.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
S'isoler du monde et ne plus fréquenter que deux personnes qui rapportent toutes tes paroles à. Quitter l'île — la retrouver ailleurs, chez les autres. En soi. Devenir l'île que l'on quitte (« Ils ne peuvent pas m'expulser de l'île que je suis. »), définie par des rivages, séparée par une mer. « Si on me laissait prendre tout ce qui manque/Si on me laissait emporter l'île et le miracle/Je n'aurais nulle part où rentrer. » Baignade : vue d'en dessous, l'eau trouble « l'hyperréalisme tropical », la surface s'éloigne. « L'île démente qui navigue autour de ta tête et te rend folle avec ses imbroglios et ses névroses, t'oblige à pénétrer l'incohérence. »</div>
<br />
<div align="justify">
Cleo, narratrice et jeune poète de La Havane dont le premier recueil, primé en Espagne, a subi la censure des autorités de son pays, se retranche dans sa demeure familiale, prisonnière d'un paradoxe paranoïaque cubain qui s'accroît à sa rencontre avec un acteur américain hispanophone réalisant un documentaire sur son père. Wendy Guerra dessine son portrait à l'estompe, tissant au plus serré un propos politique sur Cuba (« le peu qui subsiste de cette utopie née dans les années soixante ») au récit de la vie intérieure de Cleo, et transforme en une ligne floue la frontière entre dimanches et révolutions, intimité et espace public, intériorité et politique. Entrecoupé de poèmes de la narratrice d'ailleurs regroupés à la fin du livre,<i> Un dimanche de révolution</i> déploie une écriture poétique riche d'images qui débordent le réel et approchent le rêve, dans une narration dont la langueur et la sensualité plongent le lecteur dans cet état de suspension entre deux eaux et de confusion où Cleo est confinée.</div>
<br />
<div align="justify">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-ipVambo-hYE/WcP2RaGFO3I/AAAAAAAAB1w/OvGsyW4AkwodNISqkdM-ePkLrZ5JvJfcQCLcBGAs/s1600/un%2Bdimanche%2Bde%2Br%25C3%25A9volution%252C%2Bwendy%2Bguerra%252C%2Bbuchet-chastel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Un dimanche de révolution, Wendy Guerra, traduit de l'espagnol (Cuba) par Marianne Millon, éditions Buchet-Chastel" border="0" data-original-height="367" data-original-width="250" src="https://4.bp.blogspot.com/-ipVambo-hYE/WcP2RaGFO3I/AAAAAAAAB1w/OvGsyW4AkwodNISqkdM-ePkLrZ5JvJfcQCLcBGAs/s1600/un%2Bdimanche%2Bde%2Br%25C3%25A9volution%252C%2Bwendy%2Bguerra%252C%2Bbuchet-chastel.jpg" title="Un dimanche de révolution, Wendy Guerra, traduit de l'espagnol (Cuba) par Marianne Millon, éditions Buchet-Chastel" /></a></div>
<h4>
<i>Un dimanche de révolution</i>, Wendy Guerra, traduit de l'espagnol (Cuba) par Marianne Millon, éditions Buchet-Chastel, août 2017. </h4>
</div>
<br />Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-34229383284437082442017-09-11T11:30:00.000+02:002017-09-11T15:23:49.080+02:00Le dernier cri, Pierre Terzian.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: right;">
<blockquote>
<span style="color: orangered;">« Nous avons rompu tous nos liens avec les institutions et opté pour l'embuscade, l'assainissement radical et la joie du manque. »</span></blockquote>
<blockquote>
<br />
<span style="color: orangered;">« — Nous n'avons plus accès à l'essence de l'Art, Minimal. Nous sommes malades. Obsédés par tout ce qu'il y a autour. Ce qu'il faut faire, les concepts, les endroits, les personnes. En réalité aucune œuvre ne nous touche. Jamais. Aucune.<br />
— C'est fini l'émotion, Klaus. »</span></blockquote>
<br />
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-f5h5_rM5Kkc/WbaOO4SyY7I/AAAAAAAAB1g/K0kDYJ4goSgO7ijH4GdSy_FaQdcOg3i9ACLcBGAs/s1600/Le%2Bdernier%2Bcri%252C%2BPierre%2BTerzian%252C%2Bsun-sun%2B-%2B3x2.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le dernier cri, Pierre Terzian, sun-sun - 3x2" border="0" data-original-height="782" data-original-width="1173" height="426" src="https://4.bp.blogspot.com/-f5h5_rM5Kkc/WbaOO4SyY7I/AAAAAAAAB1g/K0kDYJ4goSgO7ijH4GdSy_FaQdcOg3i9ACLcBGAs/s640/Le%2Bdernier%2Bcri%252C%2BPierre%2BTerzian%252C%2Bsun-sun%2B-%2B3x2.png" title="Le dernier cri, Pierre Terzian, sun-sun - 3x2" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div>
<br /></div>
<div align="justify">
Placardé sur les murs de Paris, un visage en sang, les yeux exorbités, la bouche déformée par un <i>Dernier cri</i>, « <i>u</i><i>n geste pur. </i>» La rumeur d'un groupuscule qui sème le trouble dans un monde de l'art aux codes préétablis. Les conséquences involontaires d'une série d'actes non prémédités qui devient détournement, mème, revendication, icône. Deux artistes en quête de sens et d'émancipation qui décident de tourner le dos aux sursauts de leur milieu normé et moribond. — Pour leur première entrée dans l'arène annuelle de la rentrée littéraire, les éditions sun/sun nous proposent un roman étonnant et réussi dont on sent rapidement qu'il contient bien plus que ce qu'il révèle de prime abord. </div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
La construction classique en chapitres alternés orchestre la rencontre Klaus Grimon, un plasticien, qui souffre d'un acouphène continu qui l'empêche moins d'entendre le silence que d'enfin parvenir à communiquer, fils de qui fréquente les milieux branchés sans s'y sentir autre qu'imposteur, connaît tout le monde et ne supporte plus personne et Anna Mardirossian, metteuse en scène qui n'a plus le temps de créer, qui galère pour boucler les fins de mois, des résidences en province, des cours dans des lycées de banlieue et des ateliers en prison, qui tente de se refaire un réseau pour se relancer, qui porte tout le poids du passé de sa famille victime du génocide arménien et tisse une relation fragile avec un fils adolescent. Deux regards qui se complètent, deux visions différentes sur ce milieu clos de l'art contemporain décrit avec acidité, deux façons de se perdre et de tout envoyer en l'air.</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div align="justify">
<span style="color: orangered;">« Les gestes étaient brefs. Les échanges à la fois intenses et subitement avortés, comme gouvernés par une fièvre éruptive. » </span></div>
</blockquote>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
L'écriture simple et rapide, surprenante et affûtée, devient très drôle quand surviennent l'humour et l'ironie des noms de collectifs kitch (Mon Cul C Du Poulet Bio, L'Art Ces Mes Champs), des pseudonymes improbables (L'Igloo, Control Freak, L'Indien sans tribu, Minimal Feelings, RedFlag), des performances absurdes (<i>s</i><i>afe riot</i>, défilé de clochards, masturbation publique — toujours plus loin dans le vulgaire à défaut du subversif) des dialogues laconiques composés de répliques au lance-pierre entre de jeunes artistes qui planent, se parlent sans s'écouter, communiquent sans message. Dialogues qu'on ne peut d'ailleurs s'empêcher de lire à voix haute pour mieux en apprécier la justesse : le théâtre n'est pas loin. Pierre Terzian réussit à être moqueur – presque méchant – avec finesse : l'on rira beaucoup, avec sérieux, et en se défendant bien d'y appartenir, de ce petit milieu où tout le monde se connaît, médit, se place, est désabusé, fréquente les friches et les squats pour des soirées branchées, disserte alcoolisé et les traits cernés sur des « performances hermétiques » et perd un temps fou à remplir des dossiers de demandes de subventions. « — Je suis sûre que tu te touches le soir en répétant “ DRAC, ARCADI, SACD ”. » </div>
<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-LLIB5YyYqow/WbWTrWj1zFI/AAAAAAAAB1A/ULtqDJlf2jkrwy853GNwJMq5BLBXyinDACLcBGAs/s1600/Rosny_sous_Bois_Immeubles_Place_Genevi%25C3%25A8ve.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Rosny_sous_Bois_Immeubles_Place_Geneviève" border="0" data-original-height="427" data-original-width="640" height="426" src="https://1.bp.blogspot.com/-LLIB5YyYqow/WbWTrWj1zFI/AAAAAAAAB1A/ULtqDJlf2jkrwy853GNwJMq5BLBXyinDACLcBGAs/s640/Rosny_sous_Bois_Immeubles_Place_Genevi%25C3%25A8ve.jpg" title="Rosny_sous_Bois_Immeubles_Place_Geneviève" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"></span><br />
<div align="justify">
<span style="color: orangered; font-size: small;">« Les
portes du métro s'ouvrirent sur le quai de marbre resplendissant du
terminus d'une toute nouvelle ligne, conçue pour irriguer de valeur
ajoutée la jungle oubliée. Les gueux et les éclopés de la grande
banlieue allaient bientôt découvrir les sculptures publiques
imperceptibles, les tatouages qui ressemblent à des instructions Ikea et
les sandwichs au tofu. »</span></div>
</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<i>Le dernier cri</i> s'attaque aux discours conceptuels imbus d'eux-mêmes qui confondent gratuité de l'acte et subversion, se noient dans le « flux du délire égotique ». Il interroge l'art et ses codes, le sens qu'il perd lorsqu'il est enfermé dans un discours réducteur ou celui qui apparaît lorsque l’œuvre, les mots ou les actes échappent à la volonté et qu'un public imprévu s'en empare, se l'approprie et le déploie. Il questionne « l'idéologie du poisson d'avril » (citation d'Antoine Mouton en exergue), la viralité de la communication et l'éphémère des icônes dans une société où chacun « a complètement absorbé la logique du marketing et l'applique à ce qu'il a de plus intime » et pointe du doigt la fracture actuelle entre discours et réalité. N'est pas absente la langue de bois politicienne, montrée dans toute son absurdité lors d'une scène d'attaque par des « jeunes de banlieue » d'une tour vide de Rosny-sous-Bois transformée en « Forteresse Volante » destinée à ancrer l'art dans le territoire et devenir une résidence d'artiste en quartier sensible. — Passage qui rappelle la nouvelle « Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes », dans le recueil du même titre de Julien Campredon aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, dans laquelle des employés défendent chaque nuit avec férocité un musée contre les attaques de punks déterminés, par dévotion pour les fonctionnaires et administrateurs qui évoluent avec grâce dans ses bureaux et salles, tels des elfes délicats et cultivés. </div>
<div>
<br /></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-fYu-QxPPTOA/WbWU8PH2t5I/AAAAAAAAB1M/KsR2eBh8vE0pW08e4C4XCtRIui3LEjETgCLcBGAs/s1600/pierre%2Bterzian%252C%2Bcrevasse%252C%2Bquidam%2Bediteur%252C%2Ble%2Bchant%2Bdu%2Bmonstre%252C%2Bil%2Bparait%2Bque%2Bnous%2Bsommes%2Ben%2Bguerre%252C%2Bsun-sun.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="pierre terzian, crevasse, quidam editeur, le chant du monstre, il parait que nous sommes en guerre, sun-sun" border="0" data-original-height="480" data-original-width="720" height="426" src="https://2.bp.blogspot.com/-fYu-QxPPTOA/WbWU8PH2t5I/AAAAAAAAB1M/KsR2eBh8vE0pW08e4C4XCtRIui3LEjETgCLcBGAs/s640/pierre%2Bterzian%252C%2Bcrevasse%252C%2Bquidam%2Bediteur%252C%2Ble%2Bchant%2Bdu%2Bmonstre%252C%2Bil%2Bparait%2Bque%2Bnous%2Bsommes%2Ben%2Bguerre%252C%2Bsun-sun.png" title="pierre terzian, crevasse, quidam editeur, le chant du monstre, il parait que nous sommes en guerre, sun-sun" width="640" /></a></div>
<br />
<br />
<div align="justify">
Pierre Terzian, écrivain et metteur en scène, est important dans l'histoire de sun/sun puisque sa rencontre en 2012 suite à Crevasse, premier roman paru chez Quidam éditeur, avec le trio éditorial constitué de Sophie Duc, Angélique Joyau & Céline Pévrier donne lieu à la publication de <i>À manger pour les cailloux</i>, un texte de l'auteur écrit en 2008 « pour la scène et l'oralité » dans le premier numéro du <i>Chant du Monstre</i>, leur revue littéraire et graphique, alors hébergée par les éditions Intervalles. Une affinité de sensibilités qui se confirme avec la parution en 2016, cette fois chez les toutes jeunes sun/sun, de <i>Il paraît que nous sommes en guerre</i>, une lettre ouverte aux terroristes du Bataclan dont je vous invite à lire <a href="http://ericdarsan.blogspot.fr/2016/06/il-parait-que-nous-sommes-en-guerre.html" target="_blank">la recension par Eric Darsan</a>. </div>
<div align="justify">
Le regard profondément humain et fort d'une volonté farouche de créer quelque chose vrai, inscrit dans le réel, sincère et radical que Pierre Terzian pose ici sur des personnages en inadéquation avec un milieu replié sur lui-même ou une société en dérive nous rappelle avec subtilité que s'adapter à un monde qui ne va pas n'est pas un mal nécessaire. </div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-EcDI02tfahU/WbWNO4X0iuI/AAAAAAAAB00/gBOJRFXW3uQ1D-_sTTBBYYzFmxTV8LcMgCEwYBhgL/s1600/Le%2Bdernier%2Bcri%252C%2BPierre%2BTerzian%252C%2Bsun-sun.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le dernier cri, Pierre Terzian, sun/sun éditions, septembre 2017." border="0" data-original-height="843" data-original-width="484" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-EcDI02tfahU/WbWNO4X0iuI/AAAAAAAAB00/gBOJRFXW3uQ1D-_sTTBBYYzFmxTV8LcMgCEwYBhgL/s320/Le%2Bdernier%2Bcri%252C%2BPierre%2BTerzian%252C%2Bsun-sun.png" title="Le dernier cri, Pierre Terzian, sun/sun éditions, septembre 2017." width="183" /></a></div>
<br />
<div>
<h4>
<i>Le dernier cri</i>, Pierre Terzian, sun/sun éditions, septembre 2017.</h4>
</div>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-47044068882400423842017-08-16T12:56:00.001+02:002017-08-16T12:56:39.277+02:00Vingt minutes de silence, Hélène Bessette.<div style="text-align: right;">
<h4>
<span style="color: #cc6600;"><br />
« Les personnages de cette histoire ne sont pas solides, ils s'effondrent. »</span></h4>
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-0WlXOOnPvK4/WZQeSfZlz7I/AAAAAAAAB0g/m-9NzCjF2Cw89J0XZveTzEvqPZp-pxTBgCLcBGAs/s1600/Vingt%2Bminutes%2Bde%2Bsilence%2B-%2BH%25C3%25A9l%25C3%25A8ne%2BBessette%2B-%2BLe%2BNouvel%2BAttila%2B-%2BOthello%2B-%2BPhoto%2BLou%2BDarsan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Vingt minutes de silence - Hélène Bessette - Le Nouvel Attila - Othello - Photo Lou Darsan" border="0" data-original-height="1143" data-original-width="1600" height="456" src="https://4.bp.blogspot.com/-0WlXOOnPvK4/WZQeSfZlz7I/AAAAAAAAB0g/m-9NzCjF2Cw89J0XZveTzEvqPZp-pxTBgCLcBGAs/s640/Vingt%2Bminutes%2Bde%2Bsilence%2B-%2BH%25C3%25A9l%25C3%25A8ne%2BBessette%2B-%2BLe%2BNouvel%2BAttila%2B-%2BOthello%2B-%2BPhoto%2BLou%2BDarsan.jpg" title="Vingt minutes de silence - Hélène Bessette - Le Nouvel Attila - Othello - Photo Lou Darsan" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #cc6600;"> « Ne fais pas la gourde. / Tu ne vas pas pleurer. / Elle pleure. / Elle est complètement folle. / Tu es folle ma fille. »</span> — <i>Atmosphère</i>. Rencontre d'une voix qui remue, une voix limpide et affûtée qui vibre, moque, exacerbe. Qui saisit, dès les premières lignes, les premières pages. Découvrir Hélène Bessette provoque l'étonnement et la stupéfaction : quel est cet objet que je tiens entre les mains ? Face à une écriture inattendue dont l'on ne saurait cerner les limites, le plaisir immédiat d'être déconcertée. Au fil de la lecture ou de la relecture, lors d'un temps que j'appellerai celui de l'imprégnation, arrive un plaisir autrement plus subtil, qui se manifeste par le sentiment d'une porosité. Moins la porosité entre la poésie et le roman – comprise d'emblée à l'ouverture du livre – qu'une porosité en nous lecteurs, qui ressentons entre nous et le texte les vibrations pulsatiles d'une membrane fine qui amplifie souffle, battements et échanges. <i>Vingt minutes de silence</i> exige de nous l'acceptation de notre perméabilité et l'exercice de notre dextérité à la préhension, l'ouverture de nos pores à une sensibilité subversive.</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-Ak9kCZsBuxA/WZQa3slQjJI/AAAAAAAAB0U/vvB8b-PbyPYTv990uSp3BUMvMu_vOLlQgCEwYBhgL/s1600/H%25C3%25A9l%25C3%25A8ne%2BBessette%2B-%2BLe%2BNouvel%2BAttila%2B-%2BOthello%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2B16x9.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Hélène Bessette - Le Nouvel Attila - Othello - Lou Darsan - 16x9" border="0" data-original-height="459" data-original-width="816" height="360" src="https://2.bp.blogspot.com/-Ak9kCZsBuxA/WZQa3slQjJI/AAAAAAAAB0U/vvB8b-PbyPYTv990uSp3BUMvMu_vOLlQgCEwYBhgL/s640/H%25C3%25A9l%25C3%25A8ne%2BBessette%2B-%2BLe%2BNouvel%2BAttila%2B-%2BOthello%2B-%2BLou%2BDarsan%2B-%2B16x9.jpg" title="Hélène Bessette - Le Nouvel Attila - Othello - Lou Darsan - 16x9" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Hélène Bessette, le visage penché, le regard ailleurs, le sourire mystérieux, les mèches folles. Le noir et blanc vaporeux du portrait en couverture se dissimule sous la biographie schématique de la jaquette orange et brun traversée de flèches et conçue par Dominique Bordes. Sur la tranche, une citation de Marguerite Duras et – nom de code pour initiés – le sigle LNB7. <i>Vingt minutes de silence</i> est une renaissance et une histoire de passeurs. Depuis près de soixante ans et l'exclamation de Raymond Queneau à la lecture du manuscrit de Lili pleure (« Enfin du nouveau ! »), l'écriture d'Hélène Bessette est nouvelle, par ses audaces, sa liberté. Une nouvelle inaperçue, aux vies plurielles, tue et oubliée pendant quarante ans. Une nouvelle à qui il a fallu naître, renaître, et renaître encore. Lâchée par Gallimard et la NRF, redécouverte <a href="https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/250717/au-detour-des-livres-3-le-cas-helene-bessette-affaire-non-classee?onglet=full" target="_blank">grâce à Julien Doussinault et rééditée par Laure Limongi</a>, clamée aujourd'hui par le label Othello des éditions Le nouvel Attila de Benoît Virot qui projette de rééditer les œuvres complètes de l'autrice.</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieT3uAa8fFiGpwP_6DCUgGdcUD30SM7NKH-MmSk9S7fUUftcq1v2OoI0hGs6l_tnj23hBTsYup51vnoRvfww2i3_3aswIpUtxealfFvvfy9Rg0FlcZTMFMXCOR5qQIeCVQMZcerqfzSzc/s1600/Revolver.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Revolver" border="0" data-original-height="488" data-original-width="778" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieT3uAa8fFiGpwP_6DCUgGdcUD30SM7NKH-MmSk9S7fUUftcq1v2OoI0hGs6l_tnj23hBTsYup51vnoRvfww2i3_3aswIpUtxealfFvvfy9Rg0FlcZTMFMXCOR5qQIeCVQMZcerqfzSzc/s400/Revolver.jpg" title="Revolver" width="400" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i>Vingt minutes de silence</i> prétexte le roman policier pour assassiner le convenu, brouiller les limites des genres, flouer les frontières de la littérature et celles des êtres. L'intrigue s'inspire d'un fait divers : un millionnaire est abattu dans sa villa au bord de la Manche, les soupçons se tournent vers le fils de quinze ans et la femme infidèle. Figurent donc un revolver, une bougie, un fils, une mère, un père et Rose Trémière (la bonne). Rajoutons le commissaire, le journaliste, la libraire. Les empreintes, le jardin des voisins, un feu dans le vestibule, un bâton à lessive, une ligne téléphonique sectionnée et un doute sur les lumières allumées. <span style="color: #cc6600;">« — Où avez-vous caché le revolver ? demande la police. […] / L'enfant-bibliothèque. / La mère-linge. / Rose Trémière-auto. / Ou tout ce qu'on peut imaginer comme réponse en mélangeant ces six mots. »</span> La mère était : endormie, réveillée. Le père, dans son lit, en randonnée. (<span style="color: #cc6600;">« SANS FIN. </span>») Posés comme une équation mathématique, un <i>Poème des données</i>, un <i>Poème des questions</i> et un <i>Poème des solutions</i> résument et décortiquent l'enquête et les faits. L'on voudrait nous faire croire aux scrupules méticuleux du rapport. La linéarité disparaît au profit des contradictions, des reprécisions, des rétractations, des témoignages sujets à caution, des thèses reformulées, du doute qui subsistera bien que :</div>
<div>
<span style="color: #cc6600;"> « La victime est vivante. / Le coupable est mort. / Tout est pour le mieux, / Justice est faite. / Et pourquoi faut-il à tout prix faire justice ? »</span><br />
<br />
<table border="0" cellpadding="10" cellspacing="0"><tbody>
<tr valign="top"> <td style="color: saddlebrown; width: 400px;">« Tu ne vas pas pleurer : <br />
parce que le jour baisse<br />
parce que l'année baisse, <br />
parce que : octobre baisse. <br />
[…] <br />
On n'éclate pas en sanglots parce que la foule passe et dépasse hâtive et silencieuse<br />
dans un soir qui baisse, <br />
dans un six heures attardé, <br />
dans une année achevée, <br />
dans un mois morose et mourant. »</td><td style="color: saddlebrown; width: 400px;">« Depuis si longtemps<br />
<div align="right">
L' A N G O I S S E.</div>
est apparue, s'est levée,<br />
dans le ciel de sa vie, bouchant l'horizon,<br />
barrant la rue,<br />
aveuglante,<br />
terrifiante,<br />
sans réplique,<br />
annihilante,<br />
humiliante,<br />
l'aenngéoidezesseeu. »</td> </tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Avant les données, l'<i>Atmosphère</i>, entre questions et solutions, <i>L'angoisse</i>. Chapitres entre, hors, à-côtés — centraux. Atmosphère et angoisse, sœurs siamoises qui suscitent l'inconfort. Malaise. Hélène Bessette joue avec les apparences, détourne les clichés, retourne l'innocence. A la face de ceux. Qui. N'ont. Pas. Tué. — <span style="color: #cc6600;">« Il y a un décalage dans le décor. Et se décalage est V I S I B L E. »</span> Elle crible à l'acide l'hypocrite famille bourgeoise. Qui se voile la face sur l'angoisse. Sur la haine en son sein. Qui se drape de convenances. Le « bourgeois moyen » et ses « vingt siècles de philosophie chrétienne ». Le père « qui n'a qu'un dos » et son argent de collabo qui dort à la banque. La mère et ses amants, son désir ancien d'avortement. L'enfant seul et sans amour. <span style="color: #cc6600;">« Un enfant qui tue son père est équilibré, il sait ce qu'il fait : il tue son père. Et il a des raisons de le faire, de bonnes raisons »</span>. Tragique antique et provocation, meurtre de l'ordre moral et du roman bourgeois. Jeux typographiques, « décalages “expressifs” »<a class="sdfootnoteanc" href="https://www.blogger.com/null" name="sdfootnote1anc">1</a>, sauts de lignes et de pages, phrases courtes, changements de casse, ponctuation libre. Quelle valeur accorder à une vérité arrachée, extirpée, déformée, à la société d'après-guerre, à la littérature ? Bessette interroge l'honnête lecteur par le sujet et par la forme. Elle confronte à la mort, au corps soudain sans vie, et explore le déséquilibre d'après dans une œuvre subversive qui ne veut plus distinguer roman et poésie.</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-QY_-vZWBRXY/WZQYqslU89I/AAAAAAAAB0A/xrj-AFmxw18SqFA_JfxK5lbeF0gnu5pHACLcBGAs/s1600/Vingt%2Bminutes%2Bde%2Bsilence%2B-%2BH%25C3%25A9l%25C3%25A8ne%2BBessette%2B-%2BLe%2BNouvel%2BAttila%2B-%2BOthello%2B-%2BLou%2BDarsan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Vingt minutes de silence - Hélène Bessette - Le Nouvel Attila - Othello - Lou Darsan" border="0" data-original-height="1175" data-original-width="800" height="400" src="https://3.bp.blogspot.com/-QY_-vZWBRXY/WZQYqslU89I/AAAAAAAAB0A/xrj-AFmxw18SqFA_JfxK5lbeF0gnu5pHACLcBGAs/s400/Vingt%2Bminutes%2Bde%2Bsilence%2B-%2BH%25C3%25A9l%25C3%25A8ne%2BBessette%2B-%2BLe%2BNouvel%2BAttila%2B-%2BOthello%2B-%2BLou%2BDarsan.jpg" title="Vingt minutes de silence - Hélène Bessette - Le Nouvel Attila - Othello - Lou Darsan" width="271" /></a></div>
<br />
<div id="sdfootnote1">
<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/null" name="sdfootnote1sym">1</a>. Selon l'expression de Michel Butor dans la préface de <span style="font-style: italic;">Calligrammes</span> d'Apollinaire, éd. Gallimard, 1966.<br />
<br />
<h4>
<i>Vingt minutes de silence</i>, Hélène Bessette, label Othello, éditions Le Nouvel Attila, mai 2017.</h4>
<h4>
</h4>
</div>
</div>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-43510377173282444932017-04-22T00:42:00.000+02:002017-04-22T19:23:46.744+02:00Corp/us : traduire est un geste.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-24aXP6k7nj0/WPDpX61WVOI/AAAAAAAABpo/fxjTJ3N8xUg5QnS3Fmhztd0T18AHwCQGgCLcB/s1600/Poemes-affiches-Corpus.gif" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://4.bp.blogspot.com/-24aXP6k7nj0/WPDpX61WVOI/AAAAAAAABpo/fxjTJ3N8xUg5QnS3Fmhztd0T18AHwCQGgCLcB/s1600/Poemes-affiches-Corpus.gif" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br />
En mars dernier, les <a href="https://editionsisabellesauvage.wordpress.com/corpus/" target="_blank">éditions Isabelle Sauvage ont lancé la collection corp/us</a> avec une première série de publications panafricaines, qui regroupe un recueil de poésie et cinq coffrets qui contiennent chacun un poème-affiche et un disque qui donne à entendre le poème lu dans sa langue originale puis dans sa traduction française, les deux versions s'entrelaçant ensuite en duo dans une création sonore.<span style="color: saddlebrown;"> « corp/us prend corps en voix ; s’écrit en plis de paroles se déployant, incarnées, sonores ; existe dans ces gestes de langue s’accomplissant entre les langues, au vif du dire. corp/us rêve une sphère déboussolée où se dessinerait une nouvelle cartographie de l’être – déplacé – au monde. »</span> Dans ce très beau manifeste s'affirme la ligne de la collection, une volonté de sublimer le passage d'une langue à l'autre, de porter le poème plus haut, plus fort, par la multiplicité des voix qui, le disant, se répondent. Un projet porté en elle depuis longtemps par Sika Fakambi, créatrice et directrice de la collection, et traductrice littéraire (<i>Notre quelque part</i> de Nii Ayikwei Parkes et <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.de/2015/09/love-is-power-Igoni-Barrett.html" target="_blank"><i>Love is Power, ou quelque chose comme ça</i> de A. Igoni Barrett</a> aux éditions Zulma ; <i>Georgia</i> et <i>Carnet Bartleby</i> d'Andrew Zawacki aux éditions de l’Attente).</div>
<table align="center"><tbody>
<tr> <td><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-s8e3ybssgLs/WPDpXXSmJzI/AAAAAAAABpY/qrHbCe_D_nwEafHJ5DgSCrOnzBGdEx_3ACLcB/s1600/La-pri%25C3%25A8re-de-mon-p%25C3%25A8re%252C-Kofi-Awoonor%252C-Sika-Fakambi.jpg" imageanchor="1"><img alt="La prière de mon père de Kofi Awoonor, traduit par Sika Fakambi" border="0" height="360" src="https://2.bp.blogspot.com/-s8e3ybssgLs/WPDpXXSmJzI/AAAAAAAABpY/qrHbCe_D_nwEafHJ5DgSCrOnzBGdEx_3ACLcB/s640/La-pri%25C3%25A8re-de-mon-p%25C3%25A8re%252C-Kofi-Awoonor%252C-Sika-Fakambi.jpg" title="La prière de mon père de Kofi Awoonor, traduit par Sika Fakambi" width="640" /></a></div>
</td> </tr>
<tr> <td center="" style="text-align: center; vertical-align: top;" text-align:="center"><h3>
<i>La prière de mon père</i> de Kofi Awoonor, traduit par Sika Fakambi. </h3>
<audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=0B9PGn_oWrd7jTUNtYjRVLXhZa1E"> La balise audio n'a pu être lue, votre navigateur n'est peut-être pas à jour. </audio><br />
<div style="text-align: center;">
Extrait : lecture de la version originale (anglais).</div>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br />
Danser. Danser, entre les langues, avec les mots, danser sur le feu des poèmes, danser pour propager l'onde, la vibration. Traduire, pour donner corps au texte et à la langue. <span style="color: saddlebrown;">« Traduire dans une urgence, se dire que le texte doit exister dans mon corps, dans ma bouche, dans ma langue, que je le façonne pour moi, en moi, mais le faire pour [l'auteur], pour lui envoyer son poème dans une autre langue, la mienne. » (1)</span> Traduire dans un geste qui répond au geste de l'auteur qui écrit vers nous, lecteurs. L'écriture, en un mouvement : lire, se laisser traverser, submerger, et dans le même temps écrire pour redonner. Il y a ce regard et cet élan, élan dirigé vers l'autre, qu'il soit l'auteur ou le lecteur inconnu, et vers soi-même, vers une compréhension affinée de soi. <span style="color: darkolivegreen;">« Un tout qui quitte l'intérieur de l'auteur pour rejoindre un extérieur ouvert à tous, et enfin pénétrer l'intimité d'un lecteur, en d'incessants va-et-vient qui traversent les frontières de l'intime et de l'extime. » (2)</span> Rechercher, par et dans l'écriture du texte de l'autre de ce qu'il a modifié en nous. Pourquoi ce tremblement, pourquoi ce <i>saisissement</i>, comment le retranscrire, comment l'explorer d'abord, puis le partager, le transmettre. — <span style="color: darkolivegreen;">« Énergie cinétique — décuplons le mouvement, transmettons l'uppercut. » (2)</span></div>
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-GIpUYBZVQ2Y/WPDpXsdTenI/AAAAAAAABpc/_brLos_TCjsWToZdSl0PnGQZuDqZh1y-QCLcB/s1600/Negus_Florence-Boudet_Sebastien-Salom-Gomis.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-GIpUYBZVQ2Y/WPDpXsdTenI/AAAAAAAABpc/_brLos_TCjsWToZdSl0PnGQZuDqZh1y-QCLcB/s400/Negus_Florence-Boudet_Sebastien-Salom-Gomis.jpg" title="Negus de Kamau Brathwaite, traduit par Sika Fakambi" width="300" /></a></div>
</td> <td valign="top" width="500"><h3 style="text-align: center;">
<i>Negus </i>de Kamau Brathwaite, traduit par Sika Fakambi.<br />
</h3>
<div style="text-align: center;">
Extrait : lecture croisée de la version originale (anglais) et traduite (français).</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=0B9PGn_oWrd7jVUFLdkl1WlZlR2M"> La balise audio n'a pu être lue, votre navigateur n'est peut-être pas à jour. </audio></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: saddlebrown;">« Ça n’est pas<br />
ça n’est pas<br />
ça n’est pas assez<br />
d’être arrêt, d’être béance<br />
d’être vide, d’être coi<br />
d’être point-virgule, d’être semi-colon, semi-colonie ;<br />
lance-moi la pierre<br />
qui confondra le vide<br />
trouve-moi la rage<br />
et je raserai la colonie<br />
comble-moi de mots<br />
et j’aveuglerai ton Dieu. »</span></blockquote>
</td></tr>
<tr><td><br /></td> </tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: saddlebrown;">« Le temps de la traduction peut aussi être un saisissement, comme le temps de l'écriture. » (3)</span> Sika Fakambi nous rappelle avec corp/us l'essence même de la traduction : être touchée, bouleversée, modifiée par un texte, et le livrer à d'autres, avec sa sensibilité, son histoire et ses propres mots au plus proche de ceux de l'auteur, les transposer avec plaisir dans sa langue, dans une autre forme de pensée. Avec corp/us, la traduction dépasse l'écriture et devient voix qui prolonge l'écrit pour interroger plus loin encore le subtil et complexe rapport à soi et à l'autre, de façon à la fois plus intime, plus forte, plus politique aussi — comme est politique l'acte d'afficher les poèmes sur les murs. Il y a, dans ces coffrets, une volonté de faire circuler la parole, de « ramener la poésie au cœur de la cité » en mettant en scène le poème, de le livrer dans toute sa puissance évocatrice, par la lecture publique, par l'affiche, par les langues qui résonnent en duo sur les disques. </div>
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-bIpLWlRJu_Q/WPDpXJEGpZI/AAAAAAAABpM/3n_jMCojG_AyIhQfAfzHLvl7iYHblBG_wCLcB/s1600/Half%2Ba%2Blime%252C%2BNii%2BAyikwei%2BParkes%252C%2BSika%2BFakambi_2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0em; margin-right: 0em;"><img alt="" border="0" height="266" src="https://4.bp.blogspot.com/-bIpLWlRJu_Q/WPDpXJEGpZI/AAAAAAAABpM/3n_jMCojG_AyIhQfAfzHLvl7iYHblBG_wCLcB/s400/Half%2Ba%2Blime%252C%2BNii%2BAyikwei%2BParkes%252C%2BSika%2BFakambi_2.jpg" title="La moitié d’un citron vert de Nii Ayikwei Parkes, traduit par Sika Fakambi" width="400" /></a></div>
</td> <td><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-4QTLFXIWwU4/WPDpXFngdgI/AAAAAAAABpU/Xvwii8MK6gMn2Ov2-mZNo_y0WhgLxPaVACLcB/s1600/Half%2Ba%2Blime%252C%2BNii%2BAyikwei%2BParkes%252C%2BSika%2BFakambi.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0em; margin-right: 0em;"><img alt="" border="0" height="266" src="https://2.bp.blogspot.com/-4QTLFXIWwU4/WPDpXFngdgI/AAAAAAAABpU/Xvwii8MK6gMn2Ov2-mZNo_y0WhgLxPaVACLcB/s400/Half%2Ba%2Blime%252C%2BNii%2BAyikwei%2BParkes%252C%2BSika%2BFakambi.jpg" title="La moitié d’un citron vert de Nii Ayikwei Parkes, traduit par Sika Fakambi" width="400" /></a></div>
</td> </tr>
<tr><td valign="top" width="400"><h3 style="text-align: center;">
<i>La moitié d’un citron vert</i> de Nii Ayikwei Parkes, traduit par Sika Fakambi.</h3>
<div style="text-align: center;">
Extrait : lecture croisée de la version originale (anglais) et traduite (français).</div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=0B9PGn_oWrd7jT1Ixel92dm1tazg"> La balise audio n'a pu être lue, votre navigateur n'est peut-être pas à jour. </audio></div>
</td><td valign="top" width="400"><span style="color: saddlebrown;">« Lui, attend. L'air qu'il fredonne, je l'aime ;<br />
un solo de Jimmy Smith aux harmonies de ténor.<br />
Silence, et me tend sa tasse encore intacte.<br />
Nous parlerons en sirotant le thé brûlant. »<br />
« And this week, I buy seven perfect limes. One<br />
for every new day. I will slice them in two<br />
each morning, squeeze one half for me, and one<br />
half into an empty cup. For the memories. »</span></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br />
Cinq poèmes qui ne peuvent pas laisser indifférents. Cinq voix dont on se rappelle l'instant où on les a, pour la première fois, entendues, dans <a href="http://www.la-dameblanche.fr/" target="_blank">un café de Port-Louis</a>. Les voix successives, mêlées. Les langues — maternelles. Langue de la mère, deux fois. Langue de ta mère, langue de la mienne. Langues mêlées. La voix de Nii Ayikwei Parkes aux intonations marquées, la voix vibrante de Sika Fakambi. Deux voix chaudes. Les mots vibrent dans l'air. Recevoir, en deux langues. Recevoir deux fois, plus fort. Cinq poèmes, lus deux fois et deux fois reçus. À la troisième, sur le disque, les mots déjà sont mémorisés, se sont gravés, et déjà notre voix nous échappe presque pour se joindre aux deux autres. Ne pas oublier ces mots, le frisson, quelque chose qui se déploie, qui vient des entrailles, de profondeurs de soi, qui par nous qui recevons s'inscrit dans la mémoire collective.</div>
<br />
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-PbqeAaK_L50/WPDpX6Wx2cI/AAAAAAAABpk/NiaP2BVs2HsZOO1ztDRLweuWqY4TJIjOACLcB/s1600/Notre%2BVoix%252C%2BNo%25C3%25A9mia%2Bde%2BSousa%252C%2BElisabeth%2BMonteiro%2BRodrigues%252C%2BCorpus_Lou%2BDarsan%2B03-640.jpg" imageanchor="1" style="margin-bottom: 0em; margin-left: 0em; margin-right: 0em;"><img alt="" border="0" height="300" src="https://2.bp.blogspot.com/-PbqeAaK_L50/WPDpX6Wx2cI/AAAAAAAABpk/NiaP2BVs2HsZOO1ztDRLweuWqY4TJIjOACLcB/s400/Notre%2BVoix%252C%2BNo%25C3%25A9mia%2Bde%2BSousa%252C%2BElisabeth%2BMonteiro%2BRodrigues%252C%2BCorpus_Lou%2BDarsan%2B03-640.jpg" title="Notre voix de Noémia de Sousa, traduit par Elisabeth Monteiro Rodrigues" width="400" /></a></div>
</td><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-hFIdhBVEGUY/WPDpXmudgWI/AAAAAAAABpg/XjLmGDxwGlUfEKBani6LHjlv68fuBL4RACLcB/s1600/Notre%2BVoix%252C%2BNo%25C3%25A9mia%2Bde%2BSousa%252C%2BElisabeth%2BMonteiro%2BRodrigues%252C%2BCorpus_Lou%2BDarsan%2B01-640.jpg" imageanchor="1" style="margin-bottom: 0em; margin-left: 0em; margin-right: 0em;"><img alt="" border="0" height="300" src="https://1.bp.blogspot.com/-hFIdhBVEGUY/WPDpXmudgWI/AAAAAAAABpg/XjLmGDxwGlUfEKBani6LHjlv68fuBL4RACLcB/s400/Notre%2BVoix%252C%2BNo%25C3%25A9mia%2Bde%2BSousa%252C%2BElisabeth%2BMonteiro%2BRodrigues%252C%2BCorpus_Lou%2BDarsan%2B01-640.jpg" title="Notre voix de Noémia de Sousa, traduit par Elisabeth Monteiro Rodrigues" width="400" /></a></div>
</td></tr>
<tr><td valign="top" width="400"><h3 style="text-align: center;">
<i>Notre voix</i> de Noémia de Sousa, traduit du portugais par Elisabeth Monteiro Rodrigues.</h3>
<span style="color: saddlebrown;">« nossa voz África<br />
nossa voz cansada da masturbação dos batuques da guerra<br />
nossa voz gritando, gritando, gritando! »</span></td><td valign="top" width="400"><div style="text-align: center;">
Extrait : lecture de la version originale (portugais).</div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=0B9PGn_oWrd7jS2RzbU5xZVpEdms"> Votre navigateur n'est pas à jour ! </audio></div>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Par-delà les continents, les langues et les années, l'émotion
se propage et gagne en énergie, en vivacité. Être bouleversée par
les mots portugais de Noémia de Sousa. Entendre clamer sa voix dans
celle d'Élisabeth Monteiro Rodrigues qui l'a traduite, et dans les
voix des femmes qui la lisent. La force des voix, portant la voix
d'une seule, une très jeune femme mozambicaine de la fin des années
40. Dans ces voix d'aujourd'hui, le passé des voix qui les ont
précédées. Des voix qui portent mémoire, relayée par des voix
qui transmettent, qui diffusent, élargissent le cercle de ceux qui
reçoivent. Poèmes corporels, corps qui relaient, de l'oreille à la
main, de la main à la bouche. Corps relais des poèmes-corps. <i>Où
j'apprends à ma mère à donner naissance</i>, <i>Notre voix</i>,
<i>Blood money (remix)</i>, <i>Negus</i>, <i>La prière de mon père</i>,
<i>La moitié d'un citron vert.</i> Ces poèmes, tous, ont une
immense puissance d'évocation, une puissance incantatoire, une
puissance mémorielle. Invoquer le souvenir du père, deux fois.
Invoquer l'esclavage, invoquer la colonie, invoquer l'exil et la
déportation. Invoquer les corps des disparues, les voix des disparus
et en un poème : renaissance. Invoquer le corps des femmes, des
mères, des sœurs, des tantes et des grands-mères, leurs sexes,
leurs désirs consumés, leurs peurs, leurs fuites, leurs maladies.
Transmission d'un passé, d'une image, d'une colère, d'un souffle de
liberté.
</div>
<br />
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-ui9xu8-YsNY/WPDpXL0hspI/AAAAAAAABpQ/H92N93TaLOUrfSy17tEILy3ipgObTkXYgCLcB/s1600/Blood-money-%2528remix%2529%252C-Maud-Sulter%252C-Sika-Fakambi.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="360" src="https://4.bp.blogspot.com/-ui9xu8-YsNY/WPDpXL0hspI/AAAAAAAABpQ/H92N93TaLOUrfSy17tEILy3ipgObTkXYgCLcB/s640/Blood-money-%2528remix%2529%252C-Maud-Sulter%252C-Sika-Fakambi.jpg" title="Blood money (remix) de Maud Sulter, Le prix du sang (remix) traduit par Sika Fakambi, Blutgeld (remix) traduit par Anna-Lisa Dieter" width="640" /></a></div>
</td></tr>
<tr><td><h3 style="text-align: center;">
<i>Blood money (remix)</i> de Maud Sulter.</h3>
<h3 style="text-align: center;">
Traduit en français par Sika Fakambi et en allemand par Anna-Lisa Dieter.</h3>
<div style="text-align: center;">
Extrait : lecture de la version traduite (allemand).</div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=0B9PGn_oWrd7jcTE1OE9KVXNSTW8"> La balise audio n'a pu être lue, votre navigateur n'est peut-être pas à jour. </audio></div>
<blockquote>
<span style="color: saddlebrown;">« There’s no way I can make this poem rhyme. Would you? <br />
Monique may be near you right now. She haunts me. Now, close your eyes and imagine a German. Close your eyes and imagine, a Belgian, a Muslim, a Protestant, a Croat, a Celt, a Bosnian, a Jew, a Slave, a Pole, a Canadian, a Catholic, don’t stop, the list is as endless as the human race ... »</span></blockquote>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Déclamation, les mots et les voix qui butent. Qui ne sortent pas.
Pour dire le refus, la colère. Pour dire « esclavage »,
« colonie », « déportation ». Oralité,
scansion, encore. Des murmures en arrière-plan. Un chant, un cri. Le
poème enflé par la superposition des voix. Puis, connaître
l'intimité et la sensualité d'un petit matin. Affronter les lignes
qui s'extirpent, qui extraient, qui arrachent, montrent. Se saisir de
la voix du poète, la faire nôtre, sentir en nous gonfler les mots
de l'autre jusqu'à ce qu'ils se déversent de nous, imprégnés de
nous, modifiés, transformés, sublimés par l'alchimie interne, par
le contact du fer et du feu de nos corps creusets.</div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-06JImJ3qQZY/WPDpYIv2zvI/AAAAAAAABps/lqiUESSLLm4atXP-1-8wp5KTM0_UfK5pQCLcB/s1600/Poemes-affiches-Corpus.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="192" src="https://4.bp.blogspot.com/-06JImJ3qQZY/WPDpYIv2zvI/AAAAAAAABps/lqiUESSLLm4atXP-1-8wp5KTM0_UfK5pQCLcB/s640/Poemes-affiches-Corpus.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
(1) Extrait de "Au singulier", rubrique de l'émission <i>Nouvelles vagues</i> de Marie Richeux, diffusée le 23 juin 2016 sur France Culture : <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/au-singulier/sika-fakambi-45-negus" target="_blank">https://www.franceculture.fr/emissions/au-singulier/sika-fakambi-45-negus</a><br />
<br />
(2) Extrait de <a href="http://www.editionsdelogre.fr/news/view/Renverser-les-grilles-de-lecture-donner-lieu-faire-place-etre-turbulentes-assemblees-Manifestes-par-Lou-et-Eric-Darsan" target="_blank"><i>Renverser les grilles de lecture, donner lieu, faire place, être turbulent·e·s, assemblé·e·s. Manifestes.</i></a> par Lou et Eric Darsan, sur l'antre de l'Ogre. <br />
<br />
(3) Extrait de <i>La danse des mots</i>, émission d’Yvan Amar, diffusée le vendredi 24 mars 2017 sur RFI : <a href="http://www.rfi.fr/emission/20170324-corpus-collection-sika-fakambi-isabelle-sauvage" target="_blank">http://www.rfi.fr/emission/20170324-corpus-collection-sika-fakambi-isabelle-sauvage</a> <br />
<br />
Graphisme affiche : Florence Boudet<br />
Crédits photos : Sébastien Salom-Gomis<b>. </b>Pour <i>Notre voix</i> : Lou Darsan.<br />
<div class="m_7553665748420593047qtdSeparateBR" dir="ltr" id="m_7553665748420593047yui_3_16_0_ym19_1_1491666626728_113361">
Création sonore : <i>Samuel Lietmann</i>. Pour <i>Negus</i> : Création sonore : <i>Célio Paillard </i>/ Arrangements : <i>Samuel Lietmann</i></div>
<div class="m_7553665748420593047qtdSeparateBR" dir="ltr" id="m_7553665748420593047yui_3_16_0_ym19_1_1491666626728_113361">
</div>
<div class="m_7553665748420593047qtdSeparateBR" dir="ltr" id="m_7553665748420593047yui_3_16_0_ym19_1_1491666626728_113361">
Un grand merci à Sika Fakambi, Florence Boudet et Samuel Lietmann pour le partage généreux de ces visuels et extraits sonores ! </div>
<br />Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-35365375796655462662017-03-30T19:43:00.000+02:002017-03-30T19:43:24.517+02:00Aquerò, Marie Cosnay.<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: darkgreen;">« Cime des arbres avec ciel rouge du dessus, grotte aux trésors, ça faisait le décor, le vôtre et le mien, nous étions, souvenons-nous, ratatinées, nous étions, corps minuscules, ratatinées et perchées, à couvert et découvert, parfois dans toute l'harmonie on entendait le son discordant d'une histoire. »</span></blockquote>
<br />
<div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-sgpi7b72ndM/WN1CO-iv9II/AAAAAAAABnM/UoCpUsrYRx0Bg55b0U2XDJa2Qmiw79WHwCLcB/s1600/Aquero%252C%2BMarie%2BCosnay%252C%2B%25C3%25A9ditions%2Bde%2Bl%2527Ogre_Lou_Darsan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Aquero, Marie Cosnay, éditions de l'Ogre_Lou Darsan" border="0" height="358" src="https://1.bp.blogspot.com/-sgpi7b72ndM/WN1CO-iv9II/AAAAAAAABnM/UoCpUsrYRx0Bg55b0U2XDJa2Qmiw79WHwCLcB/s640/Aquero%252C%2BMarie%2BCosnay%252C%2B%25C3%25A9ditions%2Bde%2Bl%2527Ogre_Lou_Darsan.jpg" title="Aquero, Marie Cosnay, éditions de l'Ogre_Lou Darsan" width="640" /></a></div>
<br />
<br /></div>
<div align="justify">
Le retour sur la route d'enfance, deux bruits — un « bruit-chien » et un bruit de tonnerre. Le chien est une biche qui surgit. La foudre frappe, une fois. « Terreur sacrée de biche. » Dégringolade. Alors, une grotte, la mousse, le bleu par la fente en haut, les rêves. Fantasmagories. Fées, déesses, dryades, sirènes, nymphes des bosquets, « tu parles ». Vierge aux mains usées par la lessive. Filles fadettes, moineaux moiselles. Ces filles qui apparaissent, filles aux visions, filles qui vont au miracle « simples et sans couronnes ». Femme, corps apparition ou corps voyant, qui dit, qui tait, corps caché, un voile et des roses jaunes sur les pieds, corps vu par seule celle qui voit et que l'on fait taire. Me souvenir fugace, dans cette grotte moussue peuplée de peurs, de vents et d'apparitions, de « la femme sans honte et toute blanche dans la forêt » qui disait : « Femmes, femmes, mes sœurs. » — derrière elle, voici Cassandre et Proserpine, et Bernadette fille-moineau qui sur la rive gauche du Gave ramasse des os et du bois mort.</div>
<div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: darkgreen;"> « Moineau parmi les moineaux. Moineaux nous nous égaillons entre canal et Gave.</span><br />
<span style="color: darkgreen;"> Il y a là des gisements et des arbres qui n'ont pas bonne mine.</span><br />
<span style="color: darkgreen;"> Nous moineaux, robes déchirées, tabliers par-dessus, fichu sur la tête, en dispute de moineaux, nous allons ramasser les branches.</span><br />
<span style="color: darkgreen;"> Moineau parmi les moineaux et fille parmi les filles. Je devenais l'une ou l'autre, au choix, camarade de Bernadette ou Bernadette elle-même. Toutes poucettes perdues entre canal et Gave. »</span></blockquote>
</div>
<div>
</div>
<div align="justify">
Au centre, l'extase féminine — qui dérange. Autour, cercle de vautours, les hommes « de pouvoir légal et de chaussures pointues » penchent et hochent leurs têtes doctes. Hommes-autorités. Qui arrachent les mots sans voir les images, déforment, détournent, écartèlent l'esprit, interrogent questionnent tranchent contrôlent. L'extase dépossédée, dépourvue de toute extase, car décortiquée, classée, jugée, catégorisée. Soit c'est sainte, soit c'est <i>petite merdeuse petite pute folle ivrognasse</i>. Sorcière, qui a vu le diable. (Le soupçon, toujours de vénalité, de luxure, de diablerie.) Sorcière, ce n'est pas dit ici, mais c'était il n'y a pas si loin. (L'on se souvient bien. Femme brûlée, fouettée, torturée pour parole pour vision pour soupçon pour contrôle.) Femme qui voit qui ne dit pas, corps saisi d'effroi de lumière d'amour ou de peur, que l'on (et l'on dans l'histoire est masculin) fait voir ceci et dire cela. La langue interdite de la petite Bernadette qui sait ce qu'elle a vu et que l'on n'écoute pas. Sa parole corrigée, car les mots sont ceux des hommes qui écrivent interprètent notent rapportent : aux commissaires aux préfets aux abbés aux curés — les mots des hommes qui rapportent ne sont pas en patois.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-1EtE3wBcXXE/WN0_XOVndcI/AAAAAAAABnA/xVIYCvj1hqgXrlP0FcRdSScWXaE6fUK2wCLcB/s1600/Aquero%252C%2BMarie%2BCosnay%252C%2B%25C3%25A9ditions%2Bde%2Bl%2527Ogre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Aquero, Marie Cosnay, éditions de l'Ogre" border="0" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-1EtE3wBcXXE/WN0_XOVndcI/AAAAAAAABnA/xVIYCvj1hqgXrlP0FcRdSScWXaE6fUK2wCLcB/s400/Aquero%252C%2BMarie%2BCosnay%252C%2B%25C3%25A9ditions%2Bde%2Bl%2527Ogre.jpg" title="Aquero, Marie Cosnay, éditions de l'Ogre" width="302" /></a></div>
</div>
<div>
<br /></div>
<div align="justify">
Dans <i>Aquerò</i>, une femme tombe, donc, dans une grotte. Elle rétrécit, comme Alice. Rêve. D'une jeune fille blonde, d'une brune en saroual, d'une autre qui se baigne nue dans le Gave. De morts que la marée découvre. De Bernadette Soubirous et des apparitions de Lourdes, en 1858 ; de ce que Bernadette nomme « aquerò », « quelque chose en forme d'une demoiselle », une lumière qui lui chuchote des secrets dans le trou d'une grotte. Rêves, visions, souvenirs, vie de sainte : les fils se croisent. Tout s'enchevêtre et chavire. L'infirmerie du collège, la vie de Bernadette donnée à lire par une religieuse, une « apparition au turban » qui chevauchait une mobylette sur le parvis de l'église, la fièvre qui contamine l'adolescence, la peur des « miracles qui vont jusqu'au bout », le vent dans les rideaux d'une chambre et celui qui pousse Bernadette vers la grotte. Les antiquités classiques et les Vénus magdaléniennes, les mammouths, les bisons, les danses macabres et le pont de l'épée. Il y a, chez Marie Cosnay, des métamorphoses qui se produisent jusqu'au cœur de la langue. Son écriture toute de ruptures et d'images détourne subanstantifs et adjectifs, insiste, souligne, répète. Elle avance par vagues, par spirales, s'enroule et revient sur elle-même, un peu plus loin, plus resserrée, plus précise. — « Négligé me brise en morceaux. » Elle nous emporte dans ses flux et ses reflux, nous attire au creux d'elle, au plus intime de ses phrases, de ses silences, de ses visions. Marie Cosnay tisse avec une intelligence sensible l'Histoire, la littérature, le politique et l'intime, et les circonvolutions étranges des motifs qu'elle nous livre fascinent et bouleversent comme un songe de fièvre qui échappe aux tentatives de le figer à l'éveil.<br />
</div>
<div>
<blockquote>
<span style="color: darkgreen;"> « C'est que ça attaque les fondements, un peu comme si tu avais des petits (lapins, bébés de biche, moineaux) : ça te les détruirait l'un après l'autre. La tourterelle dans le champ, toujours la même, tant que les chasseurs ne l'ont pas attrapée au plomb ? Chacune des plus petites choses produites, un chasseur l'attrape au plomb, destruction systématique et fatale de chacune des plus petites choses, lapines et moineaux, pas de pardon.</span><br />
<span style="color: darkgreen;"> Après que je suis très mal tombée, on m'enfonce. Je reçois de grands coups de marteau sur le crâne. Enfoncée, et ces choses qui m'ont poussée, vrilles et rameaux, dans chaque main. Pieds dans la terre limoneuse, tête frappée au marteau, rien dans la gorge de ce qui agrafe ensemble le devant et le derrière.</span><br />
<span style="color: darkgreen;"> C'est ce qu'on appelle s'étouffer. »</span></blockquote>
</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<h4>
Lire aussi : <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.fr/2015/10/dialogues-impromptus-cordelia-cosnay.html" target="_blank"><i>Dialogues impromptus autour de Cordelia la guerre</i></a>, une critique à quatre mains de <i>Cordelia la guerre</i> de Marie Cosnay (éditions de l'Ogre, 2015), écrite avec Eric Darsan.</h4>
<br /></div>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-47643624047123605422017-02-28T13:52:00.000+01:002017-03-07T19:56:36.041+01:00Revue : novembre à février<table><tbody>
<tr> <td><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-TafHGo6I5iQ/WL7CkNwZobI/AAAAAAAABlY/fL1_5PR1E0shk-ThXnwqc6zaGPXWzU7-gCEw/s1600/Ecosse-brume-20130801.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img border="0" height="300" src="https://1.bp.blogspot.com/-TafHGo6I5iQ/WL7CkNwZobI/AAAAAAAABlY/fL1_5PR1E0shk-ThXnwqc6zaGPXWzU7-gCEw/s400/Ecosse-brume-20130801.jpg" width="400" /></a></div>
</td> <td><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-MumEvKEYRjs/WL7CkKnE_aI/AAAAAAAABlY/93iXUchBRXgsIVX8-vTP9lTlmSMiyUh4gCEw/s1600/Brume%2B2016.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img border="0" height="300" src="https://4.bp.blogspot.com/-MumEvKEYRjs/WL7CkKnE_aI/AAAAAAAABlY/93iXUchBRXgsIVX8-vTP9lTlmSMiyUh4gCEw/s400/Brume%2B2016.jpg" width="400" /></a></div>
</td> </tr>
<tr> <td colspan="2" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><i>Brumes. Photos : Lou Darsan.</i></span></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<h4>
Un regard en arrière vers ces quatre derniers mois, les brumes et le gel, la fin d'automne et un hiver inachevé, les livres lus et critiqués ici et là.</h4>
</div>
<br />
<h2>
A lire sur <i>Un dernier livre avant la fin du monde</i> :</h2>
<table><tbody>
<tr> <td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-Mvj1R8PV5Ok/WL7Pz5uqHMI/AAAAAAAABlo/Aq_h8tAp6I4M1Xh4YbcMxiVZuH9HUI2kACLcB/s1600/l%2527home%2Bau%2Bgrand%2Bbi%252C%2Buwe%2Btimm%252C%2Bnouvel%2Battila.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 0; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-Mvj1R8PV5Ok/WL7Pz5uqHMI/AAAAAAAABlo/Aq_h8tAp6I4M1Xh4YbcMxiVZuH9HUI2kACLcB/s320/l%2527home%2Bau%2Bgrand%2Bbi%252C%2Buwe%2Btimm%252C%2Bnouvel%2Battila.jpg" title="L'Homme au grand-bi, Uwe Timm. Traduit de l'allemand par Bernard Kreiss, illustrations de Sophia Martineck. Éditions Le Nouvel Attila, 2016" width="227" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
<i>L'Homme au grand-bi</i>, Uwe Timm. 18 novembre.</h3>
<div style="text-align: justify;">
<i>L’homme au grand-bi</i> rapporte avec un brin d’insolence, un ton badin et un humour pince-sans-rire et malin les bouleversements provoqués par l’irruption d’un objet improbable et hautement technologique dans le quotidien tranquille d’une petite ville bavaroise de la Belle Époque. L’arrivée du grand-bi sert de prétexte à Uwe Timm pour peindre une société en pleine mutation, et se moquer des réactionnaires de tout poil, bourgeois, moralistes, patriarches et consorts. Non sans malice, il teinte d’ironie la sempiternelle opposition entre conservateurs et fervents défenseurs du progrès dans laquelle le vélo qui affranchit l’homme devient subversif quand la femme monte en selle.</div>
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/homme-grand-bi-uwe-timm/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/homme-grand-bi-uwe-timm/</a><br />
<h4>
<i>L'Homme au grand-bi</i>, Uwe Timm. Traduit de l'allemand par Bernard Kreiss, illustrations de Sophia Martineck. Éditions Le Nouvel Attila, 2016 </h4>
</td></tr>
<tr> <td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-IOfjbgPV4tE/WL7M-ogPKsI/AAAAAAAABlg/EGj6ehy4SKQDzzBzAou0c4dG-rzlTmkvgCLcB/s1600/Romain_Verger%2B4x3.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 0; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-IOfjbgPV4tE/WL7M-ogPKsI/AAAAAAAABlg/EGj6ehy4SKQDzzBzAou0c4dG-rzlTmkvgCLcB/s320/Romain_Verger%2B4x3.jpg" title="Romain Verger. Éditions de l'Ogre, 2016." width="240" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
Entretien avec Romain Verger (Sonia C., Lou D., Hédia Z.). 1 décembre.</h3>
<div style="text-align: justify;">
« Ce que [Nathalie Sarraute] dit peut être de mon point de vue étendu à tout : il y a d’autres gestes sous les gestes, d’autres paroles sous les paroles, d’autres visages derrière les visages, d’autres montagnes contenues dans les montagnes et d’autres mers sous la surface des mers… Alors oui, c’est peut-être en s’acharnant à scruter l’apparente banalité des choses et des événements, à les embrasser totalement d’abord, et exclusivement, en se collant de toutes ses forces à la peau du réel que l’on s’aperçoit que cette peau n’a rien de lisse, qu’elle est fragile comme celle du lait et qu’elle peut à tout moment se déchirer et ouvrir sur une autre réalité, infiniment plus sombre et inquiétante. »</div>
Lire l'entretien : <a href="http://www.undernierlivre.net/entretien-romain-verger/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/entretien-romain-verger/</a><br />
<h4>
<i>Ravive</i>, Romain Verger. Éditions de l'Ogre, 2016.</h4>
</td></tr>
<tr><td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-bzTUfEhAlig/WLhRTpK9QyI/AAAAAAAABk4/9Q5WR7aU-pUVwZgwVBsI0p4JMcd60vPWQCLcB/s1600/Hors_du_charnier_natal_Claro_Inculte.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-bzTUfEhAlig/WLhRTpK9QyI/AAAAAAAABk4/9Q5WR7aU-pUVwZgwVBsI0p4JMcd60vPWQCLcB/s320/Hors_du_charnier_natal_Claro_Inculte.jpg" title="Hors du charnier natal, Claro. Éditions inculte/dernière marge, 2017." width="236" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
<i>Hors du charnier natal</i>, Claro. 14 février. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Dans ce <i>Charnier natal</i>, où les trappes ouvertes par l’écriture sont oubliettes et passages, les images, les associations d’idées incongrues et déroutantes, sourdent en une puissance taurine et délicate, dans ce double mouvement qui excave et élève, fidèle aux obsessions de l’écrivain immobile et en feu. Si Claro expérimente, ébranle et impressionne, il réjouit aussi par sa capacité à retourner les stéréotypes contre eux-mêmes, à se jouer de la langue et de ses structures, à capter du coin de l’œil les mouvements périphériques et les <i>vols des gerfauts</i>, à saisir et montrer ce qu’il y a de purement jouissif dans l’écriture.</div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/hors-du-charnier-natal-claro/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/hors-du-charnier-natal-claro/</a></div>
<h4 align="justify" style="text-align: left;">
<i>Hors du charnier natal</i>, Claro. Éditions inculte/dernière marge, 2017.</h4>
<h3>
Lire aussi :</h3>
<ul>
<li>Critique de <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.fr/2017/01/la-maison-des-epreuves-jason-hrivnak.html" target="_blank"><i>La Maison des Épreuves</i> de Jason Hrivnak</a>, traduit de l'anglais (Canada) par Claro. Éditions de l'Ogre, janvier 2017.</li>
<li>Critique de <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.fr/2017/01/animale-machine-eleni-sikelianos.html" target="_blank"><i>Animale Machine</i> « La Grecque prodige » d'Eleni Sikelianos</a>, traduit de l'anglais (États-Unis) par Claro. Éditions Actes Sud, janvier 2017.</li>
</ul>
</td></tr>
<tr><td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-FAYqRFwquKM/WL7w2ypVubI/AAAAAAAABmM/F2Rc9g5I6lUp2o1eQxPZLxjpgzmqgSgAQCLcB/s1600/Norwood%252C%2BCharles%2BPortis%252C%2BCambourakis.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-FAYqRFwquKM/WL7w2ypVubI/AAAAAAAABmM/F2Rc9g5I6lUp2o1eQxPZLxjpgzmqgSgAQCLcB/s320/Norwood%252C%2BCharles%2BPortis%252C%2BCambourakis.jpg" title="Norwood, Charles Portis. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Théophile Sersiron. Éditions Cambourakis, 2017." width="220" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
<i>Norwood</i>, Charles Portis. 26 janvier.</h3>
<div style="text-align: justify;">
Charles Portis (<i>True Grit</i>, <i>Un chien dans le moteur</i>) offre dans ce premier roman une image décalée et piquante de la société américaine vue par les yeux d’un gars du Sud qui a grandi entre l’Arkansas et le Texas, le long de l’U.S. Highway 82 de part et d’autre de Texarkana. Son court premier roman est autant un road trip drolatique aux dialogues impayables qu’un instantané en son et couleur de la fin des fities émaillé de bagnoles, de fausses et vraies réclames, de noms de marques ou de chaînes, de shows radiophoniques et télévisuels, de Golden Oldies, de comics et de pulps.</div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/norwood-charles-portis/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/norwood-charles-portis/</a></div>
<h4>
<i>Norwood</i>, Charles Portis. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Théophile Sersiron. Éditions Cambourakis, 2017.</h4>
</td></tr>
<tr><td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-9-bE6H9z8mo/WL7ydz3hGSI/AAAAAAAABmU/ddqHdZZxEO4chYzjWvypQlrh_chhKbsTgCLcB/s1600/Marx%2Bet%2Bla%2Bpoup%25C3%25A9e%252C%2BMaryam%2BMadjidi%252C%2BLe%2BNouvel%2BAttila%252C%2BUn%2Bdernier%2Blivre%252C%2BHD.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-9-bE6H9z8mo/WL7ydz3hGSI/AAAAAAAABmU/ddqHdZZxEO4chYzjWvypQlrh_chhKbsTgCLcB/s320/Marx%2Bet%2Bla%2Bpoup%25C3%25A9e%252C%2BMaryam%2BMadjidi%252C%2BLe%2BNouvel%2BAttila%252C%2BUn%2Bdernier%2Blivre%252C%2BHD.jpg" title="Marx et la poupée, Maryam Madjidi. Editions Le Nouvel Attila, 2017. " width="224" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
<i>Marx et la poupée</i>, Maryam Madjidi. 12 janvier.</h3>
<div style="text-align: justify;">
<i>Marx et la poupée</i> oscille entre conte poétique et récit autobiographique en un jeu sensible et intelligent avec la distance à soi, au présent, aux racines. Maryam Madjidi y tente de résoudre le paradoxe douloureux de l’exil et démêle les nœuds d’une identité construite, déconstruite, reconstruite autour d’une double culture qui est à la fois richesse et fardeau. Elle parvient à poser avec beaucoup de justesse des mots tour à tour tendres et acérés sur la complexité des sentiments d’appartenance et de rupture et orchestre les fragments de vie qui composent son récit avec une écriture simple et directe loin d’être dénuée d’humour, de finesse, de vivacité et d’intelligence.</div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/marx-poupee-maryam-madjidi/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/marx-poupee-maryam-madjidi/</a></div>
<h4>
<i>Marx et la poupée</i>, Maryam Madjidi. Editions Le Nouvel Attila, 2017. </h4>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<h2 style="text-align: justify;">
Sur <i>Addict-Culture</i>, deux livres-objets : </h2>
<div style="text-align: justify;">
Quelques mots glissés pour la fin d'année sur <i>Adieu, je pars à la gare d'Arthur Cravan</i> (éditions Cent pages, 2016) qui présente les lettres pleines de fièvre et de fureur du poète à Sophie Treadwell, et<i> Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs</i> de Véronique Bélard (éditions sun/sun, 2016) dont je vous ai proposé ici <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.fr/2017/02/vide-de-la-distance-veronique-beland.html" target="_blank">une lecture photographique</a> croisée avec <i>Poëme </i>d'Eric Darsan.</div>
<div style="text-align: justify;">
Lire les brèves ici : <a href="https://addict-culture.com/coups-de-coeur-litterature-noel-2016/" target="_blank">https://addict-culture.com/coups-de-coeur-litterature-noel-2016/</a><br />
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-eJjYYwKI148/WL7VlBDqoUI/AAAAAAAABl8/DAbd0ecr5m0zA803TZXQ8Mi7zMLfEkDhgCLcB/s1600/Le%2BVide%2Bde%2Bla%2Bdistance%252C%2BB%25C3%25A9lard%2B-%2BAdieu%2Bje%2Bpars%2B%25C3%25A0%2Bla%2Bgare%252C%2BCravan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="285" src="https://3.bp.blogspot.com/-eJjYYwKI148/WL7VlBDqoUI/AAAAAAAABl8/DAbd0ecr5m0zA803TZXQ8Mi7zMLfEkDhgCLcB/s400/Le%2BVide%2Bde%2Bla%2Bdistance%252C%2BB%25C3%25A9lard%2B-%2BAdieu%2Bje%2Bpars%2B%25C3%25A0%2Bla%2Bgare%252C%2BCravan.jpg" title="Adieu, je pars à la gare d'Arthur Cravan (éditions Cent pages, 2016" width="400" /></a></div>
<br />
<h2>
Addendum :</h2>
<table><tbody>
<tr> <td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJuFHJFcpsout0p74O9Rax7D-JgQJU4WCg4vdZj8TCrs4QOk5MbOEZfCJUY-V-XW9N8MHE2W2232wS2DQUhuvj9Pa5-Tk8I3LRTDW8bi4bjwkAxLjnQpvSeY1PqVzzpcOPfRwaUE0wCW0/s1600/Le+Sonate+%25C3%25A0+Bridgetower%252C+Emmanuel+Dongala%252C+Actes+Sud.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJuFHJFcpsout0p74O9Rax7D-JgQJU4WCg4vdZj8TCrs4QOk5MbOEZfCJUY-V-XW9N8MHE2W2232wS2DQUhuvj9Pa5-Tk8I3LRTDW8bi4bjwkAxLjnQpvSeY1PqVzzpcOPfRwaUE0wCW0/s320/Le+Sonate+%25C3%25A0+Bridgetower%252C+Emmanuel+Dongala%252C+Actes+Sud.jpg" title="La Sonate à Bridgetower, Emmanuel Dongala. Éditions Actes Sud, 2017." width="189" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
<i>La Sonate à Bridgetower,</i> Emmanuel Dongala.</h3>
<div style="text-align: justify;">
Une lecture qui m'a procuré un sentiment mitigé : on apprend beaucoup, mais on s'ennuie un peu. La plongée dans l'effervescence culturelle en Europe à la fin du XVIIIe, la découverte de la place qu'y tiennent certains Noirs (et aussi certaines femmes), l'évocation de l'essor de la musique classique, de la naissance du féminisme, de l'abolition (provisoire) de l'esclavage pendant la Révolution française : le thème est passionnant, le roman est érudit, l'on sent derrière l'immense travail de recherche. Malheureusement, le sujet écrase l'écriture plus qu'il n'est porté par elle, le livre cède à la tentation de vouloir tout dire et tout apprendre, mais l'écriture d'Emmanuel Dongala perd la force et la puissance qui la caractérisaient et qui faisaient toute la beauté du <i>Feu des origines</i> ou de <i>Photo groupe au bord du fleuve</i>.</div>
<h4>
<i>La Sonate à Bridgetower</i>, Emmanuel Dongala. Éditions Actes Sud, 2017.</h4>
</td></tr>
<tr><td valign="top" width="250"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVOE1BM4JFpZmgOf232xX3iOoa6mdFORmkx8_k_MzgYEBhHZGcATiRyQeq408T6Is2DsRV99HTb8uu0I4EUjP8u0OLdnynnQQYI9GLfOxVzBf5A6o7RQjZCskgbv-unFO7Nf9juWLr6zA/s1600/Ch%25C3%25B4mage+monstre%252C+Antoine+Mouton%252C+La+contre+all%25C3%25A9e.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVOE1BM4JFpZmgOf232xX3iOoa6mdFORmkx8_k_MzgYEBhHZGcATiRyQeq408T6Is2DsRV99HTb8uu0I4EUjP8u0OLdnynnQQYI9GLfOxVzBf5A6o7RQjZCskgbv-unFO7Nf9juWLr6zA/s320/Ch%25C3%25B4mage+monstre%252C+Antoine+Mouton%252C+La+contre+all%25C3%25A9e.jpg" title="Chômage monstre, Antoine Mouton. Éditions La Contre Allée, 2017." width="227" /></a></div>
</td> <td valign="top"><br />
<h3>
<i>Chômage monstre</i>, Antoine Mouton<i>.</i></h3>
<div style="text-align: justify;">
<i>Chômage monstre</i> est beau, formidable, incontournable — une secousse, subtile, qui reste. Qui m'a touchée. Ce livre court appartient à ces lectures qui ne vous quittent pas, qui vous accompagneront un moment qui durera longtemps peut-être sur votre chemin de lecteur. Empressez-vous de le lire !</div>
<br />
"quelque chose devait mourir l'autre langue peut-être<br />
celle qui nouait la nôtre la rendait convulsive tremblante<br />
or trembler manque à présent<br />
il y a ce pénible vertige de voir s'ouvrir l'espace et de ne pas savoir où aller, comment l'habiter<br />
reste le reste qui est tout mais où l'on peine à s'aventurer"<br />
<br />
Lire la critique d'Eric Darsan sur <i>remue.net</i> : <a href="http://remue.net/spip.php?article8680" target="_blank">http://remue.net/spip.php?article8680</a><br />
<h4>
<i>Chômage monstre</i>, Antoine Mouton. Éditions La Contre Allée, 2017.</h4>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-64141462847006357122017-02-23T10:06:00.000+01:002017-02-23T10:06:05.089+01:00La femme brouillon, Amandine Dhée.<br />
<blockquote>
<div style="text-align: right;">
« <i>On ne sait pas s'il faut l'habituer à un monde injuste, ou construire une humanité nouvelle en commençant par lui. Nous avons l'amour, la musique et les livres à lui offrir. Et selon les jours, ça semble rempart ou dérisoire.</i> »</div>
</blockquote>
<div style="text-align: right;">
<blockquote>
« <i>Je décapite la mère parfaite qui est en moi.</i> »</blockquote>
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-04AXx8I7z8g/WK3mZuS_iFI/AAAAAAAABkU/nIDRFb2KQEwdEGW0vev-nZZFkcut93EAwCPcB/s1600/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e_02.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." border="0" height="220" src="https://3.bp.blogspot.com/-04AXx8I7z8g/WK3mZuS_iFI/AAAAAAAABkU/nIDRFb2KQEwdEGW0vev-nZZFkcut93EAwCPcB/s640/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e_02.jpg" title="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." width="640" /></a></div>
<br />
<h3>
« J'ai perdu mes certitudes. »</h3>
<div style="text-align: justify;">
Pendant des années, tu te construis, te déconstruis, t'inventes : <i>femme brouillon</i> que rien ni personne ne détermine, tu avances pas à pas, interroges ton identité de femme, essaies d'échapper aux diktats des hommes et de la société, lorsque survient, choisie, la grossesse qui te confronte à toute ta construction, ta déconstruction.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Drôle, caustique, vif, malin, touchant, féministe et politique, <i>La femme brouillon</i> est le récit de l'expérience intime, perturbante, déconcertante et belle de la maternité. Amandine Dhée, aux prises avec les clichés et les stéréotypes, y bouscule les discours dominants et revient sur son vécu, ses interrogations, ses doutes, ses craintes au cours de cette expérience qui oblige à repenser le rapport au corps, au genre, aux parents et au couple, au travail, à l'écriture... Elle montre à quel point la maternité échappe aux discours qui croient l'enclore sans jamais la contenir, et comment chaque femme doit tracer sa propre voie, unique et personnelle en essayant d'échapper à une pluie d'injonctions, lancées comme des pierres, souvent contradictoires, qui ne laissent les femmes tranquilles. Tu n'es pas encore enceinte, tu n'es pas normale – comprendre : normée. Tu es enceinte, ne bois pas ne fume pas ne mange pas ceci ni cela. Tu es enceinte, tu peux t'asseoir à table avec les mères, tu parleras d'enfants. Tu es mère retourne travailler, tu es mère ne travaille pas, etc. </div>
<br />
<h3>
« Mon ventre bascule dans le domaine public. » </h3>
<div style="text-align: justify;">
Certains voudraient encore pouvoir choisir vêtements et pensées pour les femmes, et la vie de notre utérus semble passionnante pour tous ceux qu'elle ne concerne pas. Quand un fœtus l'occupe, le ventre des femmes passe à l'insu de leur plein gré du privé au public : « Expérience intime, tu parles. » Amandine Dhée évoque avec justesse la violence de ce sentiment de dépossession, ce sentiment que soudain le corps habité de la femme ne lui appartient plus. Sifflé, commenté, harcelé avant la grossesse, il devient par elle « respectable », car emplissant sa fonction sociale. On le palpe, on l'idéalise, on se permet de lui « faire la morale ». Femmes enceintes, femmes ceintes par les discours : « Nous sommes toujours à portée de mains et de mots. Ici, j'aurais voulu que mon corps m'appartienne. » </div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-sjMifIYPg_8/WK3maC5d9BI/AAAAAAAABkM/UkZ-huZlW5wC0KWpxe8iJzi7-JeSuQNUwCLcB/s1600/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e_01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." border="0" height="220" src="https://4.bp.blogspot.com/-sjMifIYPg_8/WK3maC5d9BI/AAAAAAAABkM/UkZ-huZlW5wC0KWpxe8iJzi7-JeSuQNUwCLcB/s640/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e_01.jpg" title="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." width="640" /></a></div>
<br />
<h3>
« Pourquoi, sous prétexte que j'ai un utérus, dois-je porter une telle responsabilité ? »</h3>
<div style="text-align: justify;">
Avec ironie, <i>La femme brouillon</i> interroge les rôles du père et de la mère (« Le père du bébé aurait fait une bien meilleure mère. Son instinct de sacrifice est plus développé, et c'est toujours lui qui fait les crêpes. ») et renvoie dans les cordes les tenaces stéréotypes liés au genre, « d'invisibles frontières » sur lesquelles la grossesse semble agir comme un révélateur, qui se cristallisent autour de la femme enceinte, puis de la jeune mère et de son bébé. — « J'ai vu tellement de femmes se faire avoir. Des couples soi-disant conscients, qui avaient réfléchi, qui avaient déconstruit. Peut-être cela se joue-t-il dans la torpeur des premières semaines ? Quand la femme joue à la maman, et l'homme au papa. Quand chacun trouve refuge dans les clichés auquel il croyait avoir échappé. C'est lorsqu'on est fragile que la norme nous agrippe le mieux. » Ça commence par la famille, ça continue avec les institutions, le corps médical, la publicité, les jouets et vêtements genrés qui donnent envie de « brûler un caddie » et d'offrir « un sursis de genre » au bébé en refusant de connaître son sexe avant la naissance, les employés de la sécu qui s'étonnent qu'une femme ne connaisse pas la durée d'un congé maternité. « S'imagine-t-il que les femmes se retrouvent dans des grottes à la nuit tombée pour échanger ces informations ? Croit-il que ce soit naturel pour moi ? »</div>
<br />
<h3>
« Au milieu de cette guimauve, où dire la violence d'être habitée par un autre ? Suis-je la seule à penser à <i>Alien </i>? » </h3>
<div style="text-align: justify;">
Amandine Dhée constate la négation généralisée de la violence de l'expérience de la grossesse, refoulée derrière la bien-pensance et les euphémismes qui font de la douleur de l'accouchement des « sensations étranges », de l'épisiotomie un acte médical bénin, et conseillent aux femmes de porter à la clinique des culottes noires, suite logique du sang bleu des publicités. Sans détour, l'autrice démystifie « l'expérience merveilleuse » de la maternité véhiculée par les discours dominants, et expose la non-évidence de la maternité, l'étrangeté de sentir en soi un autre, de voir son corps bouleversé, meurtri, modifié, par l'accouchement, le besoin de le réapprivoiser après la naissance, de se retrouver, de se distinguer de l'enfant (« Comment désirer l'autre si je ne sais plus qui je suis ? »). Elle exprime aussi le désarroi souvent tu des femmes enceintes, leurs peurs communes moquées, celle de ne pas sentir les premières contractions, celle d'exploser, celle plus tard d'être en incapacité de s'occuper du bébé ou qu'il meurt subitement. Face à la soumission, par défaut, par peur, par ignorance, au monde médical et au <i>Larousse des futures mamans</i>, le <i>self-help</i> apparaît comme les prémices d'une « révolution », d'une émancipation.</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-V0WKm_EFYRg/WK3mZ3G_OtI/AAAAAAAABkI/8qKFCzpW_0AXaSEWSArt0t59kTd8rRDOQCEw/s1600/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e_04.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." border="0" height="220" src="https://2.bp.blogspot.com/-V0WKm_EFYRg/WK3mZ3G_OtI/AAAAAAAABkI/8qKFCzpW_0AXaSEWSArt0t59kTd8rRDOQCEw/s640/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e_04.jpg" title="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." width="640" /></a></div>
<br />
<h3>
« Les femmes devraient toujours se méfier quand on leur accorde un monopole. » </h3>
<div style="text-align: justify;">
Surtout, Amandine Dhée explore le rapport de la femme à la maternité qui, même pensé en amont, sera à la naissance de l'enfant différent et nouveau. Imprévisible, inconnue, cette femme-lézard qui naît lors de l'accouchement, qui naît de la douleur, du cerveau reptilien et de l'instinct, qui « ne parle pas », qui « grogne », qui « se fiche de la littérature », qui a la tentation de prendre possession de ce petit être à nourrir et protéger, ce petit être que l'on peut contrôler tant il dépend de nous. Insidieuse, cette « mère parfaite » dont l'image écrase et envahit. La débusquer, la <i>décapiter</i> n'est pas aisé : les avatars insidieux de cette hydre à sept têtes poursuivent sans relâche. De l'image d'Épinal de pondeuse aux fourneaux pétainiste à l'adepte de la communication non violente « incollable sur le maternage naturel » ou encore la mère qui <i>concilie</i>, « qui tente d'articuler dans un même discours la joie de rencontrer son enfant avec les bases élémentaires de lutte contre le patriarcat, et le tout avec très peu d'heures de sommeil ». Entre elles, se cachent encore « la gosse qui n'a pas les mots », « l'ado blessée » qui n'a pas pardonné à sa propre mère, « la féministe et la demi-mère ».</div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
« <i>Le meilleur moyen d'éradiquer la mère parfaite, c'est de glandouiller. Le terme est important car il n'appelle à aucune espèce de réalisation, il est l'ennemi du mot concilier. Car si faire vœu d'inutilité est déjà courageux dans notre société, pour une mère, c'est la subversion absolue. Le jour où je refuse d'accompagner père et bébé à un déjeuner dominical pour traîner en pyjama toute la journée, je sens que je tiens quelque chose.</i> »</div>
</blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Peu importe la norme, la perfection, que l'on ou que tu t'imposes, être mère relève du funambulisme : tu es toujours à deux doigts de te casser la gueule, oscillant entre ce que l'on attend de toi, ce que à quoi tu refuses d'être cantonnée, ce que tu veux offrir à l'enfant, ce que ton corps et ta fatigue te permettent, et toutes tes peurs pour lui, et ton désir d'écrire, de travailler, de faire ta vie.</div>
<i>La femme brouillon</i> est un bel hommage à la maternité dans toute sa complexité, un texte intelligent et un livre éminemment politique.<br />
<div style="text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-30iHerL0Jpg/WK3j6Lk1EkI/AAAAAAAABj8/4emBPJAsXZMBBTnwrcRd47wv2INIks1iACEw/s1600/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." border="0" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-30iHerL0Jpg/WK3j6Lk1EkI/AAAAAAAABj8/4emBPJAsXZMBBTnwrcRd47wv2INIks1iACEw/s320/La%2Bfemme%2Bbrouillon%252C%2BAmandine%2BDh%25C3%25A9e%252C%2BLa%2BContre-All%25C3%25A9e.jpg" title="La femme brouillon, Amandine Dhée. Editions La Contre Allée." width="227" /></a></div>
<br />
<h3 style="text-align: center;">
</h3>
<h4>
<i>La femme brouillon</i>, Amandine Dhée, Collection La Sentinelle, éditions La Contre Allée, 2017. </h4>
<h4>
</h4>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-82336278368172314102017-02-06T18:21:00.000+01:002017-02-17T14:53:53.983+01:00Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland.<div style="text-align: right;">
</div>
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<div>
<span style="color: black;"><br />
« <i>Le langage, c'est simplement la matière restante pouvant être tracée</i>. »</span></div>
</blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i>Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs</i> prolonge sur papier l’installation multimédia « <a href="http://www.veroniquebeland.com/Veronique_Beland/This_is_Major_Tom_to_Ground_Control.html">This Is Major Tom To Ground Control</a> », un projet artistique qui relie les radiotélescopes de l’Observatoire de Paris à un générateur automatique de textes aléatoires. Véronique Béland plonge dans l'immensité du corpus ainsi constitué pour assembler des particules choisies et composer un texte fragmenté à la poésie mathématique, algorithmique et surréaliste. </div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
</div>
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-kjj6bQbm79E/WJTHDyMm8OI/AAAAAAAABiY/zVw2mqbVPJQWAVH_cWAqx1RTzAo6YTStgCPcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B01-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 0; margin-right: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="240" src="https://3.bp.blogspot.com/-kjj6bQbm79E/WJTHDyMm8OI/AAAAAAAABiY/zVw2mqbVPJQWAVH_cWAqx1RTzAo6YTStgCPcB/s320/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B01-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="320" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-F1vSI9QgEfM/WJTHb6DmBSI/AAAAAAAABiU/zU_hT1BLKO4pWM0PPjVdKIxkZ-0BSs_fgCLcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B03-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 0; margin-left: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="240" src="https://1.bp.blogspot.com/-F1vSI9QgEfM/WJTHb6DmBSI/AAAAAAAABiU/zU_hT1BLKO4pWM0PPjVdKIxkZ-0BSs_fgCLcB/s320/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B03-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="320" /></a></div>
</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-YURNU0dPsYc/WJTHWfG6udI/AAAAAAAABic/UdRbaj9qCN4ksNKJN9L99hIDkSzNcw5nQCPcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B02-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-YURNU0dPsYc/WJTHWfG6udI/AAAAAAAABic/UdRbaj9qCN4ksNKJN9L99hIDkSzNcw5nQCPcB/s640/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B02-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Un coffret <span style="background-color: black;"><span style="color: white;">blanc</span></span>, tranche noire. Noires les pages, troublées par du bruit. Dans le vide interstellaire traversé par l'énergie des rayonnements électromagnétiques flottent gaz, poussières et rayons cosmiques. Je vois des points blancs, de plus en plus de points blancs. Des lignes, des grésillements. Le regard happé, comme par un Poltergeist à la fin du signal. La neige en négatif, et les points blancs ne sont pas des étoiles.</div>
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-lPlqNn4Fyt4/WJTy_QTD-FI/AAAAAAAABjU/H9AerODCxRY1pPjZB8vLJEL9ehuXWymFACPcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B05-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="427" src="https://4.bp.blogspot.com/-lPlqNn4Fyt4/WJTy_QTD-FI/AAAAAAAABjU/H9AerODCxRY1pPjZB8vLJEL9ehuXWymFACPcB/s400/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B05-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="320" /></a></div>
</td></tr>
<tr> <td width="320"><div style="text-align: justify;">
<span style="color: white;"><span style="background-color: black;"><span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace;">[En l'absence d'un canal hertzien, les téléviseurs analogiques affichent un écran blanc ponctué de points noirs erratiques, la neige. Cette neige est composée dans un faible pourcentage de signaux issus du fond diffus cosmologique qui emplit le ciel comme un infime murmure radio, cri de naissance de l'Univers, rayonnement fossile.](1) </span></span></span></div>
</td> </tr>
<tr><td width="320"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-Spy0A8nh2yc/WJTzJHRInCI/AAAAAAAABjA/oGZE-RZ4IUYRE5P1x73wDDgaPk9eCqeGwCLcB/s1600/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B01-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-bottom: 1em; margin-top: 1em;"><img alt="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" border="0" height="240" src="https://4.bp.blogspot.com/-Spy0A8nh2yc/WJTzJHRInCI/AAAAAAAABjA/oGZE-RZ4IUYRE5P1x73wDDgaPk9eCqeGwCLcB/s320/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B01-1024x1024.jpg" title="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" width="320" /></a></div>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Le noir n'est ni vide ni absence, mais plutôt saturation qui se disloque et laisse apparaître des percées — aléatoires, erratiques ? Un bruit blanc, qui si l'on se concentre, adopte la forme de contre-poinçons qui découpe le noir. Dans la nuit, entre panses et jambes, le langage apparaît. Les pages sont couvertes de signes ordonnés en ligne. Pas de vagues : des sons continus qui deviendraient articulés, le tracé d'un spectromètre, chaque ligne composée de plusieurs. Des lettres brouillées foncent la page, lettres superposées, enchevêtrées. Des mots se dégagent, que l'on aperçoit, déchiffre, attrape. Soudain, une première phrase lisible : <b>« <i>Il s'agit d'écrire ce qu'il vient d'arriver dans ce qui constitue l'univers. Juste des mots : il n'y a rien à voir là-bas.</i> » </b> Les phrases parsemées sont de plus en plus nombreuses, les pages blanchissent, les nuages de mots s'éclaircissent, et n'apparaissent plus que quelques lignes, une voix seule dans le silence évoque l'univers, les photons, le langage, la communication, les rêves, la distance, les civilisations, l'inconscient, la physique, la métaphysique. Qui interroge le vide, jusqu'au blanc complet, à la disparition des mots, des signaux.<br />
<h3>
</h3>
<h3 style="text-align: center;">
— « <i>Il n'y a d'ailleurs plus lieu de nommer les choses, parler ne fait pas intervenir le nombre d'or</i> ». </h3>
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-3d-Yl7qe0E8/WJTx-WEKgoI/AAAAAAAABio/jPRC5mMQgaY0QiagxhUBZFGh3cWPa_ingCLcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B07-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-3d-Yl7qe0E8/WJTx-WEKgoI/AAAAAAAABio/jPRC5mMQgaY0QiagxhUBZFGh3cWPa_ingCLcB/s640/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B07-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="640" /></a></div>
<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: #f3f3f3;">[Les bribes de messages qu'enfant je capte avec une CB.]</span></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
Dans les creux, des conglomérats de lettres flottent.<br />
Phrases coupées, postulats étranges, messages codés, départs de poèmes — </div>
<br />
<div style="text-align: left;">
<span style="background-color: #f3f3f3;">[Un Big Bang.<br />
Une partie de cadavre exquis jouée par des astroparticules.]</span></div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-aC5tE-E8zns/WJTy_RNhAFI/AAAAAAAABi0/bbnbyeL7OIAuzcv3BURXrcGBcvgXUWZtQCLcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B06-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-aC5tE-E8zns/WJTy_RNhAFI/AAAAAAAABi0/bbnbyeL7OIAuzcv3BURXrcGBcvgXUWZtQCLcB/s640/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B06-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Une journée : une rue et ses centaines de passants, d'odeurs, de couleurs, de gaz, de bâtiments, de matériau ; une plaine couverte de brins d'herbes, d'insectes, de minuscules pigments de chlorophylle, de phéromones, de chants d'oiseaux, de vibrations de l'air et d'ombres ; les centaines de musiciens d'un orchestre philharmonique et leurs respirations, les murmures du public, les toux, le frottement du tissu sur les dossiers des fauteuils ; les messages du corps, les douleurs des muscles, les sensations de la peau, la douceur des vêtements, l'agression de l'air, les lumières trop vives pour les yeux, le goût des aliments, la soif, les milliers de sons entendus, captés, happés. Les signaux saturent. On devient fous, alors on tri, on élague, on sélectionne certains signaux au détriment d'autres. Pour rendre lisible la page, faire du vide.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Mais l'on continue à sonder le ciel, écouter les ondes, les rayonnements magnétiques des planètes qui chantent. Un brouhaha astronomique continu et inintelligible, les signaux des millions d'astres, de particules, d'atomes, de fréquences, un immense spectre électromagnétique, sur lequel se colle l'oreille minuscule d'un radiotélescope. À ce radiotélescope est relié un générateur automatique de textes aléatoire qui le récite en temps réel grâce à une voix de synthèse, « <i>la voix de l'Univers</i> ». Donner du sens, chercher absolument du sens.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: black;"><br />
</span> <br />
<h3>
— « <i>Cette tentative de structurer le ciel restera vaine.</i> »</h3>
<br /></div>
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-Fnvz9pE-91s/WJTzJpdkaJI/AAAAAAAABjc/dFI5X0oDdNkzNalL_rJ81FrcNG0AVfzIACPcB/s1600/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B05-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img alt="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" border="0" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-Fnvz9pE-91s/WJTzJpdkaJI/AAAAAAAABjc/dFI5X0oDdNkzNalL_rJ81FrcNG0AVfzIACPcB/s400/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B05-1024x1024.jpg" title="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" width="300" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-Mqo-TNkOVg4/WJTy_QTXIvI/AAAAAAAABjU/eSZVn9X-cy0dFFyD3h1pRkPz6Nu7ycY1QCPcB/s1600/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B04-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 0;"><img alt="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" border="0" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-Mqo-TNkOVg4/WJTy_QTXIvI/AAAAAAAABjU/eSZVn9X-cy0dFFyD3h1pRkPz6Nu7ycY1QCPcB/s640/Le%2Bvide%2Bde%2Bla%2Bdistance%2Bn%2527est%2Bnulle%2Bpart%2Bailleurs%252C%2BV%25C3%25A9ronique%2BB%25C3%25A9land%252C%2BLou%2BDarsan%2B04-1024x1024.jpg" title="Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs, Véronique Béland, sun/sun, Lou Darsan" width="534" /></a></div>
</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i> </i> <br />
<div style="text-align: center;">
<h4>
<span style="background-color: white;">Symétrie, verticale, géométrie, nombre d'or.</span></h4>
</div>
<div style="text-align: center;">
<div style="text-align: right;">
<h4>
<span style="background-color: white;">Aztèques et explorateurs. Christophe Colomb et Marco Polo. </span></h4>
</div>
<h4>
<span style="background-color: white;">Odeur du vide. </span></h4>
<div style="text-align: left;">
<h4>
<span style="background-color: white;">Fantômes, défunts, revenants. Ouvriers. Érotisme. Achats mondiaux. Sommeil, rêves.</span></h4>
</div>
</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
Tentation de déchiffrer ce qui est superposé et simultané. Chaque strate accumulée. Vouloir tout lire, tout comprendre. Se perdre dans cette réponse ironique à notre absurde quête de sens. Notre fantasme de consigner toute parole et tout écrit. </div>
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr><td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-LueodAQGYU8/WJTzJJSOguI/AAAAAAAABjc/URZY2M372_sYBkdZWVaz77xo2M5tBlexgCPcB/s1600/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B02-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 1em;"><img alt="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" border="0" height="298" src="https://3.bp.blogspot.com/-LueodAQGYU8/WJTzJJSOguI/AAAAAAAABjc/URZY2M372_sYBkdZWVaz77xo2M5tBlexgCPcB/s400/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B02-1024x1024.jpg" title="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-UNNjBh37TZs/WJTzJc4N_NI/AAAAAAAABjg/Fw5RqARt_9w9j6zYFyF_XnqSUO8Xm8g6wCPcB/s1600/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B03-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 1em;"><img alt="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" border="0" height="300" src="https://4.bp.blogspot.com/-UNNjBh37TZs/WJTzJc4N_NI/AAAAAAAABjg/Fw5RqARt_9w9j6zYFyF_XnqSUO8Xm8g6wCPcB/s400/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B03-1024x1024.jpg" title="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-ITf4BIKnRCs/WJTzJrT_0nI/AAAAAAAABjc/NnBjGfmFsDIC9n_7Y2nuYYe3yzALfjK6wCPcB/s1600/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B04-1024x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 0; margin-right: 1em;"><img alt="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" border="0" height="300" src="https://1.bp.blogspot.com/-ITf4BIKnRCs/WJTzJrT_0nI/AAAAAAAABjc/NnBjGfmFsDIC9n_7Y2nuYYe3yzALfjK6wCPcB/s400/Po%25C3%25ABme%252C%2BEric%2BDarsan%252C%2BLou%2BDarsan%2B04-1024x1024.jpg" title="Poëme, Eric Darsan, Lou Darsan" width="400" /></a></div>
</td> <td width="240"><div align="justify">
<h3 style="text-align: center;">
« Recombinaison. » </h3>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: white;"><span style="background-color: black;">[De nature à perturber la lecture] </span></span></div>
</div>
<div align="justify">
<h4>
« <i>(Les comètes à longues périodes s'élaborent sur les coups de minuit.)</i> »</h4>
<h4>
« <i>L'opposition à la vérité est donc protégée des vents solaires, notamment dans les sociétés ou le - </i>» </h4>
<h4>
« <i>cette phrase dépend de la variation d'un champ électrique</i> » </h4>
<h4>
« <i>Les zones cérébrales activées pendant le rêve sont analogues à celles du solstice d'été ; ce sont les points communs entre les galaxies.</i> » </h4>
<h4>
« <i>Le verbe aimer peut renvoyer à une grande variété de matériaux spécialisés : désherbeuse, raton laveur, inflation cosmique.</i> » </h4>
<h4>
« <i>Trois milliards d'années avant le présent, l'ivrognerie était interdite, sauf pour le plus sensible des géographes qui put réintroduire la vie à l'intérieur d'une tempête.</i> » </h4>
<h4>
« <i>(L'hémisphère nord a désacralisé la nature des beignets dont Pluton ferait partie.)</i> » </h4>
<h4>
« <i>Les trains que l'on rencontre possèdent plusieurs structures, bien que les mouvements internes de l'Univers soient peu visibles.</i> » </h4>
<h4>
« <i>Par ailleurs, le lapsus n'est pas non plus un nombre entier positif et le menson-</i> »</h4>
</div>
</td> </tr>
</tbody></table>
</div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: #f3f3f3;">[La bibliothèque d'Alexandrie a brûlé. Des milliers de voix peuplent Internet.]</span></div>
<br />
<br />
<br />
<div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
Fenêtres : </div>
<div style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<a href="http://sunsun.fr/" target="_blank">sun/sun</a> — <a href="http://www.veroniquebeland.com/Veronique_Beland/This_is_Major_Tom_to_Ground_Control.html" target="_blank">This is Major Tom</a><br />
<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: left;">
Photographies © Lou Darsan. Se mêlent à celles du <i>Vide de la distance</i> des images de <i>Poëme</i>, d'Eric Darsan, sur lesquelles l’œil avisé distinguera la silhouette d'Antonio Sapienza. </div>
</div>
<h4 align="justify">
<i>Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs</i>, de Véronique Béland est un bel ouvrage édité par sun/sun, co-édité avec le label Bipolar et co-produit par Rurart. 2016.</h4>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
(1) Citation détournée extraite de fr.wikipedia.org et cnrs.fr. </div>
<div align="justify">
<br /></div>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-69395611578339048742017-01-20T12:41:00.001+01:002017-01-20T12:41:29.244+01:00Animale Machine, « La Grecque prodige », Eleni Sikelianos.<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: right;">
<span style="color: orangered;">« <i>Cicatrice-feu, visage-félin, arbre carbonisé à la base. (C'est le corps.)</i> » </span></div>
</blockquote>
<br />
<div align="justify">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-DYM56Tas7so/WIHtjDHDBgI/AAAAAAAABgE/9XHdWxlD_-o6ORPoAv_oIf4YVAH00GSUgCLcB/s1600/Animale%2BMachine%252C%2BEleni%2BSikelianos%252C%2Btrad%2BClaro%252C%2BActes%2BSud%2Bx1024.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Animale Machine, Eleni Sikelianos, trad Claro, Actes Sud, photo Lou Darsan" border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-DYM56Tas7so/WIHtjDHDBgI/AAAAAAAABgE/9XHdWxlD_-o6ORPoAv_oIf4YVAH00GSUgCLcB/s640/Animale%2BMachine%252C%2BEleni%2BSikelianos%252C%2Btrad%2BClaro%252C%2BActes%2BSud%2Bx1024.png" title="Animale Machine, Eleni Sikelianos, trad Claro, Actes Sud, photo Lou Darsan" width="640" /></a></div>
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<div align="justify">
<span style="color: orangered;">« Je n'arrive pas à la retenir dans la réalité ; elle ne cesse de s'échapper dans le désert. »</span> Sur le bord de la route, une vieille femme boit et brise le verre et tord les fils de fer. Elle attache les bris et les perles, les relie et sculpte, cette vieille femme qui n'est pas un personnage de l'<i>histoire familiale</i>, qui est l'avatar d'un souvenir, qui est matériau transmuté pour servir le paysage du désert, un paysage de <i>diners</i>, de <i>trading posts</i>, de mobile homes, de villes fantômes, de scorpions pris dans la résine. <span style="color: orangered;">« Regardez la femme interpréter le lent massacre, la main du vent qui pulvérise. »</span> La Fille Léopard glisse dans la nuit, les ondes de chaleur qui émanent des pierres ondulent au rythme de ses mouvements de chat. Pied léger, hanches lascives. <i>You, Animale Machine</i> — dans le creux de tes empreintes, une femme, fille de ta fille, tisse des rêves, des poèmes, des chants et des imprécations, lit tes souvenirs et suit ta trace. Les histoires, les récits, les versions contradictoires qui mènent jusqu'à toi sont des « <i>lares familiares</i> » qui occupent toute la place du siège passager de la voiture qui roule vers le désert des Mojaves, où ton absence demeure. </div>
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<br /></div>
<div align="justify">
Helene Pappamarkou, Eleni, Elaine, Elayne, la Grecque prodige, Marco la Femme Chat, Melena la Fille Léopard, Melanie la danseuse serpent, Marko « affranchie, excitante, elle réinvente la danse », Melaine Marko, Elaine Marko, l'Enfant Sauvage. Effeuilleuse, vendeuse de pierres dans le désert, trois fois mère, cinq fois mariée, tu danses le tsifteteli et le hoochie-coochie dans ton costume tavelé. Ton histoire trouve ses sources dans la Catastrophe d'Asie Mineure et les traversées successives de l'Égée puis l'Atlantique par des milliers de réfugiés. Ses origines remontent aux fumées mêlées de l'incendie de Smyrne, des fumeries et des usines de Detroit, aux plaintes du rebetiko (« la musique des parias et des damnés »), aux premières danseuses du ventre américaines. Elle est « l'histoire miniature du regard sur les femmes » et se perd dans les mystères d'Éleusis et les esprits tutélaires de Demeter et des <i>naguals</i>. Elle est initiation qui puise sa force dans un souffle, une énergie et une puissance qui sont Femme. Helene, Elayne, Eleni : un prénom pour trois générations, trois « filles qui sont mères et qui sont filles de mères » (1). Femmes « féroces », « non domestiquées », portées par la tension entre liberté et violence, et la fureur de recommencer, toujours. — <span style="color: orangered;">« Épouse-la cinq fois et cinq fois libère-la. […] Cinq fois, y trouve de l'ombre, une fraîcheur sous le toit bas. [...] Cinq fois l'endroit est brûlant, ou bien glacé. Elle recule, sort de l'ombre et monte sur le toit du monde. Davantage de soleil là-haut. »</span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/--yWbhkCtk10/WIHxY4Tx4GI/AAAAAAAABgQ/QNYvbOsX9awf-M8_qShndG5gVPOBRohngCLcB/s1600/Animale%2BMachine%252C%2BEleni%2BSikelianos%252C%2Btrad%2BClaro%252C%2BActes%2BSud%252C%2Bmontage%2BLou%2BDarsan.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Animale Machine, Eleni Sikelianos, trad Claro, Actes Sud, montage Lou Darsan" border="0" height="213" src="https://2.bp.blogspot.com/--yWbhkCtk10/WIHxY4Tx4GI/AAAAAAAABgQ/QNYvbOsX9awf-M8_qShndG5gVPOBRohngCLcB/s640/Animale%2BMachine%252C%2BEleni%2BSikelianos%252C%2Btrad%2BClaro%252C%2BActes%2BSud%252C%2Bmontage%2BLou%2BDarsan.png" title="Animale Machine, Eleni Sikelianos, trad Claro, Actes Sud, montage Lou Darsan" width="640" /></a></div>
</div>
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<br /></div>
<div align="justify">
<i>Animale Machine</i> se fraie un chemin à travers les morceaux d'une histoire déchirée, une histoire de marges, d'immigrés, de voyous, de freaks, de petite pègre, de cabarets, de motels, d'échecs répétés, de violence entre hommes et femmes, entre parents et enfants. Récit discontinu qui se déploie dans les blancs, les silences, les marges, explore les détails réels d'un passé parfois réinventé, comme une brume lumineuse que les mots captent et révèlent, le portrait de la Fille Léopard n'a rien de linéaire. Il échappe aux conventions et aux carcans des mémoires et tombeaux, mêle souvenirs collectés, fiction, récits, poèmes et scrapbook, et laisse une place aux réactions familiales. Le projet Melena d'Eleni Sikelianos « fait partie d'une histoire familiale plus vaste », dont <i>Le livre de Jon</i> abordait le pan paternel. Son travail mémoriel, fruit de longues recherches,<span style="color: orangered;"> « réseau d'offrandes familiales, tissées en noirs filaments lumineux, la tunique enduite du sang de Nessus qui brûle la peau, blessant les susceptibilités »</span>, ne s'adonne jamais à l'analyse du rapport à la mère et à l'aïeule ou à l'autoportrait. Il ne cherche pas non plus à établir une vérité historique ou biographique, mais plutôt à transmettre les pointillés d'une vie, les ombres projetées sur elle par les souvenirs qui survivent à sa disparition, les traces qu'elle a laissées, empreintes et contre-empreintes, rêves, questions, mystères. </div>
<br />
<i>Animale Machine</i> est poésie sauvage, brûlure et vision. Dans la collision des formes qu'il empreinte, dans le mouvement qui s'engendre dans les territoires vierges de légendes et de glose, dans les interstices entre textes et images, il est voix. Une voix, qui pour nous atteindre, est portée par la très belle traduction de Claro.<br />
<br />
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<table align="lefet"><tbody>
<tr><td><br />
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-oBLK7dx4Uns/WIHyOtXsqgI/AAAAAAAABgc/3DZbEjr2KkcR-ommY32JO4frHlsZBRkdACLcB/s1600/You-Animal-Machine.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="You Animale Machine, « The Golden Greek », Eleni Sikelianos." border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-oBLK7dx4Uns/WIHyOtXsqgI/AAAAAAAABgc/3DZbEjr2KkcR-ommY32JO4frHlsZBRkdACLcB/s320/You-Animal-Machine.jpg" title="You Animale Machine, « The Golden Greek », Eleni Sikelianos." width="212" /></a></td> <td><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUD_Bj1DphrGxaAwSRfwt-AflBLrsitZu7yFrM1YfBUMe4xYpd981iU3oSLsaftJCuhq3upvOlqOByr4AfZvRpmL-Dz7VDVWOTZL3aKil5KP0TDH3lT1URs4InVmw9BEWqNGGnp3_Fypk/s1600/Animale+Machine%252C+Eleni+Sikelianos%252C+trad+Claro%252C+Actes+Sud_couv.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Animale Machine, Eleni Sikelianos, trad Claro, Actes Sud_couv" border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUD_Bj1DphrGxaAwSRfwt-AflBLrsitZu7yFrM1YfBUMe4xYpd981iU3oSLsaftJCuhq3upvOlqOByr4AfZvRpmL-Dz7VDVWOTZL3aKil5KP0TDH3lT1URs4InVmw9BEWqNGGnp3_Fypk/s320/Animale+Machine%252C+Eleni+Sikelianos%252C+trad+Claro%252C+Actes+Sud_couv.jpg" title="Animale Machine, Eleni Sikelianos, trad Claro, Actes Sud_couv" width="168" /></a></td> <td valign="top"><h4>
<br />
<i>Animale Machine, « La Grecque prodige »</i>, Eleni Sikelianos. </h4>
<h4>
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claro. Actes Sud, 2017.</h4>
</td> </tr>
</tbody></table>
<br />
<div align="justify">
(1) Expression empruntée à un texte de Marie Cosnay lu à Nantes lors du festival Midi/Minuit de décembre 2016.</div>
<div align="justify">
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Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-28586962010884766152017-01-12T12:13:00.000+01:002017-01-12T12:21:02.319+01:00La Maison des Épreuves, Jason Hrivnak.<blockquote class="tr_bq"><div style="text-align: right;">« <i>Pourquoi l'effacement imminent de votre esprit ressemble-t-il moins à une sentence de mort qu'au retour d'un vieil ami ?</i> »</div><br />
<div style="text-align: right;">« <i>1. L'enfance. Vous marchez dans la campagne, vous rencontrez un cavalier noir sur la route. Il vous défie et vous propose un tournoi de traits d'esprit. Votre intelligence est vive, affûtée par le calcul mental et la lecture précoce, mais le cavalier est assuré de sa victoire. Il dit qu'il existe un sujet sur lequel les jeunes filles s'estiment expertes mais qu'aucune, en vérité, n'est qualifiée pour l'aborder. C'est sur ce sujet qu'il compte vous poser des énigmes. À quoi le cavalier fait-il allusion ?</i></div><div style="text-align: right;"><i>A. La musique.<br />
B. La beauté.<br />
C. L'amour.<br />
D. La mort. </i>»</div></blockquote><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilPOElEfd2ycFGWjRg-3CUd8dPklw6IMORX1P-YBab7lnLj7DQoULm7oW0PdenkYtK_lMNspZF7AQD1mJOYssa3RkNLNlvO-uKd1PzTKuPe4DbeJajmYTyURWM44LKQJCbz68OMcc3Ylw/s1600/La+maison+des+%25C3%25A9preuves%252C+Jason+Hrivnak%252C+l%2527Ogre+-+Lou+Darsan-2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La maison des épreuves, Jason Hrivnak, l'Ogre - Lou Darsan" border="0" height="358" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilPOElEfd2ycFGWjRg-3CUd8dPklw6IMORX1P-YBab7lnLj7DQoULm7oW0PdenkYtK_lMNspZF7AQD1mJOYssa3RkNLNlvO-uKd1PzTKuPe4DbeJajmYTyURWM44LKQJCbz68OMcc3Ylw/s640/La+maison+des+%25C3%25A9preuves%252C+Jason+Hrivnak%252C+l%2527Ogre+-+Lou+Darsan-2.jpg" title="La maison des épreuves, Jason Hrivnak, l'Ogre - Lou Darsan" width="640" /></a></div><br />
<div style="text-align: justify;">1. L'amie d'enfance du narrateur, qu'il n'a pas revue depuis leur séparation forcée, se suicide dans l'école élémentaire qu'ils fréquentaient. 2. Dans sa poche, une page arrachée aux cahiers qu'ils noircissaient de plans et projets imaginés pour le <i>Terrain d'essai</i>, un lieu fictif où les potentiels candidats doivent passer des épreuves qui les confrontent à « la torture en échange d'un aperçu de ce que le cœur désire ». 3. La chambre sombre du narrateur, misanthrope obsédé par ses rêves. Il y rédige d'une traite « La Maison des épreuves », le manuscrit d'un test qui aurait pu, ou pas, sauver son amie si elle l'avait trouvé dans la pièce froide où elle s'est tranché les veines. 4. Le lecteur, après ces trente pages d'introduction et bien que prévenu de sa « froideur », se livre au test. Il se fraie un chemin à travers la batterie d'épreuves de la Maison et de ses trois sections, composées chacune d'une succession de courtes situations suivies de questions. — « Comment l'interprétez-vous ? Justifiez votre choix. »</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Deux enfants inséparables à l'imagination morbide, deux fois deux poupées enterrées, un verger souterrain, un manège, une fête foraine, de nombreux sous-sols... <i>La Maison des épreuves</i> empreinte un chemin tortueux et une forme nouvelle, surprenante, déstabilisante, « un territoire de repli, un territoire alternatif tout en friches et cachettes », qui dévore le lecteur auquel elle est offerte en pâture. Elle explore l'enfance et l'adolescence, leurs hallucinations, leur sérieux et leur <i>alter</i>-vision de la réalité, elle exacerbe les pulsions autodestructrices et les met en scène pour les exorciser, les extraire de l'inconscient puis les déposer entre les mains du lecteur telles de petits monstres déformés qui palpitent encore.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">La voix désincarnée et froide — <i>voix</i>, car je l'entends plus que je ne la lis — impose avec les épreuves de La Maison une interaction avec le texte et introspection forcée : le roman de Jason Hrivnak est un livre sphinx dont les énigmes ne peuvent que piéger. Dans la brume des blancs et des silences qui les relient, les filaments d'une seconde histoire s'échappent des esquisses de réponses qu'à notre insu nous formulons, alors que le livre sans merci déploie en nous des tentacules d'encre qui nous entourent le cerveau, se glissent dans les interstices, immiscent des questions que l'on ne se pose pas, que l'on n’imagine pas. Bulles qui éclatent sur la surface d'un étang troublé, que l'on ne saisit pas, mais dans lesquelles on voudrait se mirer. Noir étang, mais explore, explore davantage, au profond, quelque chose de collant et d'insidieux — « espoir de créer une résonance, de reproduire à la fois en moi et dans le texte la fréquence particulière de désarroi qui la poussait vers le suicide ».</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Inspiré des jeux vidéo d'aventure et des action-RPG (lire <a href="https://charybde2.wordpress.com/2017/01/07/note-de-lecture-la-maison-des-epreuves-jason-hrivnak/" target="_blank">la chronique d'Hugues Robert </a>de la librairie Charybde), version altérée, paradoxale, redoutable et puissante des « livres dont vous êtes le héros », <i>La Maison des Épreuves</i> donne l'illusion d'un choix, quand réponses et résolutions ne restent qu'intérieures et ne renvoient jamais, sur le papier, qu'à l'exposition suivante. Pourtant, sur les pages, nous vivons, <i>éprouvons</i>, autant que les caractères, avec eux et peut-être même <i>à leur place</i> ou <i>à rebours</i> d'eux. Les interrogations provoquées par les bifurcations, les prolongements que le lecteur — moi — poursuit dans son for intérieur, les instants en suspens où je ne suis (suivre et être, ni l'un ni l'autre) plus le livre, ni moi, mais un moi créé par le livre, à la fois enfanté par lui et hors de son contrôle, ouvrent un espace intermédiaire. Mon inconscient, mon imagination, celle de l'auteur, celle des personnages s'y rejoignent et s'y échappent et ce flou demeure innommé, ni dit ni écrit, autre et infiniment intime. Soyons méfiants, cependant, car dans <i>La Maison des Épreuves</i> ce qui aiguillonne l'imagination l'aiguille, et l'on est poussé à l'intérieur de ce temps, de cet espace intermédiaire autant que l'on s'y évade. Les cauchemars que l'on y fera seront-ils bien les nôtres ? Le jeu est dangereux : l'on en ressort troublé — ou plutôt, <i>réveillé</i>.</div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-c_BKRd5u8So/WHdgvX_w0gI/AAAAAAAABdo/aONQZp8YKEMaWPCo3BApbw2q58lFgo0DgCLcB/s1600/La%2Bmaison%2Bdes%2B%25C3%25A9preuves%252C%2BJason%2BHrivnak%252C%2Bl%2527Ogre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La maison des épreuves, Jason Hrivnak, éditions de l'Ogre" border="0" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-c_BKRd5u8So/WHdgvX_w0gI/AAAAAAAABdo/aONQZp8YKEMaWPCo3BApbw2q58lFgo0DgCLcB/s400/La%2Bmaison%2Bdes%2B%25C3%25A9preuves%252C%2BJason%2BHrivnak%252C%2Bl%2527Ogre.jpg" title="La maison des épreuves, Jason Hrivnak, éditions de l'Ogre" width="302" /></a></div><br />
<div style="text-align: justify;"><i>La Maison des Épreuves</i>, premier roman de Jason Hrivnak, est parvenu entre les mains de Claro, qui l'a traduit, dans <a href="http://towardgrace.blogspot.fr/2016/10/anti-manuel-de-suicide.html" target="_blank">des circonstances particulières</a>. Autre signe, sa parution coïncide avec le deuxième anniversaire de l'Ogre, dont c'est l'une des parutions les plus marquantes et poétiques et qu'il faut lire, à tout prix. </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Auteur, traducteur et éditeurs seront présents ce soir à la librairie Le comptoir des mots (Paris 20<sup>e</sup>).</div><h4 style="text-align: justify;"><i>La Maison des Épreuves</i>, Jason Hrivnak, traduit de l'anglais (Canada) par Claro. Les éditions de l'Ogre, 2017.</h4><h4 style="text-align: justify;"> </h4>Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-67822315699093442532016-12-08T10:12:00.000+01:002016-12-08T10:12:05.436+01:00Contrenarrations, le pouvoir de la fiction.<div align="justify">
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
« <i>Dans le contexte formé par le canon d'un mousquet, existe-t-il une responsabilité morale autre que silence, résistance et ruse ?</i> »</blockquote>
</div>
</div>
<div align="justify">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-0IIOvmnlMJ4/WEiatLoQzwI/AAAAAAAABc4/39az2s3aT2MbxW87v4PtQyPOeIWtDUKYQCLcB/s1600/Contrenarrations%252C%2BJohn%2BKeene%252C%2BCambourakis_02.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Contrenarrations, John Keene, Bernard Hoepffner, Cambourakis" border="0" height="360" src="https://2.bp.blogspot.com/-0IIOvmnlMJ4/WEiatLoQzwI/AAAAAAAABc4/39az2s3aT2MbxW87v4PtQyPOeIWtDUKYQCLcB/s640/Contrenarrations%252C%2BJohn%2BKeene%252C%2BCambourakis_02.jpg" title="Contrenarrations, John Keene, Bernard Hoepffner, Cambourakis" width="640" /></a></div>
<br />
— « <i>In part to disorient; it’s a kind of warping, an attempt to defamiliarize, and thereby reshape, our thinking.</i> » Les voix s'emparent. (Dé)libérée puissance — par le pouvoir de l'imagination, de la narration et de la fiction. Acte : reprendre le contrôle des corps et de la parole. John Keene déjoue les attentes, se libère des conventions. <i>Experimentation versus expectations</i>. <i>Contrenarrations</i> esquisse un pas de côté qui donne à voir une perspective autre, une littérature autre qui construit une alternative narrative aux mythes américains. Côté pile de l'Histoire, tous les narrateurs sont noirs. Noirs, artistes, intellectuels, souvent homosexuels. Un récit <i>queer</i> où il faut savoir qui parle et pourquoi les récits sont secrets, cachés, importants. L'on glisse subrepticement. Des troisièmes personnes aux personnes premières. Des <b><i><span style="color: #666666;">contre</span>narrations</i></b> aux <b><i>rencontre<span style="color: #666666;">narration</span>s</i></b>, jusqu'à la <b><i>contrenarration</i></b> finale. De l'objectivité apparente et théorique aux subjectivités pleines et entières, pour un livre génial et brillant.<br />
<br />
Le titre américain, <i>Counternarratives : Stories and Novellas</i>, souligne les formes multiples que prend la parole dans le livre, qui n'est exactement ni un roman ni un recueil de nouvelles, mais plutôt le contre-pied de ce que l'on attend d'un livre : « <i>a literary and archival mixtape</i> ». Une « <i>collection</i> » qui mêle pure fiction, événements historiques, personnalités réelles et héros de la littérature. Récits d'aventures, poèmes, monologues intérieurs, dialogues, théories philosophiques, lettres, coupures de journaux, documentaire, journal intime... Va, pour <i>mixtape</i>. De celles que l'on se passe en boucle, dont la composition et l'ordre font sens, dont les morceaux sans être liés s'entrecroisent et s'interpellent. Dès lors, l'ensemble se lit presque comme un roman, et les nouvelles ne se conçoivent plus seules, l'architecture du livre possède une unité dont se dégage l'impression jouissive d'avoir sous les yeux une forme nouvelle et virtuose, qui engage autant le lecteur que l'auteur.<br />
<br />
<table align="center"><tbody>
<tr> <td style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-1xZVOzp7WUs/WEicWanxQDI/AAAAAAAABdA/hUcP_nRS0QI1-zuMMtSknVquGGpQqQN6gCLcB/s1600/Contrenarrations%252C%2BJohn%2BKeene%252C%2BCambourakis_01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Contrenarrations, John Keene, Bernard Hoepffner, Cambourakis" border="0" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-1xZVOzp7WUs/WEicWanxQDI/AAAAAAAABdA/hUcP_nRS0QI1-zuMMtSknVquGGpQqQN6gCLcB/s400/Contrenarrations%252C%2BJohn%2BKeene%252C%2BCambourakis_01.jpg" title="Contrenarrations, John Keene, Bernard Hoepffner, Cambourakis" width="300" /></a></div>
</td> <td><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-YDYz7Ks9HBQ/WEid5wUXkwI/AAAAAAAABdI/tsQSAHSYaTEwhop87Udydx4TAGSC8COrwCEw/s1600/counternarratives.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Bill Traylor Untitled (Man Pointing Up) for Counternarratives, John Keene" border="0" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-YDYz7Ks9HBQ/WEid5wUXkwI/AAAAAAAABdI/tsQSAHSYaTEwhop87Udydx4TAGSC8COrwCEw/s400/counternarratives.jpg" title="Bill Traylor Untitled (Man Pointing Up) for Counternarratives, John Keene" width="256" /></a></div>
</td> </tr>
</tbody></table>
<br />
Les « histoires et nouvelles » de <i>Contrenarrations</i> sont chacune centrées sur un personnage différent, sur une histoire personnelle particulière, sur l'art de raconter leur histoire. La longueur varie, le ton varie, la forme varie. Chacune porte sa propre parole. Chacune vous happe, vous percute, vous transporte. Des voix se répondent et conversent avec l'Histoire, l'imaginaire collectif, la philosophie, la politique, jusqu'aux citations, nombreuses, en incipit, qui dialoguent entre elles et avec les textes. Voyages. À travers temps et espace, du 17e au 21e, la découverte de l'île Mannahatta, les jungles du Brésil colonial, la révolution américaine, l'indépendance haïtienne et un couvent du Kentucky, la guerre de Sécession, le campus de Harvard, le cirque Fernando de Montmartre, un hôtel des Catskills, la Renaissance de Harlem, Rio de Janerio, une possible prison.<br />
<br />
Comme dans un roman d'aventures, le canoë d'un éclaireur polyglotte glisse sur la première page. Des berges inconnues, une île humide. L'homme qui ouvre d'un <i>schibboleth </i>les portes du livre, né à Saint-Domingue d'un marin portugais et d'une Africaine, déserte le <i>Jonge Tobias</i>, un navire néerlandais pour lequel il est traducteur. Juan Rodriguez sur Manhattan est Premier — premier <i>non-native</i>, premier immigrant, premier Afro-descendant, premier Latino. Symbolique, l'amorce, déjà, théâtralise l'importance de la parole et l'héritage africain. On retrouve ces deux piliers dans les quilombos créés dans l'arrière-pays brésilien par les esclaves échappés des plantations de canne, les rites mina d'un soldat, les chants en akan d'une parturiente, la divination vaudou à Saint-Domingue, ou la lecture des signes par le vieux Jim des <i>Aventures d'Huckleberry Finn</i>. — La langue, puissance révélatrice, dévoile : voir les invisibles présences. Dans un monde où le commerce triangulaire et de l'exploitation des corps noirs ont engendré l'ancêtre du capitalisme et qui de conformistes racistes a fait des héros d'enfance acceptés.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-76c4iduWY70/WEih2ViEQZI/AAAAAAAABdQ/D2Ud5uM5txw3BJIEff_WCZGelQ1HKC2GgCLcB/s1600/john-keenes-counternarratives-rewires-history-with-imagination-body-image-1442523268-size_1000.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="John Keene" border="0" height="281" src="https://3.bp.blogspot.com/-76c4iduWY70/WEih2ViEQZI/AAAAAAAABdQ/D2Ud5uM5txw3BJIEff_WCZGelQ1HKC2GgCLcB/s400/john-keenes-counternarratives-rewires-history-with-imagination-body-image-1442523268-size_1000.jpg" title="John Keene" width="400" /></a></div>
<br />
La vision, la réappropriation et la créativité de John Keene transportent le lecteur dans une traversée déroutante et stupéfiante d'une contre-histoire de l'esclavage des Noirs en Amérique qui invoque la sorcellerie, la transmission des rites, la filiation intellectuelle. L'<i>empowerment</i>, le désir profond de liberté et d'émancipation constituent le socle des histoires et nouvelles de <i>Contrenarrations</i>, mais c'est le regard artistique et attentif porté sur le monde par chaque personnage qui leur donne saveurs et reliefs. Poètes, militants, sociologues, ethnomusicologues, anonymes... Zion chante, Carmel dessine, Red rêve de ballons, Miss La La s'envole dans les airs, Mário de Andrade, Langston Hughes et Xavier Villaurrutia composent, W.E.B. du Bois réfléchit à Spinoza et à Santanaya, Bob Cole se noie dans les paroles de ses chansons. On voudrait prolonger le cri de Red, se suspendre au filin mordu par l'acrobate ou aux traits de craie de Carmel, on pourrait passer des heures, des jours mêmes, à dénouer la trame, à suivre les fils, à remonter les sources, parcourir les œuvres des artistes convoqués et explorer leurs racines. Commençons, peut-être, par accueillir les figures et narrations données ici, dans leurs complexes ramifications et leur force évocatrice. <i>Contrenarrations</i> expérimente la liberté et il faut le lire.<br />
<br />
Bernard Hoepffner qui signe ici l'excellente traduction a obtenu ce mois-ci le Prix Laure-Bataillon pour <i>Infini</i> de Gabriel Josipovici publié par Quidam éditeur (<a href="http://ericdarsan.blogspot.fr/2016/02/infini-gabriel-josipovici.html" target="_blank">lire ici la chronique d'Eric Darsan</a>). Il a notamment traduit <i>Les Aventures de Tom Sawyer</i>et <i>Les Aventures de Huckleberry Finn</i> de Mark Twain (éditions Tristram), et de nombreux auteurs anglo-saxons dont Gilbert Sorrentino, Will Self, Martin Amis, Robert Coover. Il a également participé à la nouvelle traduction d'<i>Ulysse</i> de James Joyce chez Gallimard.<br />
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<div align="justify">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/LIuEAYMz0_o/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/LIuEAYMz0_o?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div style="text-align: center;">
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<span style="font-size: x-small;">John Keene lit un extrait de<i> </i>« <i>Cold </i>» au Poetry Center de San Francisco.</span></div>
<br />
Les citations en italique sont de John Keene, et extraites d'<a href="http://bombmagazine.org/article/5381825/tonya-foster-john-keene" target="_blank">une discussion avec Tonya Foster’s publiée sur <i>BOMB magazine</i></a>.<br />
<h4>
<i>Contrenarrations</i> de John Keene, traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Hoepffner. Editions Cambourakis, 2016.</h4>
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</div>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-31258614725179983852016-11-15T10:32:00.000+01:002016-11-15T19:09:28.125+01:00Revue : septembre et octobre<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-0WJB0g9C-7o/WCoV6aMWSMI/AAAAAAAABck/8MG5M90RgnYXLbvAeZ6FvSCNOsSK02PIQCEw/s1600/Lac%2Bd%2527automne%2B-%2BLou%2BDarsan.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="360" src="https://1.bp.blogspot.com/-0WJB0g9C-7o/WCoV6aMWSMI/AAAAAAAABck/8MG5M90RgnYXLbvAeZ6FvSCNOsSK02PIQCEw/s640/Lac%2Bd%2527automne%2B-%2BLou%2BDarsan.JPG" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Etang. Lou Darsan.</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Retour sur septembre et octobre ! Alors qu'ici, je vous parlais de d'<a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.fr/2016/09/le-bal-des-ardents-fabien-clouette.html" target="_blank">orages sans bruits</a>, de <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.de/2016/09/honky-zombie-tonk-henning-wagenbreth.html" target="_blank">zombies</a> et de <a href="http://louetlesfeuillesvolantes.blogspot.fr/2016/10/elisee-thomas-giraud.html" target="_blank">chemins buissonniers</a>, ailleurs j'évoquais stations-service, cosmonautes, coups de poker et lieux artificiels... Mais je commence par tricher et déborder sur novembre, pour évoquer ici la soirée « Libraires d'un soir » qu'<a href="http://ericdarsan.blogspot.fr/" target="_blank">Eric Darsan</a> et moi avons animée à la Librairie Charybde. Ce fut riche et passionnant, merci aux libraires et au public ! Vous trouverez notre <a href="https://www.charybde.fr/blog/lou-et-eric-darsan-libraires-d-un-soir" target="_blank">sélection de huit titres</a> sur le site de Charybde, chez qui ils sont bien sûr tous disponibles. Et ci-dessous l'enregistrement de la soirée ! Au programme, choisis avec soin (et passion) dans le catalogue d'éditeurs indépendants, des romans, bandes-dessinées et poèmes d'Allen Ginsberg, Marie Cosnay, Pablo Katchdjian et Thibault Amorfini pour Eric, de Virginia Woolf, Ramón Sender et D.H. Lawrence, Zeina Abirached pour moi.<br />
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/TFzTwhg0xh4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/TFzTwhg0xh4?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
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<h2>
Chroniques d'ailleurs : Un dernier livre avant la fin du monde et Addict-Culture.</h2>
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<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkgNuI7UxgTTGSNtQn-8Ftw2dn7xFzKbU9PbqXD3KUI__Ms5dA8IEpUinTQ8LGwMHsTf6FR-7bs99KkEwLpE0nX2CJSJDgH10gpEA06wQTM0Iuu6FbUxLrIdUwd5xsJFH6pKu79Wic2fk/s1600/Sombre_aux_abords_Julien_d_Abrigeon_Quidam_couv.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Sombre aux abords, Julien d'Abrigeon, Quidam" border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkgNuI7UxgTTGSNtQn-8Ftw2dn7xFzKbU9PbqXD3KUI__Ms5dA8IEpUinTQ8LGwMHsTf6FR-7bs99KkEwLpE0nX2CJSJDgH10gpEA06wQTM0Iuu6FbUxLrIdUwd5xsJFH6pKu79Wic2fk/s320/Sombre_aux_abords_Julien_d_Abrigeon_Quidam_couv.JPG" title="Sombre aux abords, Julien d'Abrigeon, Quidam" width="210" /></a><i>Sombre aux abords</i>, Julien d'Abrigeon</h2>
<h3 style="text-align: justify;">
<i>Un dernier livre avant la fin du monde</i>, 8 septembre. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Quelques lignes, et tout de suite un décor, un poids, quelque chose de dur, de gluant. Tu sens que tu ne poseras pas le livre avant de t’être pris la dernière page en pleine gueule, comme tu sais que tu vas encaisser les autres. Chaque phrase fuse, te prend aux tripes. Sans te laisser le temps de t’en remettre, l’auteur enchaîne avec la suivante, te roue le corps à coup d’uppercut et ne te lâche pas. Emergence du souvenir d’une traversée de l’Ardèche, la N106 en stop, un routier au volant d’une Mégane, les pneus crissent, ça sent la gomme par la fenêtre ouverte, la chaleur écrase le paysage crayeux et les villages traversés à toute blinde, les stations-service défilent crasseuses. (...)</div>
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/sombre-aux-abords-julien-dabrigeon/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/sombre-aux-abords-julien-dabrigeon/</a><br />
<h4 style="text-align: justify;">
<i>Sombre aux abords</i>, Julien d'Abrigeon.<i> </i>Quidam éditeur, 2016.</h4>
<h4 style="text-align: justify;">
</h4>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-FNxAAhHlQjQ/WCoDvX2JcXI/AAAAAAAABb8/ZWtEpFiV8dUZJ-G7bMD6hla6taz7aXoRQCLcB/s1600/les%2Bcosmonautes%2Bne%2Bfont%2Bque%2Bpasser%252C%2BElitaza%2BGueorguieva%252C%2B%25C3%25A9ditions%2BVerticales%252C%2Bcouv.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Les cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva, Verticales" border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-FNxAAhHlQjQ/WCoDvX2JcXI/AAAAAAAABb8/ZWtEpFiV8dUZJ-G7bMD6hla6taz7aXoRQCLcB/s320/les%2Bcosmonautes%2Bne%2Bfont%2Bque%2Bpasser%252C%2BElitaza%2BGueorguieva%252C%2B%25C3%25A9ditions%2BVerticales%252C%2Bcouv.jpg" title="Les cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva, Verticales" width="218" /></a><i>Les cosmonautes ne font que passer</i>, Elitza Gueorguieva</h2>
<h3 style="text-align: justify;">
<i>Un dernier livre avant la fin du monde</i>, 22 septembre. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Dans la cour de l’école Iouri Gagarine, une mosaïque à l’effigie du héros soviétique et un immense sapin planté de ses propres mains dominent les élèves. Une fillette fascinée par le premier homme dans l’espace et son Volstok légendaire décide de devenir à son tour cosmonaute, une mission secrète qu’elle cache à sa famille qui juge son projet « totalement à côté de la plaque » parce qu’elle une fille, qu’elle est bulgare et qu’elle multiplie les bêtises. (...)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/cosmonautes-ne-passer-elitza-gueorguieva/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/cosmonautes-ne-passer-elitza-gueorguieva/</a></div>
<h4>
<span class="current"><i>Les cosmonautes ne font que passer</i>, Elitza Gueorguieva</span>. Editions Verticales, 2016.</h4>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-hrqEURjZCE0/WCoFJqW3QcI/AAAAAAAABcE/Y7_4rrrlsTQ-nafIvergJL3Kf46GOkqSQCLcB/s1600/Le%2BContorsionniste%252C%2BCraig%2BClevenger%252C%2BLe%2BNouvel%2BAttila.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le Contorsionniste, Craig Clevenger, Le Nouvel Attila" border="0" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-hrqEURjZCE0/WCoFJqW3QcI/AAAAAAAABcE/Y7_4rrrlsTQ-nafIvergJL3Kf46GOkqSQCLcB/s320/Le%2BContorsionniste%252C%2BCraig%2BClevenger%252C%2BLe%2BNouvel%2BAttila.jpg" title="Le Contorsionniste, Craig Clevenger, Le Nouvel Attila" width="236" /></a><i>Le Contorsionniste</i>, Craig Clevenger </h2>
<h3 style="text-align: justify;">
<i>Addict-Culture</i>, 10 octobre.</h3>
<div style="text-align: justify;">
Joueur génial qui décrypte ses propres tours de prestidigitation, le John Vincent de Craig Clevenger ressemble fort à un Keyser Söze qui rectifierait en voix off et en live les affabulations de son récit, ou à un héros de comics échappé d’un Fight Club façon film d’arnaque. Alternance de scènes d’interrogatoire et de flashback couronnée d’un twist final génial, Le contorsionniste est un coup de poker, un immense bluff qui bouscule les codes narratifs, un récit haletant, rythmé et assez jouissif que l’on peut déjà ranger parmi ses classiques. (...)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://addict-culture.com/le-contorsionniste-craig-clevenger/" target="_blank">http://addict-culture.com/le-contorsionniste-craig-clevenger/</a> </div>
<h4>
<i>Le Contorsionniste</i>, Craig Clevenger. Traduit par Théophile Sersiron. Editions Le Nouvel Attila, 2016.</h4>
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<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-9_t_SPGBJ6I/WCoUBYc6wBI/AAAAAAAABcc/3k8sbOooIpIK_lvSesy_iB8hmla_fuycQCLcB/s1600/La%2Bmoiti%25C3%25A9%2Bdu%2Bfourbi%252C%2Bcouv%2B2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="« Lieux artificiels », La moitié du fourbi" border="0" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-9_t_SPGBJ6I/WCoUBYc6wBI/AAAAAAAABcc/3k8sbOooIpIK_lvSesy_iB8hmla_fuycQCLcB/s320/La%2Bmoiti%25C3%25A9%2Bdu%2Bfourbi%252C%2Bcouv%2B2.jpg" title="« Lieux artificiels », La moitié du fourbi" width="234" /></a></div>
<h2 style="text-align: justify;">
« Lieux artificiels », <i>La moitié du fourbi</i></h2>
<h3>
<i>Un dernier livre avant la fin du monde</i>, 23 octobre. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Lieux artificiels, réunis dans une moitié de fourbi, un fatras ouvert. Fragments d’espace discernés, appréhendés, saisis, imaginés dans le territoire libre d’une revue. Quatorze textes, deux entretiens, autant de sensibilités et d’approches d’un concept, d’une idée large et glissante. Création littéraire, essai, dessin, photographie, rêverie, dialogue… Tentatives tentaculaires de s’immiscer dans, vers. (...)<br />
<br />
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/moitie-fourbi-lieux-artificiels/" target="_blank">http://www.undernierlivre.net/moitie-fourbi-lieux-artificiels/</a></div>
<h4>
« Lieux artificiels », revue <i>La moitié du fourb</i>i n°4, 2016.</h4>
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Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-27999453348572296142016-10-26T00:05:00.003+02:002016-10-26T00:05:36.595+02:00Élisée avant les ruisseaux et les montagnes, Thomas Giraud.<div style="text-align: right;"><blockquote class="tr_bq">« <i>Il lui manque de la lenteur du temps perdu, de l'espace entre les mots. Il commence avec les qualités de la jeunesse, il veut écrire tout le temps, et il veut dire beaucoup, ne rien laisser en chemin, ne rien oublier. Cependant, il lui manque les limites que l'on a comprises en vieillissant, celles qui vous obligent à approfondir ce que l'on sait faire, à contourner les failles personnelles avec des mots légers, à franchir les obstacles en dissimulant la douleur, à mettre parfois du silence pour ne rien dire. Il met des adverbes partout, barbouille d'adjectifs, il est plein d'allégresse et d'envie et il n'a jamais écrit aussi mal. Il écrit, il écrit, il écrit.</i> »</blockquote></div><br />
<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-5O5UvfxF2OY/WA_Mt9Q1P8I/AAAAAAAABZ0/4mBOE-liIls2LS8KsPduX6YkS_20xolzQCLcB/s1600/Elisee_Thomas_Giraud_La_Contre-All%25C3%25A9e%2B-%2BRETOUCHE.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Elisee_Thomas_Giraud_La_Contre-Allée - Lou Darsan" border="0" height="360" src="https://4.bp.blogspot.com/-5O5UvfxF2OY/WA_Mt9Q1P8I/AAAAAAAABZ0/4mBOE-liIls2LS8KsPduX6YkS_20xolzQCLcB/s640/Elisee_Thomas_Giraud_La_Contre-All%25C3%25A9e%2B-%2BRETOUCHE.jpg" title="Elisee_Thomas_Giraud_La_Contre-Allée - Lou Darsan" width="640" /></a></div></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">J'ai lu <i>Élisée avant les ruisseaux et les montagnes</i> près d'une fenêtre. Souvent, entre les phrases, j'ai regardé le ciel et, au loin, la campagne. Une heure ou deux, au rythme patient du marcheur ou du lecteur attentif. Sur ce chemin, je me suis attardée pour observer l'arbre, ramasser la pierre, écouter l'eau, humer l'air. J'ai pris le temps de lire <i>Élisée avant les ruisseaux et les montagnes</i>, de le lire doucement, de laisser s'installer ses phrases, sa voix, sa pensée, de m'imprégner de la quiétude et de la sérénité insufflées par ce livre beau et paisible. Il y a de ces écritures qui en une phrase vous saisissent, et d'autres qu'il faut laisser se déployer, qu'il faut peut-être écouter plus que certaines, des écritures qui respirent calmement. Celle de Thomas Giraud s'installe avec retenue, mot après mot, pas après pas. Dans ceux d’Élisée, on progresse doucement. Il faut écouter, prêter attention aux détails, aux motifs, aux répétitions, à leurs variations. — Sur la couverture, des fragments de chemins, le clapot de ruisseaux, des éclis de montagne, les courbes de lignes de dénivelés, traits dispersés d'un vert bleuté. Il y a ces « <i>bouts de pensées</i> » qui rythment le livre, ces pensées à peine formulées, des ébauches qu’Élisée roule sous la langue, tourne dans sa tête, et qui s'allongent, s'élaborent. Ces pensées d'avant l'écriture, qui peuvent accompagner une journée, des prémices, à peine. Des blancs ici les encadrent, et nos yeux s'y reposent, l'on s'y attarde, s'en imprègne, cela touche l'intime et l'on y retrouve forcément aussi un peu de soi.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Y3bci0-smDg/WA_R3lJF0SI/AAAAAAAABaM/PcR5EY0DRA4CmtIYNQeDhiyD1rm8NIWcACEw/s1600/Lou%2BDarsan%2B-%2Bruisseau.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Rivière - Lou Darsan" border="0" height="358" src="https://3.bp.blogspot.com/-Y3bci0-smDg/WA_R3lJF0SI/AAAAAAAABaM/PcR5EY0DRA4CmtIYNQeDhiyD1rm8NIWcACEw/s640/Lou%2BDarsan%2B-%2Bruisseau.JPG" title="Rivière - Lou Darsan" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> « <i>Ses pauses lui permettent de s'approprier une multitude d'endroits, quelques minutes, de l'explorer avant de s'allonger pour dormir un peu. On connaît plus précisément la terre sur laquelle on a dormi, ses odeurs, son grain. Ces endroits de sieste lui donnent une connaissance détaillée, en fin de compte, de milliers de lieux-dits, d'arbres égarés, de rus entre deux champs. Il prend de plus en plus de temps. Il en profite pour prendre des notes.</i> »<br />
</td></tr>
</tbody></table><br />
— « <i>J’aime ces écritures qui avancent, musardent, où tout n’est pas donné, où il faut suivre un chemin en lacet, retrouver la même sensation dite plusieurs fois, mais avec de légères nuances.</i> » Thomas Giraud imagine. Il construit de la fiction dans les blancs, dans les silences que pourtant il ménage. Se permet, parfois, de douter, de supposer. Et pourtant, il affirme, crée des personnages. Il n'agit pas en biographe, mais en écrivain. <i>Élisée avant les ruisseaux et les montagnes</i>, Élisée avant qu'il ne devienne le géographe, anarchiste, végétarien, naturiste que l'on connaît, est la découverte d'un regard et d'une sensibilité qui s'exercent et se posent sur un chemin de retour. Retour double, celui de l'homme mûr qui revient vers les lieux familiaux, et celui de l'adolescent qui emprunte de longs détours pour retourner chez lui annoncer sa résolution de ne pas devenir pasteur. Deux retours, déterminés par un premier aller, une longue diagonale de la Dordogne aux rives du Rhin, un trajet vers la silhouette floue d'Élie, le grand frère, et le collège piétiste de Neuwied. Le livre fait de cette traversée accomplie seul, à douze ans, à pied et en malle-poste, par Élisée, l'instant où « <i>les coutures s'ouvrent</i> » pour l'enfant qui découvre les horizons, les routes, les ciels, les rivières et s'éloigne de son père.<br />
<br />
Car il lui faut, pour basculer vers qui il s'apprête à devenir, mettre de la distance entre lui et « Jacques, le père », l'omniprésent, le pasteur «<i> impécunieux </i>», qui dans le roman est l'original, le fou, l'évangéliste qui sermonne, sermonne, à table, au temple, dans la rue, dans la campagne qu'il bat, assomme par un final « <i>vous pourrez beaucoup prier</i> ». « <i>Jacques, le père</i> », un leitmotiv, comme si le géniteur ne pouvait être nommé sans sa fonction. Un père qui s'use les pieds sur les chemins, mais ne s'arrête jamais pour contempler, pour qui le futur des fils aînés est route déjà tracée, vocation, «<i> évidence </i>». Et puis, il y a Zéline, institutrice privée, et beaucoup de finesse dans ce portrait de mère, que l'on devine intelligente et qui transmet à Élisée « <i>du goût pour l'inconnu qu'on apprivoise en apprenant, pour ce temps intérieur qui fait venir à soi la réflexion</i> ». Zéline, une mère qui, à ce fils qui collectionne des bouts de pensée et de petites pierres, ramassées dans les champs, glissées dans les poches, laissées sur les tables, chuchote. Plus tard, ils s'écriront.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-U61tpJNDjzo/WA_J7HiWGTI/AAAAAAAABZo/Tw3l0nEqfzk56i8qdYQFFeEQx8tPAzlJACEw/s1600/Lou%2BDarsan%2B-%2Barbres.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Arbres - Lou Darsan" border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-U61tpJNDjzo/WA_J7HiWGTI/AAAAAAAABZo/Tw3l0nEqfzk56i8qdYQFFeEQx8tPAzlJACEw/s640/Lou%2BDarsan%2B-%2Barbres.jpg" title="Arbres - Lou Darsan" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> « <i>Les envies de décrire les choses naissent comme elles viennent, aléatoires et imprévisibles, et, par paresse peut-être, mais aussi par respect pour ce qu'elles sont, il lui semble qu'elles peuvent toutes être traitées avec la même énergie et que la connaissance de ces choses-ci et la connaissance née de celles-ci sont tout à fait nécessaires. Et puis, il ne sait pas faire autrement.</i><br />
<i> </i><i>Bout de pensée : Je sens l'universel et laisse le général aux autres.</i><br />
<i> </i><i>Rien sur le général. On sait, en revanche, que pour lui, l'universel c'est la multitude des détails.</i> »<br />
</td></tr>
</tbody></table><br />
Thomas Giraud retrouve chez Élisée Reclus quelque chose de Giono, une capacité à « parler de la montagne en utilisant le vocabulaire de la mer » et de Rousseau, « celui des <i>Rêveries</i>, le promeneur ». L'on ressent chez lui une certaine fascination pour « <i>le goût d’Élisée pour la multitude et l'éparpillement</i> », pour cette absence de méthode, de hiérarchie, cette façon particulière de saisir dans les paysages autant l'ensemble que les détails, de la pierre aux montagnes, qui fera d'Élisée un homme, un géographe hors du commun. — « <i>Lui ce qu'il aime c'est la nature telle qu'elle se présente et telle qu'elle se modifie, elle-même. La nature comme un œuvre d'art. L'érosion par le vent, par les pluies. Une haie modifiée par la chute d'un arbre. Des racines soulevant la terre</i>. » Au centre, le regard « a<i>ttentif et direct</i> » d’Élisée, un regard qui « <i>veut embrasser tout, sans réduction</i> », « <i>sans hiérarchie présupposée</i> », un regard qui englobe sans chercher à nommer, celui d'un homme qui respecte la nature et les choses pour ce qu'elles sont, infimes ou immenses. Un regard, et la subtile transcription de ce regard — <i>Élisée avant les ruisseaux et les montagnes</i>, décidément, est un beau livre.<br />
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</div><div style="text-align: justify;"><blockquote class="tr_bq">« <i>Pendant les quelques jours du voyage en diligence, il ne pense ni à Jacques, le père, ni à Zéline, ni aux autres frères et sœurs. Mais ce n'est pas de l'ingratitude. Il mange à peine, il découvre et ne peut faire autre chose. Les coutures s'ouvrent, il prend, est avalé en retour dans ce qu'il voit. Même dormir lui est difficile. Il se laisse absorber totalement, prenant les paysages, les rives de la Gironde, celles de la Seine, les contreforts du Bassin parisien, la Champagne pouilleuse, les forêts de l'Argonne, les plaines de l'Est, les boucles de la Meuse, comme une globalité. Il ne hiérarchise pas. Un arbre qu'il ne connaît pas au bord d'un chemin l'émeut autant que les grandes villes. Les pierres, partout, le troublent : les blanches, les ocres, les jaunes, des marbrées, du granit. <br />
Bout de pensée : Tout, tout et donc rien à dire tellement ce tout est immense. <br />
Bout de pensée : Je ne pense plus à mon père. </i>»</blockquote></div><br />
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<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Ro7ToEP4L1E/WA_LeL1ZmPI/AAAAAAAABZ4/GXwU_oEd6eknyPUCnpQHUh3Du-ytThy8QCEw/s1600/elisee-thomas-giraud-contre-all%25C3%25A9e_hd.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://3.bp.blogspot.com/-Ro7ToEP4L1E/WA_LeL1ZmPI/AAAAAAAABZ4/GXwU_oEd6eknyPUCnpQHUh3Du-ytThy8QCEw/s400/elisee-thomas-giraud-contre-all%25C3%25A9e_hd.jpg" width="283" /></a></div><h4><i>Élisée avant les ruisseaux et les montagnes</i>, Thomas Giraud.</h4><h4>Collection « La Sentinelle », éditions La Contre-Allée, 2016.</h4><br />
<h3>Lire aussi : </h3>Sur Remue.net, le journal d'écriture de Thomas Giraud : <a href="http://remue.net/spip.php?article8392" target="_blank">ELISEE, avant les ruisseaux et les montagnes, un making-of.</a><br />
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Les écrits d’Élisée Reclus <a href="http://www.heros-limite.com/auteurs/reclus-elisee" target="_blank">publiés aux éditions Héros-Limite</a>.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Les <a href="http://addict-culture.com/author/thomas-giraud/" target="_blank">chroniques littéraires de Thomas Giraud</a> sur Addict-Culture.</div><br />
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Crédit photo : Lou Darsan.<br />
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Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-58602276324241381392016-09-29T20:55:00.002+02:002017-02-17T14:54:26.096+01:00Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth.<div>
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<div>
<i>« Ca se balance, ça se tord jusqu'à ce que le jour paraisse,</i></div>
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<i>Puis l'orchestre de jazz s'effondre, sans plus de jus après la liesse.</i></div>
<div>
<i>Les gens repartent aux quatre vents, quittant la vapeur bleue épaisse :</i></div>
<div>
<i>Coup de balai, chaises à ranger, l'heure à présent est à la messe. »</i></div>
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<div>
<i>« Qui donc est ce diable noir qui se marre devant sa glace ?</i></div>
<div>
<i>Pourquoi dans cette sombre nuit, ces soleils éclairant les places ?</i></div>
<div>
<i>Des bris de glacier ont plongé dans le noir jais des océans,</i></div>
<div>
<i>Bolden avec les fées se casse : whisky, opium et lapins blancs. »</i></div>
</blockquote>
</div>
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<a href="https://4.bp.blogspot.com/-vqnWAGRNrNo/V-wppb-RlbI/AAAAAAAABYg/QLl9NL_k9psEZMepyfmOAgdsw6BonUfnQCLcB/s1600/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_04-640.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." border="0" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-vqnWAGRNrNo/V-wppb-RlbI/AAAAAAAABYg/QLl9NL_k9psEZMepyfmOAgdsw6BonUfnQCLcB/s640/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_04-640.png" title="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." width="640" /></a></div>
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<div align="justify">
Lignes fortes et formes simples, caricatures, rythme, humour et pop, le style électrique d'Henning Wagenbreth, identifiable entre tous, crée un univers étrange et enthousiasmant. Dessinateur, illustrateur, maître affichiste, assembleur fou de <i>Tobot, </i>parfois typographe, Henning Wagenbreth convoque les calaveras du Día de los Muertos et l'expressionnisme allemand dans un mélange détonnant et, disons-le, plutôt génial. Sur la couverture, les couleurs éclatent. Bleu, rose, orange, jaune — des faisceaux, des flammes, du son. Trompette, flingues, parade, baston, La Nouvelle-Orléans les pieds devant, du jazz au cimetière, et un passage par le gramophone. Le trait est minimaliste, les formes géométriques, les saynètes hypnotiques : <i>Honky Zombie Tonk</i> t'accroche l'œil, pour sûr, et balance un swing du tonnerre. Joyeuse revanche de la nuit, de l'alcool, de la danse et du « désir débridé » !</div>
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<a href="https://3.bp.blogspot.com/-aDY2qxqJUwU/V-wppFFnCRI/AAAAAAAABYc/Aq-fUQXwRQQZj1y4Vklaw-bV9icMccmVQCLcB/s1600/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_02-640.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." border="0" height="306" src="https://3.bp.blogspot.com/-aDY2qxqJUwU/V-wppFFnCRI/AAAAAAAABYc/Aq-fUQXwRQQZj1y4Vklaw-bV9icMccmVQCLcB/s640/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_02-640.png" title="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." width="640" /></a></div>
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Sous les arbres roses et sinueux, dans les flots jaunes du Mississippi, serpents et cous de poulet — une <i>voodoo queen</i> officie, de son chaudron un esprit armé d'une trompette surgit. Henning Wagenbreth retrace une « Histoire du jazz en dessins et quatrains », la naissance dans le bayou, les débuts d'avant Chicago et la prohibition, les pionniers qui ont refusé les enregistrements, les légendes comme Jimmy Roll Morton et Sidney Bechet. En bref, tout ce qui fait encore de New Orleans un mythe, un fantasme à la peau dure peuplé de musiciens, vendeurs ambulants, prostituées, souteneurs, boxeurs, escrocs, joueurs, ou politiciens véreux et de tous les fantômes qui hantent les rues de Storyville, le bayou, les bouges, et les bateaux à vapeur du Mississippi. Non sans rappeler que le berceau du jazz fut aussi traite des noirs, esclavage, champ de coton, noirs pendus, ségrégation, lois raciales, émeutes et racisme.</div>
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<a href="https://4.bp.blogspot.com/-qC7A3POGorE/V-wppPiCVUI/AAAAAAAABYY/fbYM3hY_3LM5AtIXCM4onG5kfxrtXN1VQCLcB/s1600/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_03-640.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." border="0" height="306" src="https://4.bp.blogspot.com/-qC7A3POGorE/V-wppPiCVUI/AAAAAAAABYY/fbYM3hY_3LM5AtIXCM4onG5kfxrtXN1VQCLcB/s640/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_03-640.png" title="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." width="640" /></a></div>
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Glissée en supplément dans le livre, une superbe affiche propose un « Who is who and what is what ? » amusant et précis qui retrace brièvement l'histoire des lieux et la biographie des personnalités présentées, du Razzy Dazzy Spasm Band à Joe King Oliver, en passant par la Streckfus-Line, Basin Street et les photos d’E. J. Bellocq. L'on y découvre aussi : 1. un nain aux pouvoirs hypnotiques videur dans un bordel, 2. un zombie, 3. un tueur en série, 4. un vendeur de gaufres qui souffle dans un clairon. Dépliée, la couverture fourmillant de détails et de personnages incroyables pourrait d'ailleurs elle-même faire office de poster. <i>Honky Zombie Tonk</i> ne déroge pas à la recherche graphique des éditions Le Nouvel Attila, toujours très attachées à la qualité de l'impression. Le livre est d'abord paru en Allemagne chez « Die Tollen Hefte », une collection de textes illustrés dirigée par Arnim Abmeier et Rotraut Susanne Berner. Sa traduction française, par Jörg Stickan (<i>Fuck America</i>, Edgar Hilsenrath, éditions Attila), publiée à la rentrée, est le quatrième titre du label Othello dédié à la poésie, à l'expérimentation, au dépassement des codes et des limites entre les genres, et qui prévoit également cet automne <i>Les Samothraces</i> de Nicole Caligaris (<i>La Scie Patriotique</i>), un leporello illustré par le travail photographique d’Eric Caligaris.</div>
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<a href="https://1.bp.blogspot.com/-nBblLwk87aM/V-wppHojN7I/AAAAAAAABYU/SCNtv7lkXFAcWN5bc04wo4E7Fv5885rngCLcB/s1600/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_01-640.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." border="0" src="https://1.bp.blogspot.com/-nBblLwk87aM/V-wppHojN7I/AAAAAAAABYU/SCNtv7lkXFAcWN5bc04wo4E7Fv5885rngCLcB/s1600/Honky-Zombie-Tonk_Henning-Wagenbreth_01-640.png" title="Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016." /></a></div>
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Henning Wagenbreth a récemment publié <i>Le Secret de Sainte Hélène</i> au Nouvel Attila, <i>Plastic Dog</i> chez L'Association, et illustré <i>Le Pirate et l'Apothicaire</i> de Robert Louis Stevenson aux éditions Les Grandes Personnes. Son <a href="http://www.wagenbreth.de/" target="_blank">site internet</a> est une véritable mine d'or !<br />
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Honky Zombie Tonk, Henning Wagenbreth. Label Othello, Editions Le Nouvel Attila. 2016.</h4>
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Crédit photo : illustrations d'Henning Wagenbreth, photo- montages de Lou Darsan.</h4>
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Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-71674557289182110862016-09-20T18:15:00.000+02:002016-09-20T18:38:57.311+02:00Le Bal des ardents, Fabien Clouette.<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
« <i>Donne-moi tes fous. Donne un fou, pas forcément les deux, mais donne-le-moi. En échange, je te donne mon roi. Tu as déjà ma reine depuis plusieurs tours. Donne-le-moi, car il est plus beau que mes pions, et il me fait rire.</i> » </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div>
« <i>Yasen s'apprête à lancer le boomerang en direction opposée, vers la nuit. Mais il est arrêté, et reste un temps comme ça, boomerang dans la main. Et s'il tombait, ça ferait sûrement une révolution, une révolution et demie, avant de toucher le sol</i>. »</div>
</blockquote>
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<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcft64WzVL-_dXF0hW9Zut_G3TwjhlATpTAf0N6iuNFFuNMZjRghUeuk4wp6vDv3aSLhzYtCgPnysDmPzJe1i91tpukr_98I-BbS6yO6VEmpBpnQkDY3NNE2OtC2GXg32rbkSQLun2J7g/s1600/Le+Bal+des+Ardents%252C+Fabien+Clouette%252C+%25C3%25A9ditions+de+l%2527Ogre+-+bandeau.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le Bal des ardents, Fabien Clouette, éditions de l'Ogre - bandeau" border="0" height="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcft64WzVL-_dXF0hW9Zut_G3TwjhlATpTAf0N6iuNFFuNMZjRghUeuk4wp6vDv3aSLhzYtCgPnysDmPzJe1i91tpukr_98I-BbS6yO6VEmpBpnQkDY3NNE2OtC2GXg32rbkSQLun2J7g/s640/Le+Bal+des+Ardents%252C+Fabien+Clouette%252C+%25C3%25A9ditions+de+l%2527Ogre+-+bandeau.png" title="Le Bal des ardents, Fabien Clouette, éditions de l'Ogre - bandeau" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
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Il y a les orages sans bruit et le silence du<i> Sans-Voix</i>. Les coquillages, morts, vendus, abandonnés, sables futurs. « Les ouvertures qu'ils enferment. » Les courses de moto sans casque, les pluies horizontales, les lumières bleues dans la nuit. Cadrans, néons, écrans de télévisions, longues chaînes de salpes translucides et affolements lumineux du plancton. Sous l'eau, les tombants, les secs, les massifs. Les safrans, les dormeurs, les chirurgiens. Les fonds marins qui font dessaler l'horizon, le haut et le bas, et la mangrove qui estompe les frontières, orée, mêlée. Les éponges jetées au fond des éviers et les corps dans le delta qui pourrissent. Les trésors étouffés dans les racines du banian, les bouts de tissu. Les feuilles de papier mouillées et les affiches superposées. Il y a des mots comme des amers, des motifs qui jalonnent, dont les retours retiennent et réveillent. Quand on les atteint, on croit savoir, mais on bascule. Quelque chose d'obsessionnel. Tous ces fous qui dansent. Des diagonales. Un boomerang lancé, relancé, et qui revient — « presque ». Les <i>Quelques rides</i> qui brouillaient la surface ont touché le rivage. L'on a senti, déjà, les effets premiers du vent. Ici, la surface semble être un miroir lisse, mais les remous de l'eau troublent les profondeurs. Le bleu qui ne change jamais, ce n'est pas la mer, pense Yasen.</div>
<div style="text-align: justify;">
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Impressions, réminiscences. On sent, sans savoir expliciter la sensation. L'attention entre deux eaux, les détails qui semblent familiers, entre perception et mémoire. Souvent, les personnages confondent les visages, les souvenirs, les jours. Nous aussi. C'est à croire que le présent anéantit le temps qui devient celui, aboli, des rêves ou de l'imaginaire. Retranscription de plusieurs bandes en simultané : le sens survient hors de la logique de l'espace et du temps, dans les regards, les mouvements, les écarts. Car alors que point l'événement pressenti, chacun agit et se déplace. Yasen, Losange, Thomas, l'Aveuglé, Levant & Tabulo, Orque-Anne, Danvé. Des pions qui glissent. Qui traînent aux Soifs. Passent du Port aux Rouges. Evitent les Surfaces. Esquissent une danse, dans un territoire universel et unique, à la fois individuel, intérieur et commun composé de tableaux aux éléments mouvants — docks, rades, mangrove, épaves. Au loin, le Lion, Rockall, Tampa ; au bout, les calmes. Un peu au-dessus du réel, le pont-promenade silencieux du <i>Sans-Voix </i>danse légèrement, immobile dans le mouvement.<i> </i><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-0QsYFxgpEgw/V-Fbtate91I/AAAAAAAABX4/znROCtlehNgSrHMw3cXU2vy3auVGL9EVgCLcB/s1600/Le%2BBal%2Bdes%2BArdents%252C%2BFabien%2BClouette%252C%2B%25C3%25A9ditions%2Bde%2Bl%2527Ogre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="358" src="https://2.bp.blogspot.com/-0QsYFxgpEgw/V-Fbtate91I/AAAAAAAABX4/znROCtlehNgSrHMw3cXU2vy3auVGL9EVgCLcB/s640/Le%2BBal%2Bdes%2BArdents%252C%2BFabien%2BClouette%252C%2B%25C3%25A9ditions%2Bde%2Bl%2527Ogre.jpg" width="640" /></a></div>
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<i>Le Bal des ardents</i> imagine. <i>Invente tout</i>. Mêle l'historique et la fiction, l'étrange et le familier, l'archétype et l'improbable. La rumeur de la mort du roi, l'avancée de ses troupes vers le Port et un carnaval, un couronnement factice de rois successifs dans la poix, les plumes, le crin et le rythme des tambours. Voix et corps dissociés, demi-corps momifié, cheveux qui ne brûlent pas. Du sang de mûres, des tranches de forêt, des méduses dont les plumes chantent comme les réverbères. « Des fractions, des aveuglements, des souffles — comme si on avait mangé les lits des petits ruisseaux, mais que rien n'était renversé. » Fabien Clouette donne l'impression d'écrire avec une apparente facilité, avec souplesse et fluidité, et pourtant son livre est d'une complexité étonnante et déroutante. Impossible de lire <i>Le Bal des ardents</i> sans être perturbé, sans remettre en question ce que l'on pensait connaître de la littérature et de la narration, sans <i>changer ses appuis</i>. Il faut entrer dans la danse, être fous nous-mêmes, plonger et nous brûler, accepter le jeu auquel l'auteur nous convie, saisir au vol l'absence de règles et de repères connus. Apprendre à créer et poursuivre la beauté des métaphores folles et l'immense poésie des images. Ne pas nous contenter de lire, mais imaginer, nous aussi, tout. Être éblouis, et nous rejoindre dans la submersion, dans l'espace ouvert qui nous est offert.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
« <i>Ça n'a duré qu'une seconde, mais les bruits puis le silence. Les visages comme des lames qui s'avancent et qui foncent dans les rapides. Tout ça qui tente de passer à droite, sous soi, puis qui se ravise et double à gauche. Et tous les lycéens qui se lèvent, et qui se collent aux vitres pour taper et appeler les coureurs ; l'embardée lente du car à côté des fuites. Et puis les corps et les phares qui disparaissent au fond, sans jamais s'éteindre vraiment avant de tourner au bord des Rouges, sur l'horizon. On devait aussi garder toutes ces images. Toutes les images qui tapent aux fenêtres et aux portes et qui veulent rentrer. Les éclis qui viennent s'abattre sur le viseur, la glace, sur les lunettes. Tous ceux qui n'attendent que de s'engouffrer. Observer les mauvais pas, les valses en temps perdus. Des échos.</i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote>
<i>Mais à la remontée de ce corps gonflé et vieux, les images de visages et de fumée bleues qui s'éteignent sur les phares sont des souvenirs qui percent plus qu'ils ne rebondissent. Tout ça pour dire qu'il y a la remontée, et que les routes presque vides où on peut courir et marcher sont toujours là, en horizon facile, dans les souvenirs de jetée, de travail et de gel, comme dans les vrais tableaux qui montrent les arbres et les dormeurs du dimanche, comme des noyés, flotter au bord des plans, les parcours, les répétitions et la vitesse.</i> » </blockquote>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5N5KC15EA8_xxDyGbj9S6AI7j8TI1UAop8MTohb38LzQu7qx7Xvp6blos-Mng1Sz3HU7fq2X2rudeingOMPTDORK9vBhRSrdlCv5lRqneHNZBO_j-m9Rg5He1O_h8ZMl29MU6Wr_vo7A/s1600/Le+Bal+des+Ardents%252C+Fabien+Clouette%252C+%25C3%25A9ditions+de+l%2527Ogre+-+couv.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le Bal des ardents, Fabien Clouette, éditions de l'Ogre - couv" border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5N5KC15EA8_xxDyGbj9S6AI7j8TI1UAop8MTohb38LzQu7qx7Xvp6blos-Mng1Sz3HU7fq2X2rudeingOMPTDORK9vBhRSrdlCv5lRqneHNZBO_j-m9Rg5He1O_h8ZMl29MU6Wr_vo7A/s320/Le+Bal+des+Ardents%252C+Fabien+Clouette%252C+%25C3%25A9ditions+de+l%2527Ogre+-+couv.jpg" title="Le Bal des ardents, Fabien Clouette, éditions de l'Ogre - couv" width="242" /></a></div>
<h4>
<i>Le Bal des ardents</i>, Fabien Clouette. </h4>
<h4>
Editions de l'Ogre, 2016.</h4>
<h3>
Lire aussi :</h3>
<br />
<a href="https://diacritik.com/2016/09/20/la-diagonale-de-lecriture-le-bal-des-ardents-fabien-clouette/" target="_blank"><i>La diagonale de l’écriture (« Le bal des ardents », Fabien Clouette)</i></a>, de Jean-Philippe Cazier sur Diacritik.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<a href="http://remue.net/spip.php?article8409" target="_blank"><i>« On a lu une impression comme certains savent boire des courants d’air. »</i></a>, de Thomas Giraud sur remue.net.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<a href="http://bookalicious.fr/rentree-litteraire-2016-fabien-clouette-bal-ardents/" target="_blank"><i>[Rentrée littéraire 2016] Fabien Clouette : Le Bal des ardents</i></a>, de Tara Lennart sur Bookalicious (interview).<br />
<br />
<br />Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-48939705116883769482016-07-28T13:32:00.000+02:002016-10-26T01:05:29.859+02:00Revue : juin et juillet.Pour cette revue des mois de juin et juillet, trois chroniques publiées sur le webzine <a href="http://undernierlivre.net/" target="_blank">Un dernier livre avant la fin du monde</a> et deux coups de coeurs dans la liste des<i> livres qui feront votre été </i>d'<a href="http://addict-culture.com/" target="_blank">Addict-Culture</a>. <br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-gi2ElA-5wZ4/WA_bhg_N4XI/AAAAAAAABaU/71grounfvqAyt_KMrXDQCshhYaAERbLqQCLcB/s1600/livres%2Bvenise.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Librairie Acqua Alta - Venise - Lou Darsan" border="0" height="360" src="https://4.bp.blogspot.com/-gi2ElA-5wZ4/WA_bhg_N4XI/AAAAAAAABaU/71grounfvqAyt_KMrXDQCshhYaAERbLqQCLcB/s640/livres%2Bvenise.JPG" title="Librairie Acqua Alta - Venise - Lou Darsan" width="640" /></a></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-r88IUEsxLX8/WA_c9nt8gZI/AAAAAAAABag/a-YDZRZodo4F4aDfPorZ4HI6TWt0F64oACLcB/s1600/Buenos_Aires_noir_Asphalte.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Buenos Aires Noir, anthologie. Editions Asphalte, 2016." border="0" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-r88IUEsxLX8/WA_c9nt8gZI/AAAAAAAABag/a-YDZRZodo4F4aDfPorZ4HI6TWt0F64oACLcB/s320/Buenos_Aires_noir_Asphalte.jpg" title="Buenos Aires Noir, anthologie. Editions Asphalte, 2016." width="232" /></a></div>
<h2>
<i>Buenos Aires noir, anthologie.</i></h2>
<h3 style="text-align: justify;">
<i>Un dernier livre avant la fin du monde</i>, 20 juin. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Une anthologie qui était attendue dans la collection « Asphalte Noir » ! L’anthologie est ici présentée par Ernesto Mallo, figure incontournable de la littérature noire argentine, traduit et publié aux éditions Rivages, et contient 14 nouvelles. Si certaines nouvelles pourront êtres oubliées, d’autres sont excellentes et marqueront les esprits, à l’instar de <i>Trois pièces dans un patio</i> d’Elsa Osorio, <i>Orange ,c’est joli comme couleur</i> de Verónica Abdala, <i>L’homme qui se tait</i> d’Inés Fernández Moreno, et <i>Onzième étage</i> de Gabriela Cabezón Cámara. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/buenos-aires-noir-asphalte/">http://www.undernierlivre.net/buenos-aires-noir-asphalte/</a></div>
<h4 style="text-align: justify;">
<i>Buenos Aires Noir</i>, anthologie présentée par Ernesto Mallo. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Olivier Hamilton et Hélène Serrano.<i> </i>Editions Asphalte, 2016.</h4>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-mn8YJCsNT_E/WA_ey-m05AI/AAAAAAAABas/50qXUUi9UlU4Auoa4g_edy4CM7sXWR4qACLcB/s1600/En-proc%25C3%25A8s-collectif-Inculte-600x814.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="En procès, collectif Inculte. Préface d’Arno Bertina et Mathieu Larnaudie. Editions Inculte. Avril 2016." border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-mn8YJCsNT_E/WA_ey-m05AI/AAAAAAAABas/50qXUUi9UlU4Auoa4g_edy4CM7sXWR4qACLcB/s320/En-proc%25C3%25A8s-collectif-Inculte-600x814.jpg" title="En procès, collectif Inculte. Préface d’Arno Bertina et Mathieu Larnaudie. Editions Inculte. Avril 2016." width="235" /></a></div>
<h2>
<i>En procès (Une histoire du XXe siècle)</i><b>,</b> Collectif Inculte</h2>
<h3 style="text-align: justify;">
<i>Un dernier livre avant la fin du monde</i>, 24 juin. </h3>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b>Ouvrage collectif, <i>En procès</i> propose à travers le récit de vingt procès historiques ou anecdotiques qui l’ont jalonné une lecture du XXe siècle. Au-delà du choix judicieux des différents procès, présentés par ordre chronologique, le regard porté par chaque auteur sur l’épisode juridique qu’il rapporte, commente ou reconstruit dans le récit éclaire ou perturbe notre perception de l’événement. La somme de ces vingt mises en perspectives trace un pointillé original et passionnant à travers le XXe siècle et offre à voir l’Histoire différemment.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique : <a href="http://www.undernierlivre.net/en-proces-collectif-inculte/">http://www.undernierlivre.net/en-proces-collectif-inculte/</a></div>
<h4>
<i>En procès</i>, collectif Inculte. Préface d’Arno Bertina et Mathieu Larnaudie. Editions Inculte. Avril 2016.</h4>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-4lAjllzBXVw/WA_gJxtQEmI/AAAAAAAABa4/nion2yI0SLkqtl0pZoUpg_GumCwKb6MowCLcB/s1600/Le_Gaffeur_Jean_Malaquais_LEchappee_miniature.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Le Gaffeur, Jean Malaquais. Coll. « Lampe-tempête », éditions L’Echappée, 2016." border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-4lAjllzBXVw/WA_gJxtQEmI/AAAAAAAABa4/nion2yI0SLkqtl0pZoUpg_GumCwKb6MowCLcB/s320/Le_Gaffeur_Jean_Malaquais_LEchappee_miniature.jpg" title="Le Gaffeur, Jean Malaquais. Coll. « Lampe-tempête », éditions L’Echappée, 2016." width="225" /></a></div>
<h2>
<i>Le Gaffeur</i>, de Jean Malaquais. </h2>
<h3 style="text-align: justify;">
<i>Un dernier livre avant la fin du monde</i>, 07 juillet.</h3>
<div style="text-align: justify;">
Un livre résolument enthousiasmant, un cri de liberté et d’émancipation poussé en 1953 qui resurgit aujourd’hui et que je vous encourage tous à lire. Jean Malaquais est l’un de ces auteurs que l’on a plaisir à (re)découvrir grâce au formidable travail de réédition qu’opèrent certains éditeurs constamment en quête de textes oubliés, épuisés, peu ou pas assez diffusés, méconnus. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lire la critique: <a href="http://www.undernierlivre.net/gaffeur-jean-malaquais/">http://www.undernierlivre.net/gaffeur-jean-malaquais/</a> </div>
<h4>
<i>Le Gaffeur</i>, Jean Malaquais. Coll. « Lampe-tempête », éditions L’Echappée, 2016.</h4>
<br />
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgZRhscRAO1K9ZpAhM6QhrgBW8C3ZrNXxWrhSoCecBUd7-oPKs59fFCb34KhxaDxZYrnbA3pFjWGjaVPH4IWKdW348IdyssnufgSNgRmvdUk7cYeZzUDd_4VBZJKu6v9caQjWK2OBtTZ8/s1600/Lumikko-Pasi-Ilmari-Jaaskelainen.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Lumikko, de Pasi Ilmari Jääskeläinen. Editions de l’Ogre, 2016." border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgZRhscRAO1K9ZpAhM6QhrgBW8C3ZrNXxWrhSoCecBUd7-oPKs59fFCb34KhxaDxZYrnbA3pFjWGjaVPH4IWKdW348IdyssnufgSNgRmvdUk7cYeZzUDd_4VBZJKu6v9caQjWK2OBtTZ8/s320/Lumikko-Pasi-Ilmari-Jaaskelainen.jpg" title="Lumikko, de Pasi Ilmari Jääskeläinen. Editions de l’Ogre, 2016." width="241" /></a></div>
<h2>
<i>Lumikko</i>, de Pasi Ilmari Jääskeläinen</h2>
<h3>
« Les livres qui feront votre été », <i>Addict-Culture</i>, 05 juillet. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Entre thriller, fantastique, roman psychologique et conte finnois, Lumikko est aussi une réflexion aussi fine qu’humoristique sur l’inspiration littéraire, les ressorts de l’imagination et la figure de l’écrivain. Pasi Ilmari Jääskeläinen déploie avec talent une savoureuse et parfois troublante palette de registres, joue avec nos nerfs et crée un suspens tel que j’ai dévoré son livre en une seule bouchée, ogresque.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Lire le coup de cœur complet : <a href="http://addict-culture.com/les-livres-qui-feront-votre-ete/">http://addict-culture.com/les-livres-qui-feront-votre-ete/</a></div>
<h4>
Lumikko, de Pasi Ilmari Jääskeläinen<b>. </b>Traduit du finnois par Martin Carayol. Editions de l’Ogre, 2016.</h4>
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<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-DfVCxLvcStY/WA_ixxOPoYI/AAAAAAAABbM/GPif4a9r8BwIQpoJ4yolEZ6gsGSL59etwCLcB/s1600/Madeleine%2BProject%252C%2BClara%2BBeaudoux%252C%2BSous-sol.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Madeleine Project, de Clara Beaudoux. Editions du Sous-sol, 2016." border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-DfVCxLvcStY/WA_ixxOPoYI/AAAAAAAABbM/GPif4a9r8BwIQpoJ4yolEZ6gsGSL59etwCLcB/s320/Madeleine%2BProject%252C%2BClara%2BBeaudoux%252C%2BSous-sol.jpg" title="Madeleine Project, de Clara Beaudoux. Editions du Sous-sol, 2016." width="213" /></a></div>
<h2>
<i>Madeleine Project</i>, de Clara Beaudoux</h2>
<h3>
« Les livres qui feront votre été »,<i> Addict-Culture</i>, 05 juillet. </h3>
<div style="text-align: justify;">
Fin 2015, Clara Beaudoux émeut Twitter avec le hashtag #MadeleineProject. Lorsque la journaliste aménage dans un petit appartement parisien vide et découvre que la cave est toujours pleine des affaires de l’ancienne propriétaire décédée depuis peu, elle décide de publier l’histoire de Madeleine, ou plutôt de sa découverte de Madeleine, en live. Le livre présente l’intégralité des tweets en l’état, des photos aux liens html ou aux hashtags. Une matérialisation du web, comme en écho à cette cave figée hors du temps. </div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Lire le coup de cœur complet : <a href="http://addict-culture.com/les-livres-qui-feront-votre-ete/">http://addict-culture.com/les-livres-qui-feront-votre-ete/</a></div>
<h4>
<i>Madeleine Project</i>, de Clara Beaudoux<b>.</b> Editions d<b>u Sous-sol</b>, 2016.</h4>
<h4>
</h4>
Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6961706537040707399.post-8090512216675219192016-07-09T10:00:00.000+02:002017-02-22T21:04:26.059+01:00Starhawk : la lutte est belle !<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: #0c343d;"><br />
« Dédicacé à celles et ceux qui partout s'insurgent, provoquent des troubles, provoquent la paix, jardinent et combattent les incendies. », Starhawk. </span></blockquote>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-yzMC9MJ1HH0/V4AkOcZsTJI/AAAAAAAABV8/8sNsjdwc41UnJko0exl8tmNlOtqMPR29gCLcB/s1600/chroniques-altermondialistes-starhawk-cambourakis.gif" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Chroniques altermondialistes, Starhawk, éditions Cambourakis" border="0" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-yzMC9MJ1HH0/V4AkOcZsTJI/AAAAAAAABV8/8sNsjdwc41UnJko0exl8tmNlOtqMPR29gCLcB/s640/chroniques-altermondialistes-starhawk-cambourakis.gif" title="Chroniques altermondialistes, Starhawk, éditions Cambourakis" width="435" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Seattle, 1999, sommet de l'OMC. Washington, 2000, réunion du FMI et de la Banque Mondiale. Prague, 2000, réunion du FMI et de la Banque Mondiale. Brésil, 2001, Forum Social Mondial de Porto Alegre. Québec, 2001, sommet pour la Zone de libre-échange des Amériques. Gênes, 2001, réunion du G8. Manifestations. Batucadas, barricades, couleurs, slogans, blocage des sommets — « La rue elle est à qui ? Elle est à nous ! » Lacrymo, police montée, flics antiémeute, flashballs, répression. L'énergie de la colère du peuple face « l'incroyable activité destructrice et l'injustice du système » et de toutes formes d'oppressions. Le mouvement mondial pour la justice globale qui émerge entre 1999 et 2001 et prend d'emblée la claque du 11 septembre : « comment remettre en cause la politique économique globale quand “capitalisme” et “liberté” sont présentés comme synonymes dans les médias et vus par le public comme les innocentes victimes du terrorisme », comment lutter quand la menace terroriste sert de prétexte au durcissement de la répression étatique ?</div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirSkG9ArwXP5HKFwu63w_EqvGAI5Q2GJr_xRhtQ5Be5hMkjYU5v42f_NoafwrKwL9QaDUAKjFs0U1GVKT2EB1TAisK51qKzWapL9W3ykjG3IbnbRvPDBhnbJMJ9ZsvtmlxipRhnFz0tys/s1600/nos+joies+sont+ingouvernables.jpg" imageanchor="1"><img alt="Nos joies sont ingouvernables - Loi Travail slogan graff" border="0" height="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirSkG9ArwXP5HKFwu63w_EqvGAI5Q2GJr_xRhtQ5Be5hMkjYU5v42f_NoafwrKwL9QaDUAKjFs0U1GVKT2EB1TAisK51qKzWapL9W3ykjG3IbnbRvPDBhnbJMJ9ZsvtmlxipRhnFz0tys/s640/nos+joies+sont+ingouvernables.jpg" title="Nos joies sont ingouvernables - Loi Travail slogan graff" width="640" /></a></div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">« Mais plus que tout, nous devons clarifier notre vision du monde que nous voulons créer afin d'être en mesure de mobiliser les espoirs et les désirs des personnes autant que leur colère. Et nous devons être créatif·ve·s, visionnaires, sauvages, sexy, bigarré·e·s, drôles et joyeux.ses face à la violence dirigée contre nous. »</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Anarchiste, féministe, écologiste, sorcière néo-païenne, Starhawk milite et manifeste depuis les années 1960. Elle est à l'origine de la création de nombreux <i>covens</i>, forme des militants à l'action directe non violente partout dans le monde, écrit et appelle chacun à tisser un monde d'une étoffe nouvelle. <i>Rêver l’obscur - Femmes, magie et politique</i>, premier volume de la collection « Sorcières » revenait sur sa lutte antimilitariste et antinucléaire des années 1970-1980 et l'importance des rituels et de l'<i>empowerment</i>, <i>Chroniques altermondialistes</i> réunit une trentaine de textes de Starhawk écrits entre les manifestations de Seattle et les jeunes lendemains du 11 septembre. Récits sur le vif de manifestations écrits après la mêlée ou même pendant, retour sur des formations dispensées en Europe et Amérique du Sud, outils et stratégies pour l'action, réflexions sur la lutte, propositions pour dépasser la dichotomie entre violence et non-violence qui déchire le mouvement... Starhawk mêle ses retours d'expérience, sa sensibilité, sa pensée politique, sa conception de la lutte et sa spiritualité avec une énergie vive et contagieuse.<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-1qfZVDSsnHU/V4ApL_UiEeI/AAAAAAAABWc/UC_jtuHXnA0W9bEXWartp5ImW9qrdClEQCLcB/s1600/nos%2Bd%25C3%25A9sirs%2Bfont%2Bd%25C3%25A9sordre%2Bfran%25C3%25A7ois%2Bcharbonnier.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Nos désirs font désordre, François Charbonnier." border="0" height="424" src="https://1.bp.blogspot.com/-1qfZVDSsnHU/V4ApL_UiEeI/AAAAAAAABWc/UC_jtuHXnA0W9bEXWartp5ImW9qrdClEQCLcB/s640/nos%2Bd%25C3%25A9sirs%2Bfont%2Bd%25C3%25A9sordre%2Bfran%25C3%25A7ois%2Bcharbonnier.jpg" title="Nos désirs font désordre, François Charbonnier." width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Crédit photo : François Charbonnier.</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">« Si casser une vitre et riposter lorsque les flics attaquent est de la “violence”, donnez-moi un autre mot, un mot mille fois plus fort, pour décrire des flics frappant des personnes qui ne résistent pas jusqu'à ce qu'elles tombent dans le coma. »</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">« Je suis là, j'ai fait de mon mieux pour inspirer et encourager d'autres personnes à être là avec moi parce que, aussi effrayée que je sois par les flics antiémeute et les balles de caoutchouc, je suis mille fois plus effrayée encore par ce qui arrivera si nous ne sommes pas là, si nous ne contestons pas cette réunion qui continue derrière ces murs. »</span></div>
</blockquote>
<br />
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
La publication de ces chroniques par « Sorcières » en mai n'est pas une coïncidence — impossible, évidemment, de ne pas faire le lien avec les mouvements actuels et la brutalité de la répression étatique qui a suivi les attentats du 13 novembre en France : répression des manifestations pour la justice climatique lors COP 21, répression encore (et accrue) de la lutte contre la loi Travaille ! et son monde, évacuation de la ZAD de Bure, menace d'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes... On retrouve dans la politique de l'état français le schéma de la répression policière détaillé par Starhawk et appliqué systématiquement chaque fois que la défense des intérêts du capitalisme entre en jeu : campagne de propagande médiatique de désinformation qui désigne toutes les manifestations précédentes comme violentes, surveillance des téléphones, mails et listes de diffusion des réseaux militants, contrôles préventifs (assignations à résidence, fermeture des frontières...), usage systématique de gaz lacrymogènes et de flashballs, arrestations à l'aveugle de manifestants pacifistes, utilisation de provocateurs, brutalité policières dans les commissariats et prisons, tentative de « neutralisation » des leaders... L'on mesure à la violence du déchaînement combien ceux qui « peuvent nous tabasser, nous gazer et nous mettre en prison dans une quasi-impunité » ont peur. Combien leurs supérieurs sont effrayés par la minorité agissante, qui pointe leurs agissements du doigt au grand jour.</div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-vfsj4o2E4Mo/V4An7ea1iEI/AAAAAAAABWM/rcBIbk8A49oKGCuSgyoEKARm9l2SbpgQgCLcB/s1600/nous%2Bsommes%2Bla%2Bnature%2Bqui%2Bse%2Bd%25C3%25A9fend.jpg" imageanchor="1"><img alt="Nous sommes la nature qui se défend, ZAD Notre-Dame-des-Landes" border="0" height="356" src="https://2.bp.blogspot.com/-vfsj4o2E4Mo/V4An7ea1iEI/AAAAAAAABWM/rcBIbk8A49oKGCuSgyoEKARm9l2SbpgQgCLcB/s640/nous%2Bsommes%2Bla%2Bnature%2Bqui%2Bse%2Bd%25C3%25A9fend.jpg" title="Nous sommes la nature qui se défend, ZAD Notre-Dame-des-Landes" width="640" /></a></div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">« Il faut de la place dans notre mouvement pour la rage, l'impatience, la ferveur militante, pour une attitude qui proclame : “Nous sommes des dur·e·s à cuire, nous sommes de la canaille, et nous allons démolir ce système.” Si nous nous coupons de cela, nous nous dévitalisons.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">Et nous avons besoin d'espace pour celles et ceux d'entre nous qui essaient d'explorer des formes de lutte qui échappent aux catégories. Nous avons besoin d'une créativité radicale, d'espace pour expérimenter, pour fabriquer un nouveau territoire, inventer de nouvelles tactiques, faire des erreurs. » </span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Exhortations : ne laissons pas la peur limiter nos rêves et nos actions, cultivons la désobéissance, occupons la rue, incarnons notre propre vision, soyons créatif·ve·s et radicaux. Le pacifisme intrinsèque de Starhawk ne condamne pas la colère provoquée par les agissements intolérables des instances de la finance mondiale, d’états ou de la police et de toutes les formes d'oppression et de domination, mais intègre plutôt la « lucidité radicale » des activistes qui pratiquent une lutte confrontationnelle. <i>Tisser la toile du soulèvement global</i> invite au respect des tactiques de chacun et imagine des « empowered direct actions » (« actions directes libérées ») fluides qui mettraient en jeu l'imagination, modifieraient la façon dont le pouvoir est structuré et nourriraient l'<i>empowerment</i> de chaque individu ou groupe, en faisant appel à la force de libération de la joie, du théâtre de rue, des déguisements, des batucadas, de tout ce qui est « exubérant, tendre et sauvage ». Tout en articulant les manifestations au niveau mondial et la lutte locale quotidienne. Starhawk appelle chacun à affiner sa vision du monde qu'il souhaite, à commencer par « poser des questions dangereuses » sur le coût réel des produits qu'il consomme, leur origine et leur impact humain et écologique. A remettre publiquement en cause la légitimité des institutions par les manifestations et les actions de désobéissance. A ne pas compter sur des démocraties corrompues, mais à agir. A « ne pas attendre la révolution, mais la vivre maintenant. » A puiser le courage dans le « tourbillon de forces » de celles et ceux qui luttent. A transmuter la rage en énergie. A être déterminé·e·s.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
« Quinze ans plus tard, on retrouve en France cette rencontre entre cultures activistes, à la fois confrontationnelle et créative, dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes », écrit Jade Lindgaard dans la préface « Désobéir en état d'urgence » qui ouvre le livre. La journaliste de Mediapart animera dimanche matin (10 juillet) le temps fort collectif des rencontres annuelles de la ZAD « Notre-Dame-des-Landes, laboratoire de démocratie ? ».<br />
Toutes les infos ici sur ce week-end de rencontre sont sur le site <a href="http://www.notredamedeslandes2016.org/" target="_blank">Notre-Dame-des-Landes 2016</a>. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et pour entamer l'été dans la beauté des luttes, deux extraits des C<i>hroniques altermondialistes</i> de Starhawk suivis d'un extrait d'un appel à faire Commune de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-8WBkkPOcWQk/V4AsCDlej8I/AAAAAAAABW0/CrRT3MvGSp4WWPYsP_DNo1QKu3U9oTumQCLcB/s1600/masque.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="Femme masquée, manifestation" border="0" height="424" src="https://3.bp.blogspot.com/-8WBkkPOcWQk/V4AsCDlej8I/AAAAAAAABW0/CrRT3MvGSp4WWPYsP_DNo1QKu3U9oTumQCLcB/s640/masque.jpg" title="Femme masquée, manifestation" width="640" /></a></div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<h3 style="text-align: justify;">
Afin que cela existe : instructions pour une initiation, Seattle 1999.</h3>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">« Cela commence avant que vous ne quittiez la maison avant l'aube, dans l'obscurité. Ôtez tous vos bijoux, tout ce que vous n'avez vraiment pas envie de perdre. Laissez derrière vous tout ce qui permettrait de vous identifier, oubliez votre nom. Prenez seulement ce qui vous aidera ou vous sera utile : ayez les poches pleines de pommes, de sandwichs, de chocolat, des ciseaux à ongles pour les menottes en plastique, un foulard imprégné de vinaigre contre le gaz lacrymogène.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">Longez les rues sombres jusqu'au lieu de rendez-vous. Brandissant les bannières qui ne vous ont pas encore été confisquées, commencez à marcher. Battez des tambours. Ils vous ont interdit de vous rassembler — votre défi est de leur désobéir.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">Allez aussi loin que possible avant que la police ne vous arrête. Votre défi maintenant est de marcher sans armes vers des lignes massives d'hommes connus pour leur violence, de faire face aux armes, aux bâtons, aux gaz lacrymogènes avec rien d'autre que votre corps et le pouvoir de votre esprit.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">Asseyez-vous. Tenez bon. Tenez-vous les unes aux autres tandis que la violence commence autour de vous, protégez-vous les unes les autres du mieux que vous le pouvez. Parlez aux policiers, continuez à leur parler alors que les bâtons frappent autour de vous, alors que vos amies sont traînées, jetées à terre, battures la figure écrasée contre le sol.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">Gardez l'esprit fixé sur la signification de ce que vous faites tandis que vos mains sont menottées derrière votre dos. Votre défi maintenant va être de vous souvenir, à chaque étape de ce qui vous arrive, que vous avez le choix : dire oui ou résister. Choisissez vos batailles avec soin — il y en aura beaucoup et vous ne pouvez les mener toutes. Pourtant, chaque exemple de résistance ralentit le système, contrecarre son fonctionnement, diminue son pouvoir.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #0c343d;">Prenez soin les unes des autres. Si vous vous êtes libérée de vos menottes, utilisez vos ciseaux pour libérer vos amies. Partagez la nourriture et l'eau que vous avez avant qu'on vous les confisque. […] Vous attendrez pendant très longtemps. Ils ne cesseront de vous dire que ce que vous voulez se trouve précisément là où ils veulent que vous alliez. Ne leur faites pas confiance. Armez-vous de patience — vous allez en avoir besoin. Acceptez la faim. Restez assise dans une cage avec vos sœurs — continuez à échanger vos récits, à chanter vos chansons. Maintenez l'épuisement à distance. […] Dans une cage, la porte fermée crée la seule distinction qui compte. Nous sommes toutes du même côté.</span></div>
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<span style="color: #0c343d;">[…] Pendant les jours qui viennent, votre défi sera de tenir. Continuez à parler, à chérir les amitiés que vous nouerez, la toile qui est tissée ici. Chérir la lumière qui pénètre dans une cage ; ici tous les rouages du pouvoir sont parfaitement apparents. Il n'y a plus de déguisement, le système ne prétend plus servir vos intérêts. Et lorsque vous sortirez de prison, vous verrez la prison là où elle se dissimule dans les galeries commerçantes, l'école ou le programme de télévision. Vous saurez qu'à tout moment vous avez vraiment le choix : dire oui, résister, créer quelque chose de nouveau.</span></div>
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<span style="color: #0c343d;">La nuit, dans le monde souterrain, gisant dans cette cellule étouffante, brûlante de fièvre, continuez à respirer. Utilisez votre magie. »</span></div>
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Le pont tremble à minuit : mon histoire à Québec.</h3>
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<span style="color: #0c343d;">« Sous l'autoroute, ils et elles jouent du tambour. Vêtu·e·s de noir. La tête couverte de la capuche de leur sweatshirt, ils et elles ramassent des bâtons et frappent les grilles, frappent les sculptures de métal qui ornent ce parc de sans-abri, frappent les piliers du viaduc qui relie les parties haute et basse de la ville de Québec. La plupart sont jeunes. Colère et jubilation à la fois, ils et elles dansent dans la nuit après deux jours sur les barricades. Les flics en surplomb envoient des décharges de gaz lacrymogène. Les volutes de gaz forment des nuages qui dérivent à la manière d'une brume fantôme d'une beauté mystérieuse, mais les danseurs et danseuses continuent à danser. Le son et le rythme s'amplifient toujours plus, un rugissement qui retentit dans toute la ville, plus puissant que vous ne pouvez l'imaginer, assez puissant, semble-t-il pour faire s'écrouler l'ordre ancien. C'est comme le mugissement des rapides lorsque vous approchez de la chute d'eau sans la voir. Comme le battement énorme du cœur de quelque chose qui est en train de naître. Une bête brute qui va vers Bethléem, sans traîner la patte, mais à grands pas, fière et solidaire.</span></div>
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<span style="color: #0c343d;">Un carnaval, une danse, une bataille. Images de guerre : les nuages de gaz lacrymogène, le jet du canon à eau, l'éclat des gaz explosifs et, oui, les cailloux, les briques et les bouteilles. Personne n'est venu·e là en s'attendant à une lutte sans risque et pacifique. Tou·te·s celles et ceux qui sont là ont surmonté leur peur et doivent continuer à le faire, d'instant en instant. »</span></div>
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<i>Chroniques altermondialistes — </i><i>T</i><i>isser la toile du soulèvement global</i>. Starhawk.</h4>
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Collection « Sorcières », éditions Cambourakis, 2016. 240 pages.</h4>
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Traduit de l’anglais [États-Unis] par Isabelle Stengers, Édith Rubinstein et Alix Grzybowski </h4>
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Rencontres sur la Commune 31 mai - 4 juin 2016, sur la ZAD, Notre-Dame-des-Landes </h3>
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<a href="https://2.bp.blogspot.com/-jOmAkHlDFm4/V4Aqbuk3v-I/AAAAAAAABWo/sInw3m6xS-wKs7PbUr5smIrAmNxlQ5r-gCLcB/s1600/la%2Br%25C3%25A9sistance%2Bdes%2Bcarottes.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="La résistance des carottes, ZAD de Notre-Dame-des-Landes" border="0" height="360" src="https://2.bp.blogspot.com/-jOmAkHlDFm4/V4Aqbuk3v-I/AAAAAAAABWo/sInw3m6xS-wKs7PbUr5smIrAmNxlQ5r-gCLcB/s640/la%2Br%25C3%25A9sistance%2Bdes%2Bcarottes.jpg" title="La résistance des carottes, ZAD de Notre-Dame-des-Landes" width="640" /></a></div>
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<span style="color: #0c343d;">« Dans notre quête de mondes enfin habitables, nous avons pris des lieux, par des occupations sauvages, urbaines comme rurales, par des achats collectifs ou autres stratagèmes juridiques. Nous nous sommes ancrés dans des quartiers, des villages, des territoires. Nous nous sommes inscrits dans une temporalité qui n’a plus grand-chose à voir avec les surgissements éphémères des mouvements sociaux, mais qui en constitue tout de même une forme de prolongement. Dans ces lieux, nous avons mis en commun des bâtiments, des ateliers, des outils, des terres, des savoirs-faire, des rêves, des pans entiers de nos vies. Nous avons repris en main les conditions matérielles et spirituelles de nos existences. Nous y vivons, bataillons, festoyons, complotons, tissons des amitiés et des solidarités indéfectibles au-delà du cercle affinitaire de la bande, du milieu ou de la communauté d’intention, mais à l’échelle d’un territoire et de ses habitants. Nous y esquissons des nouvelles formes de communalité, au fil des fêtes, des chantiers collectifs et des confrontations avec les autorités.</span></div>
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<span style="color: #0c343d;">Il y a partout des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui ont dessiné des pôles de sécession et de désertion dans et contre la société. Des lieux qui sont des sortes de contre-emplacements, des lieux qui sont tout l’inverse d’une utopie en ce qu’ils existent réellement, avec leurs points de forces et leurs fragilités, leurs dépassements et leurs contradictions. Des lieux qui peuvent être rejoints. C’est depuis ces lieux que se réinventent mille manières de faire Commune aujourd’hui. Et quand un mouvement social resurgit, c’est depuis l’assise que nous confère cet ancrage que nous y prenons part.</span></div>
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<span style="color: #0c343d;">Nous le savons, détruire est indispensable et exaltant, mais ne suffira pas. Il nous faut, dans un même geste, construire. On voit par là combien il serait absurde de prêter aux multiples tentatives de faire commune un sens uniquement destructeur ou constructeur alors qu’elles surgissent précisément là où la construction et la destruction cessent de pouvoir être brandies l’une contre l’autre. Tout porte à croire qu’il existe certains foyers de résistance où l’offensive et l’alternative, l’individu et le collectif, le singulier et le commun cessent d’être vécus contradictoirement. »</span><br />
(Allez donc lire le texte dans son intégralité sur <a href="https://lundi.am/Rencontres-sur-la-Commune-31-mai-4-juin-2016-sur-la-ZAD-Notre-Dame-des-Landes" target="_blank">Lundi Matin</a> !) </div>
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<span style="color: #0c343d; font-size: large;"> BON ETE !</span></h2>
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Lou Darsanhttp://www.blogger.com/profile/13630345912062218833noreply@blogger.com0